Culture & Loisirs

André Cervera s’affirme / Montpellier, Galerie Hélène-Trintignan, jusqu’au 21 juin 2014

Un an après son exposition Sexe, cannibale à l’espace ­municipal Bagouet, André Cervera expose de nouveau…

Un an après son exposition Sexe, cannibale à l’espace ­municipal Bagouet, André Cervera expose de nouveau à Montpellier, cette fois-ci à la Galerie Hélène-Trintignan. Dans “Digressions 1”, il fait un hommage à Goya, critique certaines professions, dérives et hypocrisies, et imagine un bestiaire qui lui est propre. L’occasion pour le peintre de faire des ­expérimentations techniques. La rédaction lui a demandé des précisions sur cette exposition et sur ses projets.

> Retrouvez cet article dans son intégralité, assorti d’un reportage photo, dans “l’Hérault Juridique & Economique” du 12 juin 2014.

 

Extrait d’interview :

HJE : En quoi consiste l’exposition « Digressions 1 » ?

André Cervera : Pour cette expo, je suis parti de l’œuvre gravé de Goya intitulé Les Caprices. Au total Goya a fait 80 Caprices. Il a abordé notamment la tauromachie, les désastres de la guerre. Il y critiquait abondamment la société espagnole du début du XIXe siècle. Il existe des passerelles entre son travail et mon univers. D’abord nos origines espagnoles communes. Puis des thèmes communs comme le masque et la caricature. Je livre une interprétation colorée et toute personnelle des petites gravures en noir et blanc de Goya. Mon expo Sexe, cannibale a généré en moi une certitude : l’artiste a le devoir d’éveiller les consciences. Les artistes contemporains sont trop détachés du monde et de la société, selon moi. Ils devraient s’investir plus dans la société. Je suis actuellement confronté à des questionnements qui nourrissent ma créativité. Les clins d’œil à Goya sont une entrée en matière pour faire passer mes messages. Il y aura sans doute un second volet en écho à cette exposition, mais je ne sais pas encore où je le présenterai.

HJE : Vous critiquez le milieu de l’art dans un des tableaux exposés.

André Cervera : Oui. J’y dénonce la financiarisation du marché de l’art. Certains artistes s’y complaisent et sont prisonniers de ce système. Ils ne sont plus que des pantins et font de « l’artriste » ! Durant quatre années et demie, j’ai vécu en Chine. J’ai pu voir avec quelle facilité on crée ou on brise des carrières d’artistes. C’est la même chose en Europe et aux Etats-Unis. L’intégrité des artistes est remise en question.

HJE : D’autres professions attirent vos foudres…

André Cervera : Dans Eternellement jeune, je fustige la course à l’immortalité à laquelle se livrent les personnes qui en ont les moyens, avec l’aide des chirurgiens esthétiques. L’image de leur personne s’en retrouve faussée. Dans Les nouveaux prêtres, je souligne l’élévation de la médecine au rang de religion. Ce phénomène n’est pas nouveau, d’ailleurs. Trois autres tableaux évoquent le système scolaire et la manipulation des esprits. Le mal-être des élèves, également.

HJE : Vous avez travaillé le fond, mais aussi la forme de vos tableaux…

André Cervera : J’y ai intégré de nouveaux éléments, comme des pigments naturels (de la terre de mon jardin), des feuilles broyées, le feu (en brûlant la toile), l’eau (en la mouillant). Il se crée une alchimie nouvelle qui évoque le passage et la marque du temps sur l’œuvre. Je m’y rapproche de la nature, dans une sorte de quête de vérité. Cette action du temps et des éléments sur la toile m’a été soufflée par l’observation des murs criblés de balles en Yougoslavie, où je suis allé récemment, et des œuvres de Pompéi. J’ai aussi collé des plumes sur un poulet que j’avais peint, et utilisé du goudron. Les expérimentations que je mène ont toujours pour objectif de servir mon propos. Rien n’est jamais gratuit.

Propos recueillis le 3 juin 2014 par Virginie MOREAU

 

> Galerie Hélène-Trintignan – 21, rue Saint-Guilhem – 34000 Montpellier – Tel. : 04 67 60 57 18.

> Exposition visible jusqu’au 21 juin, du mardi au samedi, de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 19h.

Légende du visuel : CERVERA, “SALUT L’ARTRISTE”, 2014. 73 x 60 cm.

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