BEZIERS - FETE CHAMPETRE ? VRAIMENT ? par Robert CLAVIJO
Il est des gens qui ne se contentent pas des dindes, des chapons, du…
Il est des gens qui ne se contentent pas des dindes, des chapons, du boudin et du foie gras qu’ils ont ingurgités fin décembre. Il leur faut aussi maintenant du sang frais, de préférence du sang de taureau et (éventuellement ?) du sang de torero.
Un club taurin biterrois organise fin janvier 2017, dans la manade André Castella, sous l’appellation anodine de « fiesta campera » (fête champêtre) l’exécution publique de deux « toros ». Les amateurs désireux de savourer ces 2 supplices devront débourser 40 euros. C’est cher mais quand on aime…
En général la corrida tente de se justifier en prétendant qu’elle est un spectacle sublime qui se déroule en musique, en habit de lumière, selon un rituel savamment raffiné. Ce serait aussi un duel loyal et héroïque entre hommes et animaux. Aucune de ces justifications ne tient debout s’agissant du spectacle qui nous occupe. Il n’y aura aucun orchestre. Pas non plus d’alibi de lumière : les toreros seront vêtus d’un « traje campero » (habit des champs). Même pas de rituel : ni paseo, ni alguaziles, ni palco présidentiel car une fiesta campera n’est soumise à aucun règlement taurin municipal. De plus, comme le matador torée gratis, il est hors de question qu’il prenne des risques. Les cornes des suppliciés seront « afeitadas » c-à-d sciées. Enfin des taureaux de combat dignes de ce nom, bien bâtis, athlétiques, bien encornés et en bonne santé, cela coûte trop cher pour les finances d’un obscur club taurin. Non seulement les suppliciés seront amputés de leurs cornes mais ce seront des bêtes de dernière catégorie, invalides, malades ou tarées et donc invendables en vue d’une corrida. Les 2 condamnés à mort seront des « desechos » (déchets d’élevage) comme on dit élégamment dans le milieu taurin. Bref ce sera tout le contraire d’un duel loyal et héroïque.
Quelles peuvent être les motivations des quelques dizaines de spectateurs qui accepteront de payer 40 euros pour voir des bêtes invalides torturées, piquées, harponnées, estoquées et poignardées jusqu’à ce que mort s’ensuive ?
A tous les clubs taurins nous posons la question suivante : un spectacle aussi médiocre, aussi caricatural, aussi indéfendable ne dessert-il pas la cause de la corrida ? N’est-il pas de nature à salir l’image déjà très dégradée du milieu taurin ? Avec des amis comme ceux qui organisent la fiesta campera incriminée, la tauromachie n’a pas besoin d’ennemis : elle mourra discréditée par les dérives des clubs taurins.
Les hommes politiques qui ont fait semblant de s’indigner quand des vidéos militantes ont révélé au grand public se qui se passe dans beaucoup d’abattoirs, ces politiciens s’opposeront-ils à la fiesta campera ci-dessus évoquée ou bien, comme d’habitude, préféreront-ils soutenir et subventionner ?