Agde - Un petit bassin pour un gros budget pour le Centre Aquatique ...Par Antoine Allemand et Didier Denestebe
Profitant de la « trêve estivale », un gentil conseil communautaire s'est tenu en…
Profitant de la « trêve estivale », un gentil conseil communautaire s’est tenu en catimini au Centre Nautique du Cap.
Le plat de résistance de l’ordre du jour portait sur un projet toujours d’actualité : celui de la construction du futur Centre Aquatique des Champs Blancs.
Quand nous écrivons « plat de résistance », il faut seulement entendre par là « gros morceau à avaler » car de « résistance », il n’y en eu aucune : Les deux seuls élus qui, au tout début du projet, se sont (timidement) posé des questions étaient, l’un absent de la séance, l’autre n’est apparu qu’après que le sujet ait été traité.
Le Président d’Ettore n’avait que de bonnes nouvelles à annoncer : le démarrage des travaux est pour bientôt et la pose de la première pierre est prévue « en décembre ». Même s’il reste « quelques chicanes administratives à résoudre », elles seront résolues, « si tout va bien, en octobre. »
Il est donc temps de lancer les appels d’offre et de revoir les honoraires.
Mais pourquoi donc ramener ce dossier sur le devant de la scène en cette fin du mois de juillet ? C’est parce que c’est l’époque où traditionnellement on fait passer les mauvais coups, lorsque tout le monde à la tête ailleurs et l’esprit aux vacances.
Et il fallait bien que tous nos élus de la communauté aient la tête ailleurs pour avaliser, sans aucune réaction et sans le moindre commentaire, la nouvelle augmentation du coût prévisionnel des travaux.
C’est vrai qu’en trois ans les estimations de dépense n’ont progressé « que de » 60 % : Lors de son lancement en 2004, le projet a été chiffré à 8 054 000 € HT. Il a été réévalué à 9 724 600 € HT en juillet 2006 et à près de 12 897 520 € HT ce jour… sans que le premier coup de pioche n’ait encore été donné.
Il est vrai aussi qu’il est mentionné dans le rapport présenté « une hausse significative des matériaux » et de nouvelles options en matière énergétique.
Et c’est vrai encore, que pour mieux « faire passer la pilule », le Président n’a présenté l’addition que pour 10 700 000 €, en déduisant du coût du projet 900 000 € de subventions de la Région et du Département et en oubliant d’intégrer, comme cela était fait jusque-là, les frais d’ingénierie pour 1 297 520 € HT.
Quant « aux chicanes administratives » qu’il se targue de résoudre, il s’agit du permis de construire et de l’opposition de l’Architecte des Bâtiments de France…une paille…
Mais comme le Maire d’Agde ne s’encombre pas trop des textes et des règlements, le nouveau député doit se sentir pousser des ailes pour passer outre les lois.
Pour mémoire, rappelons que pour pouvoir édifier ce centre aquatique sur la zone non constructible des Champs Blancs, notre maire a fait voter par sa majorité municipale une modification du PLU et l’amputation d’une partie de la Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbanistique et Paysager.
Il est bon cependant que nous rappelions pourquoi nous opposons nous encore et toujours à ce projet d’investissement pourtant nécessaire pour la ville d’Agde (une piscine est un équipement structurant minimum pour une ville de son importance ; la piscine du Môle a disparu, la piscine tournesol est bien fanée) alors même que les élus des autres communes n’y trouvent rien à redire ? :
D’abord, la facture est excessive et inégalement répartie. Lorsque que notre maire annonce qu’elle est supportée pour moitié par la commune d’Agde et pour moitié par la Communauté d’Agglomération, il faut comprendre que, du fait de sa contribution au budget de l’agglo, la ville d’Agde participera en fait aux trois quarts du financement; les 18 autres communes supporteront les 25 % de charges restantes. De plus les aménagements des abords du bâtiment n’ont jamais été chiffrés, les voies d’accès seront aménagées en fin de construction et les coûts de fonctionnement n’ont été évoqués qu’en référence à ceux de l’ancienne piscine tournesol (donc notoirement sous évalués), le tout restant à la charge quasi exclusive de la commune d’Agde.
En outre, le bâtiment lui-même peut entraîner un certain nombre d’objections : il sera érigé dans la zone du radar, zone à vocation initialement agricole qui devait rester un espace « vert »; il va culminer à 18 mètres de haut, donc s’élever en rupture sur l’environnement et participer au bétonnage de l’espace qui est devenu la règle chez nous.
Enfin, le jeu n’en vaut pas la chandelle : à consentir un investissement lourd autant faire en sorte qu’il réponde aux besoins réels de la population. Nous allons avoir là, une structure imposante, voire surdimensionnée, pour une piscine de …25 mètres de long.
25 mètres pour accueillir (ce sont les termes de la première présentation du projet) « les scolaires des communes localisées à 15 minutes » (soit au moins Vias, Bessan et St Thibery), «des résidents » (Agathois), « du public nageur » ( ?), « des activités paraquatiques type aquagym, bébés nageurs, aquadouce, aquaphobie ( ?), des familles à la recherche de loisirs…des baigneurs à la recherche d’un lieu convivial…des estivaux en restant sur une offre de loisir douce et familiale non portée sur la glisse pour se démarquer de l’offre d’Aqualand »
Dans l’affaire, et malgré l’envolée des coûts que nous avons évoquée plus haut, le bassin de 25 mètres n’a pas gagné une longueur. Depuis, on a seulement appris qu’il recevrait 3 classes d’élèves simultanément…Voilà un début de planning d’utilisation très prometteur.
Pour finir nous rappellerons que Raymond Couderc, le maire de Béziers, projette lui aussi la construction d’un centre aquatique aux caractéristiques comparables à celui d’Agde :
Bassin principal (Agde : 25 m X 15 m (375 m2), Béziers : 25 m X 21 m (525 m2)
Bassin d’apprentissage (Agde : 12,5 m X 12,5 m, Béziers : 25 m X 15 m et 0,80m à 1,40 m de profondeur)
Espaces de loisirs (Agde : 200 m2 de bassins, une pataugeoire, un espace balnéo avec solarium ; Béziers : un bassin à vagues extérieur de 180 m2, une pataugeoire, un sauna, un hammam, un jacuzzi, 160 places de stationnement)
Objectif de « remplissage » (Agde : 100 000 usagers attendus par an ; Béziers : 8 000 visiteurs par mois hors saison, 10 000 visiteurs par mois en saison)
Coût d’investissement prévisionnel : (lorsque Agde était à 10 millions d’€ HT, Béziers était à 5 millions)…Cherchez l’erreur…
Dans un passé pas si lointain, notre maire dénonçait les réalisations « pharaoniques » de son prédécesseur.
Une fois élu, il n’a eu de cesse que de (mal) copier ses travers.
Pour le Parti Agathois
Antoine Allemand et Didier Denestebe
contact@parti-agathois.com et 06 09 52 62 72