Arroyo, l'art, dans le plus total irrespect des traditions
Que les personnes qui auraient raté la rétrospective consacrée au grand peintre espagnol Eduardo Arroyo par la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence l’été dernier se consolent : le catalogue de l’exposition, "Arroyo dans le respect des traditions", est toujours disponible. Et il est passionnant !
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Figuration narrative : la peinture comme un roman
Exilé à Paris pour s’être opposé au régime de Franco, Eduardo Arroyo est souvent présenté comme un héritier de Francis Picabia. Il est surtout rattaché au courant de la Figuration narrative, qui se développa en Europe au début des années 1960. « La peinture est en quelque sorte littéraire ; et c’est dans ce sens que je travaille sur des thèmes. Il y a un début, une fin, des personnages, et l’ambiguïté propre aux romans. C’est donc un récit, comme si j’avais écrit une quinzaine de romans… », explique en effet Eduardo Arroyo. D’ailleurs, dans ce livre fort bien documenté, Daniel Rondeau, qui rappelle : « Arroyo a commencé par être écrivain et qu’il l’est resté, même quand il peint », estime : « Un roman dort sous chacune de ses images ».
Plusieurs facettes pour un même artiste
Arroyo est aussi un peintre politique opposé à l’esthétisation de l’image et partisan de la force de l’image, qui choisit de combattre la mort par l’art, apprend-on dans l’ouvrage. En outre, « la construction de ses tableaux se fait comme celle d’une scène de théâtre », relève Olivier Kaeppelin. Un peintre facétieux également, qui n’hésitera pas à donner quatre interprétations, fidèles à l’histoire de l’art, d’un même paysage, dans un tableau qui a donné son nom à l’exposition. Un artiste engagé qui, aux côtés de plusieurs autres, fit brûler l’une de ses œuvres originales pour qu’il n’en subsiste plus que les reproductions, afin de « rendre sa pensée la plus publique possible » et d’ « affranchir l’image de cette valeur commerciale ». La peinture n’est pas son seul moyen d’expression, comme en témoignent les céramiques, sculptures et collages figurant dans le catalogue.
Ce catalogue d’exposition publié par la Fondation Maeght et les éditions Flammarion comporte des textes d’Eduardo Arroyo, Daniel Rondeau, Fabienne Di Rocco, Olivier Kaeppelin et Adrien Maeght qui éclairent le lecteur sur les motivations de l’artiste, ses fictions picturales, ses critiques acerbes de l’actualité, ses manipulations d’images. On apprécie de voir, aux côtés d’œuvres bien connues d’Arroyo, ses toiles récentes, peu vues jusqu’à présent. Un ouvrage à offrir sans hésiter aux amateurs d’art !
Références de l’ouvrage
Arroyo dans le respect des traditions
Fondation Marguerite et Aimé Maeght / Editions Flammarion.
Broché, 39 €, 224 pages, 200 illustrations, 205 × 200 mm.