Agde - L'écoloclaste* ... par Antoine Allemand
La dernière cérémonie des vœux a été une nouvelle occasion pour le maire d'Agde…
La dernière cérémonie des vœux a été une nouvelle occasion pour le maire d’Agde de présenter pour la énième fois ses mêmes projets pour la ville.
Si, aujourd’hui, on n’aperçoit pas l’ombre d’une réalisation, il semble bien, vu le planning annoncé des travaux à venir, qu’il ait décidé de mettre les bouchées doubles durant l’année à venir… manière de justifier le maintien pendant six ans d’un niveau de fiscalité élevé.
La hausse de 20 % votée en 2001 qui, sur un exercice, était nécessaire à la remise à niveau des finances locales, constitue par la suite un racket fiscal dans la mesure où elle ne s’est pas accompagnée d’investissements structurants conséquents.
Voici donc aujourd’hui notre maire qui revient avec deux projets qui devraient combler d’aise les populations, tant les besoins en équipements sportifs et éducatifs sont manifestes. Cela parait l’autoriser à faire n’importe quoi et à réaliser ses fantasmes envers et contre tous (autorités de tutelle comprises, à commencer par le Préfet).
Le projet le plus consensuel est sans contexte celui de la construction d’un nouveau groupe scolaire.
Fort du constat de besoins sur le Grau et le Cap, mais en ignorant, volontairement, ceux générés par le développement des Cayrets (5 à 6000 résidents), notre maire décide d’implanter cette école sur le site de l’ancien Radar.
Ainsi, pour accéder à ce groupe scolaire, les élèves (et leur famille accompagnatrice) vont devoir se déplacer depuis le Grau , le Cap mais aussi les Cayrets, à travers des routes improbables et, aujourd’hui totalement défoncées.
Il est difficile d’admettre qu’un établissement scolaire, (hormis un campus universitaire avec des étudiants autonomes), ne soit pas édifié sur les lieux où se font sentir les besoins les plus évidents.
De deux choses l’une :
– Soit le maire, en édifiant ce groupe scolaire en « rase campagne », anticipe sur une future modification du POS autorisant les constructions sur cette zone (ce qui ne résout pas pour autant le problème des déplacements des élèves « étrangers » à la zone)
– Soit, et c’est plus probable, l’édification d’un groupe scolaire à cet endroit, a été l’alibi pour obtenir les autorisations nécessaires, modifier de façon plus ou moins consensuelle le POS et réduire la zone de protection du patrimoine paysager pour y édifier aussi ce qui devrait constituer le grand œuvre de son mandat : SON centre aquatique.
Le centre aquatique des Champs Blancs devrait répondre à une double nécessité : celle de remplacer la piscine « tournesol » devenue obsolète et dangereuse et celle de répondre à des besoins croissants en terme d’utilisation.
Or le projet présenté n’offre pas plus de possibilités que la piscine existante (bassin principal de mêmes dimensions), mais il a des velléités à accueillir, au-delà de la population et des scolaires agathois, les scolaires des communes « localisées à 15 minutes », « les estivants qui ne seraient pas satisfaits par l’offre d’Aqualand » et, c’est nouveau, « les occupants des campings voisins ».
Donc voilà un projet qui, a priori, ne répond pas aux besoins qu’il est censé satisfaire, mais qui cerise sur le gâteau, va coûter une petite fortune.
Il s’agit en fait d’un complexe esthétiquement intéressant (encore que tous les goûts soient dans la nature) mais élevé (à 18 mètres de haut) dans un site qu’il va totalement défigurer et ce pour un coût exorbitant.
Le projet chiffré à 8 054 000 € HT en 2004, avant la pose de la première pierre, a déjà été réévalué à 9 724 600 € HT (soit plus de 20 % d’augmentation en 2 ans). Encore ce chiffre de près de 12 millions d’€ TTC ne comprend-il que le bâtiment lui-même et pas son environnement.
Pour mémoire, rappelons que ce projet « communautaire » est financé par la communauté d’agglomération Hérault Méditerranée à hauteur de 50 % seulement.
La ville d’Agde (et cela a été, entre autres, une des clauses du ralliement au projet des élus des autres communes), intervient, elle, pour les 50 % restants (plus sa part dans les 50 % communautaires) soit 75 % à charge de la ville d’Agde et 25 % à charge des18 autres communes.
Il est intéressant de comparer le projet de Gilles d’Ettore avec un projet similaire présenté par son homologue biterrois, Raymond Couderc :
La communauté biterroise va édifier un centre aquatique avec bassin principal de 25m X 21 m
(Agde 25 X 15), un bassin d’apprentissage de 25m X 15m (Agde 12,5 X 12,5), un bassin à vagues extérieur de 180 m2 et une pataugeoire (Agde 200 m2), sauna, hammam, jacuzzi et 160 places de stationnement (Agde un espace balnéo avec solarium ; sauna et hammam sont envisagés…donc non chiffrés).
L’objectif de « remplissage » de ce complexe est de 100 000 visiteurs par an (comme pour Agde), les coûts de fonctionnement ont été évalués à 500 000 € HT par an (pour Agde les coûts n’ont pas été chiffrés; mais il est envisagé de reporter ceux de la piscine Carayon soit 326 000 € à charge de la ville et 40 000 € à charge de l’agglo…); les coûts d’investissement ont été estimés à 5 millions d’euros.
Ainsi, pour un objectif de fréquentation identique, avec des prestations moindres, le maire d’Agde engage une construction dont il sous-estime les coûts de fonctionnement mais dont la dépense en investissement avoisine le double du projet de son collègue biterrois.
Cherchez l’erreur.
Pour conclure, l’impact financier de ces deux projets, dont, répétons le, l’existence même n’est pas mise en cause en tant que tels, est énorme car, ils nécessitent une reprise complète de l’infrastructure routière permettant d’accéder au site. Or cette reprise n’a jamais été chiffrée, (seul l’élargissement à une piste cyclable de la route de Rochelongue a été évoquée lors de la cérémonie des vœux), comme n’a jamais été évoqué du point de vue financier l’aménagement même du site.
C’est là où réside toute l’astuce de notre maire : l’impact financier des travaux ne sera ressenti par le contribuable qu’après les échéances électorales de 2007 et 2008 …d’ici là, il espère bien que de l’eau aura coulé sous les ponts.
• L’écoloclaste : Devant la conversion nouvelle de notre maire aux arguments environnementaux, il nous a paru important de créer un néologisme approprié.
Antoine Allemand
Pour le Parti Agathois
Qui est-ce ? – Fiche TrominosCap : https://www.herault-tribune.com/?p=p04&action=view&Tr_Id=18