AGDE – L’ancien combattant Paul Alric s’en est allé
Toujours présent lors des cérémonies patriotiques qui se déroulent sur Agde, notamment celle du débarquement en Provence, le 15 août, où son discours était toujours un moment émouvant et très attendu, Paul Alric était une véritable personnalité du monde combattant agathois. Il s’est éteint à l’ âge de 101 ans.
Pour son courage et ses faits d’armes durant la Seconde Guerre Mondiale, il avait reçu plusieurs distinctions parmi lesquelles la médaille militaire, la Croix du Combattant, la Reconnaissance de la Nation pour services rendus ou encore la Croix de la Légion d’Honneur.
Un enfant du pays
Né le 5 novembre 1921 à Agde, rue de la République, Paul Alric a effectué sa scolarité sur Agde tantôt en école privée religieuse, tantôt en école laïque.
En 1935, il commence à travailler en tant que laboureur à Maraval, pour le régisseur, M. Valette.
En 1938, alors âgé de 16 ans, il part rejoindre son père qui s’est installé au Maroc, alors protectorat français. Paul travaille désormais pour Pierre Lautrec sur un domaine de 270 ha. Il sera stagiaire agricole durant 4 ans.
En 1942, il est appelé aux chantiers Jeunesse du «Camp Bouleau», entre Rabat et Casablanca, dans un peloton où il devient chef d’équipe et dont il est libéré en octobre.
Une carrière militaire exemplaire
Un mois plus tard, les Anglo-Américains libèrent le Nord de l’Afrique. Paul Alric est appelé à nouveau sous les armes du drapeau français («une armée alors sans armes»). Ayant le permis poids lourd, il est chargé du transport entre Casablanca (au Maroc) et la frontière avec l’Algérie Française, à Ouïda, de tout le matériel roulant de l’armée américaine. Au début de l’année 1943, il reçoit son affectation au 2ème escadron des 1ers cuirassiers (un groupe de 17 chars) à Aim-Sibara et s’entraîne sur les fameux chars Sherman.
Le 13 septembre 1944, il embarque à Mers el Kebir, pour débarquer à Saint-Raphaël (à côté de Toulon) le 21 septembre, lors de la deuxième vague du débarquement, qui libèrera le sud de la France. Il remonte ensuite jusqu’en Franche-Comté où il est blessé lors de simples manœuvres.
Paul Alric ne rejoindra son escadron qu’en février 1945, au Sud de Strasbourg, avant de passer le Rhin et de pousser jusqu’à Stuttgart (au Sud de l’Allemagne), puis en direction du lac de Constance (à la frontière suisse et autrichienne).
Il restera en Allemagne jusqu’à la démobilisation le 1er octobre 1945.
Il se marie avec Eléonore, qui décédera d’un cancer quelques années plus tard, le laissant avec deux enfants, Freddy, né en 1947 et Jean-Pierre, né en 1949.
Paul Alric retourne ensuite à Meknès en tant que conducteur de travaux pour le service de l’habitat du Royaume du Maroc.
C’est par une petite annonce dans «Ici Paris» qu’il fait la connaissance de Renée. Il correspondra longtemps avec elle avant qu’ils ne se marient en 1959. Elle est infirmière à l’hôpital de Meknès pour le compte des Hôpitaux de Paris. De leur union, naîtra Christian en 1961.
En 1965, la pression de plus en plus forte exercée sur les Français suite à l’indépendance du Maroc les force à revenir en métropole, plus exactement en région parisienne où Paul devient chef de chantier, conducteur de travaux puis chef du matériel.
1979 sonne l’heure de la pré-retraite, mais le retour à Agde ne sera effectif qu’en 1987. Entre temps, Paul a acheté des terrains agricoles dans la ville de son enfance, sur lesquels il construira un cabanon, qui s’agrandira au fil des années.
La retraite sera l’occasion de voyager : un tour d’Europe du Sud passant par l’Italie, la Yougoslavie, la Grèce, et la Turquie, puis le Japon, la Chine, le Mexique, le Guatemala et le Canada en moto neige en hiver, à 80 ans.
Parallèlement, Paul Alric intègre, en tant que trésorier, l’UNC, seule association patriotique du département à l’époque. A la suite du décès, en 2004, du Président, Pierre Lattes, Paul Alric prend la direction de l’association. Affaibli par l’âge, il a solennellement annoncé qu’il quittait cette fonction en 2017 tout en affirmant qu’il continuerait à être présent lors des cérémonies patriotiques «tant que j’en aurais la force».
De multiples médailles
Pour son courage et ses faits d’armes durant la seconde Guerre Mondiale, Paul Alric a reçu plusieurs médailles :
• la médaille militaire
• la Croix de Guerre
• la Croix du combattant
• la médaille Inter Alliés 39-45
• la Reconnaissance de la nation pour services rendus
• la médaille commémorative 39-45
• la médaille des blessés.
• et la dernière en date, le 15 août 2015, la Croix de la Légion d’Honneur
La rédaction d’hérault-tribune adresse toutes ses condoléances à sa famille et à ses proches.