Faits divers

AGGLO BEZIERS - Pourquoi l'incinération de déchets devrait être interdite par Robert CLAVIJO pour le MNLE

Pourquoi l'incinération  de déchets devrait être interdite L’agglo Béziers Méditerranée a voté la construction d’une…

Pourquoi l'incinération  de déchets devrait être interdite

L’agglo Béziers Méditerranée a voté la construction d’une usine d’incinération à Béziers pour brûler les boues et graisses extraites des égouts. Usine à la fois très dangereuse pour la santé publique et très coûteuse pour le contribuable. De plus les incinérateurs violent plusieurs lois et certains engagements internationaux de la France. Démonstration ci-après :

I- L'INCINERATION AGGRAVE LA TOXICITE DES DECHETS

A partir de déchets peu ou pas toxiques, l'incinération fabrique de dangereux polluants qui contaminent l'air, le sol et les eaux. La combustion est en effet une réaction chimique au cours de laquelle des molécules se décomposent pour former d'autres molécules. Les boues issues du traitement des eaux usées contiennent des substances de toute sorte et leur recombinaison au hasard dans un incinérateur donne naissance à des milliers de composés chimiques très divers. Beaucoup d'entre eux sont très toxiques, comme les organochlorés et, parmi eux, les furanes et dioxines. Les dioxines sont les plus redoutables dérégulateurs hormonaux connus à ce jour. Très solubles dans les matières grasses (viande, lait, etc.), chimiquement très stables et nocives même à très faible dose, elles s'accumulent dans la chaîne alimentaire au sommet de laquelle se trouve l'homme. L'incinération de déchets est la principale source des dioxines qui empoisonnent notre environnement

Sur les milliers de molécules recensées dans les fumées d'incinérateurs, quelques-unes seulement, officiellement reconnues toxiques, sont soumises à des limitations et à des contrôles réglementaires. Faute d'études, on ne sait rien sur la toxicité des autres.

Les incinérateurs se contentent pour toute dépollution, de filtrer les poussières et les dioxines, de désacidifier les fumées, de désodoriser les rejets gazeux et de traiter les oxydes d’azote. En quoi cela empêche-t-il l'émission de gaz toxiques dans l'environnement ? Certes à la température de 850 degrés exigée par la réglementation la plupart des gaz toxiques sont décomposés en gaz inoffensifs mais comment empêcher que se reforment des molécules nocives très variées pendant la phase de refroidissement et de condensation des gaz APRES le traitement et HORS de l’usine?

De plus l’incinération fabrique des particules fines. Celles qui ont une dimension inférieure à 2,5 microns sont particulièrement dangereuses car elles franchissent la barrière pulmonaire. Elles sont à l’origine de maladies respiratoires et s’introduisent dans le sang, ce qui peut générer des cancers. Ces particules ultrafines ne sont pas contrôlées aujourd’hui.

Parce que les boues d’épuration contiennent tout et n'importe quoi, leur combustion équivaut à brûler une matière inconnue. On déclenche ainsi des réactions chimiques inattendues et incontrôlables. Les pires polluants peuvent se former et s'échapper de l'usine. Parmi eux on a décelé même du phosgène, substance si agressive que l'armée l'a utilisée comme gaz de combat. L'incinérateur de Lamalou, (aujourd’hui démoli) et, plus récemment, celui de Toulouse Le Mirail, à la suite de réactions chimiques imprévisibles, ont plusieurs fois explosé. Si l’incinérateur biterrois explose, c’est toute l’usine d’épuration voisine qui sera endommagée ou détruite. Or on vient d’y investir plus de 27 millions d’euros HT. Et pendant les travaux de reconstruction  il faudra jeter à l’Orb sans traitement le contenu des égouts. Ce projet d’incinération est irresponsable.

Les boues  biterroises, avec autorisation de la préfecture, sont actuellement épandues sur des terres agricoles. C’est la reconnaissance officielle qu’elles sont peu dangereuses. Mais après incinération ces boues contiendront des résidus si toxiques ( les REFIB) qu’ils devront être enfouis en décharge pour « déchets industriels spéciaux » nom des déchets les plus toxiques de l’industrie.  L’Etat reconnaît ainsi qu’un incinérateur fabrique des toxiques très dangereux qui n’existaient pas dans les boues avant incinération.

Tout cela est parfaitement incompatible avec la loi du 13/07/92 qui se donne pour premier objectif de prévenir ou réduire la nocivité des déchets. Parce qu'ils aggravent cette nocivité, les incinérateurs devraient être interdits.

Dans le mémorandum de l’Appel de Paris (09/11/06) rédigé par 68 experts internationaux la mesure 130 est la suivante :

«Interdiction d’incinération des boues d’épuration.

Les polluants les plus dangereux pour la santé présents dans les boues d’épuration sont par

ordre décroissant le cadmium, le plomb, le mercure, le chrome hexavalent, certain composés

du nickel et le cuivre. Ces métaux contaminent l’air à la sortie des incinérateurs ou se

concentrent dans les cendres. L’Union européenne et les Etats membres doivent formellement interdire toute incinération utilisant des boues d’épuration. »

II- L'INCINERATION  MULTIPLIE  LES  DECHETS

AU LIEU  DE  LES  REDUIRE

Le feu passe pour détruire ce qu'il dévore. En réalité on sait, depuis Lavoisier, que rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Le feu ne peut que transformer une certaine quantité de déchets en une quantité EGALE d'autres déchets.

D'autre part, une tonne de déchets, en brûlant, consomme presque six tonnes d'air. Cet air se souille et devient fumée, principal déchet de l’incinérateur. Pour désacidifier les fumées, la réglementation exige qu'on les traite avec chaux, soude ou bicarbonate. Ces agents neutralisants, transformés en sels toxiques par ce processus, deviennent déchets eux aussi. Loin de réduire le tonnage des déchets en les brûlant, on en produit presque 7 fois plus. Un incinérateur réglementaire coûte très cher. Dépenser une telle somme pour le plaisir de multiplier le poids et le volume de nos déchets n'est pas seulement absurde : c'est contraire à la loi du 13/07/92 et contraire à la directive cadre européenne de novembre 2008 qui toutes deux se donnent pour objectif de prévenir ou réduire la production de déchets.

III- LOIN DE RESORBER LES DECHARGES

L'INCINERATION LES MULTIPLIE

En matière de déchets, le premier souci du législateur est de réduire le recours aux décharges. Or, loin d'être une alternative aux décharges, un incinérateur en exige plusieurs :

1- Les mâchefers (300 kg par tonne brûlée) exigent une plate-forme de maturation qui est une décharge transitoire.

2- Après quelques mois de séjour sur cette plate-forme, au moins une partie des mâchefers exige souvent un stockage définitif en décharge de classe II. C’est là que devra aussi être enfouie la partie des boues de STEP devenue cendres.

3- Les résidus d'épuration des fumées (REFIB), en raison de leur toxicité, ne peuvent être déposés que dans des décharges de « déchets industriels spéciaux », très coûteuses et très rares (I1 n'en existe qu'une seule dans tout le sud de la France). Quand elles seront saturées, où trouvera-t-on des sites adéquats pour en ouvrir d'autres? On est en train de couvrir la France d'incinérateurs comme on l'a couverte de centrales nucléaires, sans se demander ce qu'on fera des dangereux et encombrants déchets générés par ces usines.

4- Enfin les rejets gazeux, pourtant très chargés en molécules nocives, sont libérés dans l'atmosphère, contaminant d’abord l’air que nous respirons, puis le sol, les eaux et nos aliments. Pour ces gaz, c'est l'environnement tout entier et notre organisme qui servent de décharges toxiques incontrôlées. Parce que l'incinération multiplie presque par 7 la quantité des déchets, elle ne peut que multiplier le recours aux décharges. Plus on veut une incinération “propre”, plus on mobilise technologie et finance pour épurer les fumées, plus on extrait de polluants de ces fumées, plus on se condamne à recourir aux décharges. Pour cette raison, toute usine d'incinération est incompatible avec la législation et la réglementation sur les déchets.

IV- INCINERATION ET RECYCLAGE SONT INCONCILIABLES

On cherche souvent à désarmer les adversaires de l'incinération en leur assurant qu'on ne brûlera que la fraction irrécupérable des ordures, après avoir trié, composté et recyclé tout ce qui peut l'être. Cette promesse ne résiste pas à l'examen.

En France, des milliers de communes incinèrent leurs déchets. Or, aucune d'entre elles ne pratique sérieusement tri, compostage et recyclage. De fortes raisons rendent en effet incompatibles combustion et récupération :

1- Les déchets les plus combustibles (papier, carton, plastiques, textiles, branchages, etc.) sont des matériaux recyclables ou compostables. Comme leur haute combustibilité les rend indispensables au bon fonctionnement de l'incinérateur, on les brûle au lieu de les composter ou de les recycler. Pour la même raison l’incinérateur biterrois ne brûlera pas seulement des boues mais aussi des graisses. Pourquoi brûler des graisses alors que par traitement biologique elles pourraient être recyclées ?  Parce que contrairement aux boues, très humides (80 à 90% d’eau), les graisses,  elles, sont très combustibles et mêlées aux boues elles permettront à ces dernières de brûler. Le choix pervers d’incinérer les boues empêchera le recyclage des graisses.

 

2- L'incinération faite dans le respect des normes en vigueur, avec traitement des poussières, des fumées, des odeurs et stockage réglementaire des résidus implique un coût considérable par tonne brûlée. Pour abaisser ce prix, on est condamné à bâtir de grandes usines de forte capacité et à les faire fonctionner au maximum de cette capacité. C’est pour cette raison inavouée qu’on brûlera les boues de diverses communes rurales au lieu de les recycler comme engrais agricole. C’est aussi pour cette raison qu’on brûlera les graisses au lieu de les recycler. 

Or les lois successives sur les déchets (15/07/75 et 13/07/92), la directive cadre européenne de novembre 2008 et le Plan Départemental donnent clairement la priorité au recyclage et au compostage sur l’incinération. Puisque l'incinération fait obstacle à cette priorité, elle devrait être interdite comme contraire à la loi.

V- L'INCINERATION ALLONGE LES TRANSPORTS

Les pouvoirs publics et la nation tout entière sont en train de prendre conscience des dégâts provoqués par l'excès de transports routiers:

1- La dégradation qu'un véhicule cause au réseau routier est égale à la quatrième puissance de la charge à l'essieu, ce qui signifie qu'un camion endommage la chaussée des milliers de fois plus qu'une automobile de tourisme.

2- Le camionnage pollue l'air, le sol, les eaux par hydrocarbures, particules et gaz d'échappement.

3- Le transport routier blesse et tue d'innombrables personnes.

Les déchets constituent le tiers des marchandises transportées en France (Rapport ADEME été 1997). C'est sans doute pourquoi la loi du 13/07/92 se donne pour second objectif de “limiter les transports de déchets en distance et en volume”.

Or, pour rentabiliser le gros équipement coûteux que sera l’usine d'incinération biterroise, on brûlera non seulement les boues et graisses locales mais aussi celles d’autres communes qu’il faudra aller chercher et transporter sur route. L’incinérateur biterrois devra aussi se faire livrer de loin ou de très loin bicarbonate, charbon actif, chaux et urée, puis transporter les cendres jusqu’à une décharge de classe 2 et les REFIB pour enfouissement jusqu’à Bellegarde (Gard).. Par rapport au recyclage des boues par déshydratation et compostage sur site puis épandage local, l’incinération  allonge les transports au mépris de la loi.

VI- L'INCINERATION VIOLE LA LOI SUR L'AIR

Tous les incinérateurs sont obligatoirement dotés d’un exutoire de sécurité pour protéger l’installation en cas d’arrêt d’urgence. Ces arrêts d’urgence s’imposent quand un incident technique met en danger l’usine en l’ exposant à des fumées  trop chaudes.

Quand les fumées sont trop chaudes elles sont évacuées directement  hors de l’usine par l’exutoire de sécurité. Une masse très importante de fumées non traitées est ainsi évacuée à l’atmosphère. Un seul arrêt d’urgence d’une ½ heure peut générer une pollution égale à la pollution produite pendant une année par un incinérateur respectant les normes.

C’est une violation de la loi sur l’air du 30/12/96 (article premier) qui reconnaît à chacun le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé.

D’autre part aucune technique d'incinération, si coûteuse et sophistiquée qu'elle soit, ne peut empêcher que se forment des molécules toxiques, ne serait-ce qu'APRES traitement, lorsque les gaz sortis de la cheminée se refroidissent et se combinent en molécules nouvelles. Ces molécules nouvelles, qui peuvent être très toxiques, se reforment à mesure que décroît la température, par dilution dans l’atmosphère. Or, on s’efforce de rejeter en sortie de cheminée des gaz aussi chauds que possible pour rendre invisible le panache de fumée qui s’en échappe. Ces molécules dangereuses ne se reforment donc que loin de la cheminée. Elles sont de ce fait indétectables et ne sont pas analysées, mais elles retomberont plus ou moins loin sur le sol environnant ! Merci pour les riverains et les agriculteurs dont les récoltes seront sous cette douche chimique…

Les plans départementaux d'élimination programment la combustion de la moitié des quelque 50 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés (commerciaux, artisanaux et industriels) annuellement produits par notre pays. Etant donné que la combustion d'une tonne de résidus consomme et pollue environ 6 tonnes d'air, des centaines de millions de tonnes de gaz malsains sont ou seront annuellement émises dans les agglomérations et dans leur voisinage immédiat.

C'est parfaitement contraire à la loi sur l'air du 30/12/96 qui reconnaît à chacun le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé et se donne pour objectif de réduire ou supprimer les pollutions atmosphériques.

VII- L'INCINERATION AGGRAVE L'EFFET DE SERRE

Le gaz carbonique (presque 1 tonne par tonne incinérée), principal déchet des incinérateurs, est aussi le principal facteur de l'effet de serre qui altère dangereusement le climat.

L'incinération des déchets ménagers et assimilés autorisée ou imposée par les plans départementaux émet annuellement des dizaines de millions de tonnes supplémentaires de C02 dans l'atmosphère.

Or, la France a pris l'engagement, renouvelé en décembre 1997 à la conférence internationale de Kyoto, de diviser par 4 avant 2050 ses émissions de gaz à effet de serre. Les conventions internationales signées par la France seraient-elles des chiffons de papier ?

VIII- L'INCINERATION EST INCOMPATIBLE AVEC LA CONFERENCE DE RIO

Les Etats du monde entier, réunis à Rio en juin 1992 pour une conférence historique, ont ratifié le concept de développement soutenable, ce qui implique que nous ne devons pas transmettre à nos descendants une planète aux ressources amoindries par nos gaspillages. Le plus irrémédiable de tous ces gaspillages est l'incinération, qui transforme des déchets, c'est-à-dire les matières premières les plus diverses, en cendres et en fumées définitivement inutilisables. Le concept de développement soutenable implique le recyclage systématique et intégral de tous nos déchets. L'incinération est en complète contradiction avec les engagements pris par la France à Rio.

Pour justifier l’incinération on prétend qu’il s’agit d’une valorisation énergétique des déchets, notamment par la production d’ électricité facile à écouler toute l’année sur le réseau électrique. Bien plus difficile en général est la valorisation de la chaleur, faute de consommateurs voisins. L’incinérateur de boues et graisses biterrois consommera de l’électricité mais n’en produira aucune. Quant à la chaleur le rendement de cette production sera seulement de 15 à 16% comme le reconnaît l’étude d’impact. C’est bien peu et encore cette évaluation est purement théorique, la réalité étant souvent inférieure. L’usine consommera la plus grande partie de cette chaleur. Quel sera le débouché de la petite quantité excédentaire ? L’étude d’impact évoque le besoin de chaleur de certains industriels mais se garde bien de les nommer. D’ailleurs comment leur faire parvenir cette chaleur  vu les obstacles insurmontables que sont l’Orb, le canal du Midi et la voie ferrée ? l’étude d’impact a l’honnêteté de reconnaître que le futur incinérateur biterrois n’opérera pas de valorisation énergétique. En revanche il transformera en cendre et fumée inutilisables une matière organique qui  est actuellement valorisée comme engrais agricole. L’incinération sera une régression dans le traitement des boues et graisses.

POUR CONCLURE

A la lumière de tout ce qui précède, l'incinération des déchets ménagers ou des boues d’épuration s'avère 8 fois illégale et devrait donc être expressément interdite. Dans de nombreux pays industriels, la tendance est d'ailleurs à ne plus construire d'incinérateurs et à cesser l’exploitation de  ceux qui existent. Si la France fait tristement exception à cette règle, serait-ce parce que les principaux fabricants d'incinérateurs sont de puissants groupes industriels français très influents auprès des décideurs politiques?

Pour le comité biterrois du MNLE 

Robert CLAVIJO  1 bis rue Auber 34500 Béziers  tél : 04 67 76 28 56

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