BEZIERS - Les riverains de la décharge Montimas ne décollèrent pas
Les riverains de la décharge Montimas ne décollèrent pas. Incommodés depuis 21 mois par les…
Les riverains de la décharge Montimas ne décollèrent pas. Incommodés depuis 21 mois par les odeurs émanants du site, ils demandent des explications aux autorités et surtout que les nuisances cessent.
Ce jeudi, une réunion d'information était pourtant annoncée en sous-préfecture mais elle a tourné court. ” Nous n'avons pas reçu les documents dans le délais réglementaires de 14 jours si bien que nous n'avons pas pu les étudier en amont ” précise le collectif des riverains qui a préféré quitter la réunion.
Une situation assumée par Christian Pouget, le sous préfet de Béziers qui avait décidé de maintenir cette réunion d'information malgré cette erreur de forme.
Pour eux, “les manquements des services de l'Etat et de l'exploitant à leur obligation d'information fixée par le code de l'environnement constituent un grief supplémentaire dans une situation déjà compliquée et difficile à vivre, en l'absence de résultats dans l'action des autorités“.
Avant de quitter la sous préfecture, les riverains ont remis un communiqué au sous préfet
“Ces quatre derniers jours encore, les riverains de la décharge ont été exposés à des émanations olfactives et gazeuses nocturnes (et jusqu'au matin) insupportables, provoquant irritations des voies respiratoires et maux de tête, et contrariant le sommeil.
A la stupeur de la population concernée, la communication des services de l'Etat et de l'Agglo, au sujet de l'impact des nuisances sur la santé de la population, demeure lacunaire et tend systématiquement à minimiser le problème.
L'Agence régionale de santé (ARS) vient heureusement, lundi dernier 24 juin, d'alerter les professionnels de santé de Béziers sur l'existence d'un problème avec la décharge en leur demandant de signaler les symptômes observés (voir lettre ci-jointe).
L'association de quartier et le collectif sont satisfaits de cette implication, après plusieurs mois de sollicitation.
Malgré tout, ils relèvent que l'ARS fait état de données de l'organisme ATMO Occitanie, en contrat avec l'Agglo, selon lesquelles, au sujet du sulfure d'hydrogène, “les concentrations mesurées pour les habitations les plus proches sont très inférieures à la valeur toxicologique de référence pour les expositions chroniques (2 micro-grammes par mètre cube)”.
Or, ces données, relatives à l'hydrogène sulfuré, ou sulfure d'hydrogène, H2S, ne sont que partielles et provisoires, et sont contredites par une étude réalisée, deux mois plus tôt, pour l'Agglo, par un autre organisme, Environnement'Air.
Le rapport de cet organisme, du 22 mars 2019 (n°RT2019-280), sur le “suivi de l'exposition à l'H2S des riverains de l'ISDND”, pourtant lacunaire et comportant des interprétations erronées, montre incontestablement des dépassements importants de la valeur toxicologique de référence retenue par l'ARS.
Curieusement, le rapport d'Environnement'Air ne retenait pas cette valeur toxicologique de référence (VTR), ce qui lui permettait de conclure, de façon biaisée, à l'absence de risques pour la santé pour les trois riverains concernés par l'étude.
Pourtant, sur les trois sites étudiés, les dépassements de la VTR chronique retenue par l'ARS sont de 3,77 à 6,36 fois cette valeur de référence.
Au vu de ces contradictions et du manque de rigueur méthodologique des présentations faites au public (encore ce matin à la sous-préfecture), l'association de quartier et le collectif des riverains dénoncent la tentative de manipulation dont la population fait l'objet.
En effet, en toute rigueur, il n'est pas possible de conclure aujourd'hui à l'absence d'effets sur la santé des émanations gazeuses du site de la décharge.
Au contraire, les certificats médicaux établis à ce jour et les symptômes observés font apparaître un problème réel de santé publique que l'ARS ne peut ignorer, pour peu qu'elle accepte de prendre en compte toutes les données disponibles et l'historique de la situation, et s'appuie sur des rapports rigoureux et scientifiquement documentés.
Sans attendre des études complémentaires, les riverains et leurs organisations représentatives, Comité de Défense des Hauts de Badones et collectif “Droit à un air sain à Montimas” réclament à nouveau, avec insistance, des mesures efficaces pour faire cesser les nuisances au plus tôt et de façon durable, et protéger ainsi la population.”
Des améliorations et un risque sanitaire écarté
Selon la Préfecture, le programme d’investissement engagé par la Communauté d’Agglomération se poursuit cependant et devrait contribuer à une amélioration progressive de la question des nuisances olfactives.
Une nouvelle réunion sera planifiée dans le courant du mois de septembre 2019 afin d’assurer le suivi des mesures et opérations mises en œuvre.
Les services de l’État (DREAL, ARS, préfecture) demeurent vigilant à la mis en œuvre des dispositions correctives ainsi qu’au signalement des nuisances.
Une compétence de l'agglo depuis 2013
Depuis 2013, c'est l'agglomération Béziers-Méditerrannée qui est en charge de la gestion des déchets. Pour se faire, elle dispose de trois sites de traitement et de valorisation des déchets. le centre de tri de Valorbi situé route de Bédarieux, au nord de Béziers, la plateforme de compostage des végétaux situé sur le même site et enfin l'ISDND de Montimas (installation de stockage de déchets non dangereux).
Un rapport accablant de la chambre régionale des comptes
La chambre régionale des comptes d'Occitanie a rendu en début d'année un rapport accablant sur la gestion des déchets de l’Agglomération de Béziers. Absence d'expertise préalable, investissement financier et attribution du marché douteux, incompétence du gestionnaire retenu, méthode de tri-mécano-biologique retenu non adapté, enfouissement des déchets à Montimas sans autorisation préfectorale, le rapport de 80 pages est assez accablant.
Un dossier qui semble loin d'être réglé.