Art : Hélène Trintignan évoque les 40 ans de sa galerie / Montpellier
Souvent qualifiée de meilleure galerie d’art de Montpellier voire du grand Sud, la Galerie Hélène-Trintignan fête cet automne ses quarante années d’existence. Quarante années…
Souvent qualifiée de meilleure galerie d’art de Montpellier voire du grand Sud, la Galerie Hélène-Trintignan fête cet automne ses quarante années d’existence. Quarante années durant lesquelles ont figuré aux cimaises des œuvres abstraites ou figuratives depeintres célèbres ou en passe de le devenir. Bilan par la galeriste d’une carrière bien remplie, et anecdotes, en attendant la suite… Interview.
> Pour lire cet article dans son intégralité, reportez-vous à l’Hérault Juridique & Economique du 6 novembre 2014.
La nostalgie
« Certes, je me réjouis de célébrer le quarantième anniversaire de ma galerie, mais je ne peux m’empêcher de penser aux artistes que j’ai défendus et qui sont décédés, comme Henri Goetz, qui m’avait convaincue en 1974 d’ouvrir une galerie et sans qui cette aventure ne serait jamais arrivée, Orlando Pelayo, Olivier Debré, Gérard Barthélémy, Jean-Pierre Pincemin. Les exposer à l’occasion de cette exposition collective, c’est un peu comme les garder auprès de moi, les faire participer à la fête… »
Les débuts, et l’évolution de la perception de l’art
« Lorsque j’ai ouvert ma galerie en 1974, j’ai exposé des abstraits. Certaines personnes qui entraient dans ma galerie n’avaient encore jamais été confrontées à l’abstraction. C’était un choc pour elles ! J’ai donc eu un rôle éducatif, j’éveillais le public à l’art. Désormais, tout le monde a Internet et peut s’instruire à domicile. Il existe de nouvelles façons de rencontrer l’art. »
Savoir dire « non »
« Mon métier exige de la fermeté. Il faut souvent dire à des artistes qui se présentent spontanément à la galerie que l’on ne les exposera pas parce que leur travail ne correspond pas à la ligne de la galerie ; je pense notamment aux gens qui deviennent « artistes » quand ils prennent leur retraite. Il m’est également arrivé, exceptionnellement, de ne pas accepter certaines œuvres d’artistes dont j’apprécie le travail. »
Satisfactions et regrets
« Il est certain que j’aurais aimé exposer la trans-avant-garde italienne, mais j’ai été freinée par les prix des œuvres. Il faut savoir s’adapter au public. Le métier de galeriste implique de faire des compromis entre ce que l’on veut et ce que l’on peut faire. A contrario, je suis satisfaite d’avoir présenté plusieurs générations d’artistes, dans divers styles. L’abstraction, bien sûr, Supports-Surfaces, et la figuration. »
« L’œil » de la galeriste
« Les artistes disent souvent que j’ai l’œil pour sélectionner leurs meilleurs tableaux. Parfois, les tableaux faits dans la légèreté sont les plus réussis, alors qu’eux sont plus attachés à ceux qui leur ont donné du fil à retordre. Lorsque nous préparons une exposition, certains peintres font eux-mêmes leur sélection, d’autres attendent que je choisisse, cela dépend. C’est moi qui réalise l’accrochage (avec l’aide de mon assistante, Samira). Il est très rare qu’un peintre conteste mon accrochage. »
Les collectionneurs
« Il n’y a pas de profil-type du collectionneur. Certains ont de merveilleuses collections de papiers, d’autres s’orientent plutôt vers la peinture. Quand l’acheteur est passionné par l’œuvre, je ne refuse jamais un paiement en plusieurs fois. Car contrairement aux idées reçues, il ne faut pas être riche pour être collectionneur. Il faut aimer l’art. Le prix des œuvres sur papier débute à 400 ou 500 euros. En général, on commence par débuter une collection de papiers, puis on achète un tableau, puis plusieurs tableaux. »
L’achat
« Les gens achètent souvent au coup de foudre, et c’est vers cela que va ma préférence, plutôt que vers l’achat spéculatif. A mon sens, acheter un tableau, c’est avoir envie de vivre avec, de le regarder souvent. »
Galeriste ou marchand ?
« Je suis galeriste car j’expose les œuvres. Mais pour vivre et faire vivre les artistes, je vends. Je suis donc aussi marchand d’art. J’ai toujours refusé de tenir une galerie associative qui dépendrait de subventions. Je tiens trop à ma liberté. »
Propos recueillis par Virginie MOREAU
© photo : Pierre Schwartz