BEZIERS - COLBAC : Lettre ouverte à Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier
Le massacre public de bovins, dans le seul but de divertissement, est-il compatible avec…
Le massacre public de bovins, dans le seul but de divertissement, est-il compatible avec la piété et la charité chrétiennes ?
Le pape Pie V dans la bulle « De salute gregis » n’a-t-il pas condamné les courses de taureaux en termes très explicites et d’une extrême sévérité : « spectacles sanglants et honteux, de démons plutôt que d’hommes » ?
Le Catéchisme de l’Eglise catholique ne dit-il pas : « Il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies. » ?
La présence de plusieurs prêtres parmi les spectateurs de la corrida mixte du 16 août dernier, dans les arènes de Béziers, et d’un aumônier des arènes, grand aficionado parmi les aficionados dans le callejon, choque profondément les catholiques biterrois. Virginie Masson, membre du Conseil d’administration du COLBAC (Comité de liaison pour l’abolition de la corrida ), s’est fendue d’une lettre à Mgr Pierre Marie Carré, archevêque de Montpellier. Lettre restée à ce jour sans réponse. Nous la rendons publique.
Monseigneur,
Je vous prie de considérer tout le respect que je dois à votre Excellence.
Néanmoins, je me permets de porter à votre connaissance ma stupéfaction et mon mécontentement de fervente catholique, face à la messe de la féria de Béziers, qui s'est déroulée à l'intérieur même des arènes de la ville.
En effet, je suis profondément choquée que notre TRES SAINTE MERE LA VIERGE MARIE ait été une fois de plus transportée dans un lieu de torture et de sang.
De plus, comment peut-il être possible de voir plusieurs prêtres, dont un portant la soutane, au milieu de spectateurs dans les arènes ?
Sont-ils des modèles à suivre ? Est-ce la position de l'Eglise ?
Les animaux comme les humains ne sont-ils pas des créatures de Dieu ?
Daigne, votre excellence, agréer l'expression de ma très respectueuse considération.
Virginie MASSON, membre du Conseil d’administration du COLBAC.
Jusqu’en 1567, au sein de l’Église, les adversaires et défenseurs de la Corrida s’affrontent. Certains évêques et curés n’en veulent pas dans leur diocèse et paroisse au motif « que ce sont des réjouissances profanes et que souvent il s’y produit des morts », d’autres les tolèrent car les jeux taurins ont lieu lors de fêtes religieuses et amènent du monde.
Influents au sein de l’Église les adversaires obtiennent du pape Pie V une bulle « de Salute Gregis » ordonnant au même titre que le duel que les chrétiens à tous niveaux ne combattent les taureaux sous peine d’excommunication (un chrétien ne peut mourir que pour Dieu ou son Roi). Le pape suivant, Grégoire XIII transige par une bulle « Exponi Nobis » – 25 août 1575 – en levant les menaces d’excommunication dés l’instant où les jeux taurins se déroulent hors des jours de fêtes religieuses. Il maintient aux deux clergés l’interdiction d’y assister.Son successeur, Sixte V par un « bref » d’avril 1536 rappelle à l’Université de Salamanque que les ecclésiastiques ne doivent pas assister aux fêtes taurines. A la demande de Philippe II, le pape Clément VIII par sa bulle « Suscepti Muneris » du 13 janvier 1596, lève l’interdiction concernant le clergé séculier, le maintien pour le régulier et les jours de fêtes religieuses.
Le temps passant, et malgré la Sainte Inquisition, les espagnols finirent pas imposer en tous lieux et dates la Corrida et à ce jour aucune arène d’Espagne n’a la messe comme tradition sur son ruedo…
Si indirectement l’histoire de la tauromachie est liée durant une longue période à celle de l’Église et il ne pouvait en être autrement comme dans de nombreux domaines de l’histoire de l’Espagne (Inquisition, Opus Dei…), elle est alors aussi liée à l’histoire de l’Espagne laïque et républicaine. En effet, le 17 juin 1931, pour fêter l’avènement de la République le 14 avril 1931, Pedro Rico, maire socialiste de Madrid mit sur pied une corrida présidée par le futur président laïque Alcala Zamora. Durant la Guerre d’Espagne, communistes, anarchistes, socialistes organisèrent des corridas de bienfaisance. Et même après le décret de circonstance du 10 juillet 1937 quelques corridas eurent encore lieu en zone républicaine. Si des aficionados se trouvaient dans les deux camps, n’oublions pas les 3 700 hommes de la 96eme brigade mixte de l’Armée populaire – dite des toreros rouges – constituée en juin 37 à partir du bataillon du matador Francisco Gallon et des milices taurines, brigade commandée par le matador Litri II, unité républicaine qui combattra jusqu’à la fin de la République…