Voies navigables de France dévoile la nouvelle phase nationale de la campagne d’appels aux dons et dresse le bilan des chantiers d’abattage locaux
Montpellier, le 6 novembre 2013 –Voies navigables de France poursuit les travaux qui permettent d’endiguer la propagation du chancre coloré et intensifie la communication grand public en cette fin d’année avec, cette fois, une campagne d’envergure nationale. Un objectif : soutenir et renforcer la mobilisation des donateurs potentiels ainsi que la communauté d’intérêt autour du projet de sauvegarde pendant la période traditionnelle de générosité de fin d’année. L’occasion également de dresser un premier bilan de la campagne d’abattage 2013.
Depuis 2006, plus de 10 000 platanes ont déjà été infectés par le chancre coloré qui menace les 32 000 restants du canal. Face à la maladie, un vaste programme de replantation a été engagé par l’Etat/VNF et les collectivités. Après une première phase estivale de sensibilisation des riverains, des touristes et autres amoureux du canal, VNF amplifie aujourd’hui sa campagne grand public avec de nouveaux visuels et un plan de communication national. Une campagne d’achat d’espace est notamment programmée sur la fin d’année en presse quotidienne nationale, presse quotidienne régionale, presse magazine et Internet.
Comme le souligne le Directeur général de VNF, Marc Papinutti, « Cette nouvelle étape s’inscrit dans le plan de collecte de dons dévoilé en juillet. Nous avons voulu donner jusqu’à la fin de l’année, une nouvelle visibilité médiatique nationale à l’appel aux dons. Seule cette mobilisation collective permettra de préserver ce patrimoine naturel, historique et économique français ».
De nouveaux visuels pour une campagne élargie
Cette campagne nationale reprend les codes de celle de juillet et se fonde sur la relation particulière des Français au canal. « Canal du Midi, avec moi il revit ! », une signature fédératrice pour une campagne pleine de vie.
En déclinaison des affiches estivales affichées cet été dans les régions Midi-Pyrénées et Languedoc- Roussillon, seront présentées deux nouvelles affiches au ton plus automnal. Ces visuels complémentaires, qui placent toujours l’Homme au coeur du dispositif de préservation du canal du Midi, illustrent de nouvelles activités pratiquées le long de celui-ci, et mettent en scène des instants de vie quotidiens autour du canal.
VNF, un acteur au service de l’intérêt général
Au delà de cette campagne, VNF, en tant que gestionnaire de la voie d’eau et pilote du mécénat du canal du Midi, fait de la préservation du canal une de ses priorités. Une action de sauvegarde des paysages qui correspond aux actions d’intérêt général de l’établissement dans le cadre de sa participation au développement et à l’aménagement durable des territoires ainsi qu’à leur développement touristique. Le projet validé par la Commission Supérieure des Sites et mis en oeuvre par l’établissement s’inscrit dans une démarche soucieuse de l’environnement et de la biodiversité ainsi que de la bonne coopération entre les différents acteurs impliqués. Des acteurs toujours plus nombreux qui se mobilisent pour la préservation de notre patrimoine. A suivre !
Campagne d'appel aux dons
POURQUOI CETTE CAMPAGNE ?
Face à la menace du chancre coloré, un programme de replantation a été validé par la Commission Supérieure des Sites afin de conjuguer les enjeux écologiques avec les exigences patrimoniales et du classement UNESCO.
20 ans et plus de 200 millions d’euros seront ainsi nécessaires pour préserver le canal. L’Etat/VNF et les collectivités territoriales sont déjà mobilisés à hauteur des deux tiers de l’investissement requis. Le dernier tiers devrait être couvert par une série de financements innovants dont le mécénat fait partie. L'initiative vise à associer les citoyens afin de créer une véritable communauté d’intérêt autour du projet de sauvegarde. “Canal du M!di, avec moi il revit !“, c’est sous cette signature fédératrice que se décline la campagne d’appels aux dons. Elle s’appuie sur le lien particulier qui lie les Français à ce patrimoine touristique, écologique, technique et économique.
6 NOVEMBRE 2013 : INTENSIFICATION DE LA CAMPAGNE GRAND PUBLIC
Lancée en juillet dernier, la campagne se renforce aujourd’hui avec de nouveaux visuels et un plan de communication ambitieux destiné à démultiplier l’impact sur les potentiels donateurs.
Une campagne d’achat d’espace est programmée notamment en Presse Quotidienne Nationale (La Croix , Le Figaro), Presse Quotidienne Régionale, en presse magazine (Notre Temps), et Internet afin de donner à la mobilisation une visibilité optimale.
Une campagne de publipostage sera également réalisée en Midi-Pyrénées et Languedoc Roussillon entre le 18 et le 22 décembre.
Enfin, les relations presse seront utilisées comme un outil complémentaire pour permettre une visibilité médiatique optimale de la campagne jusqu’à fin décembre et générer un maximum de dons sur cette période particulièrement propice de l’année.
Programme d’abattage et de replantation 2013
QUELLE STRATÉGIE D’ABATTAGE ?
La stratégie d’abattage mise en œuvre par VNF est la suivante :
1. Abattage des arbres du foyer de chancre et du périmètre servant de barrière sanitaire dans la contamination, constitués d'arbres supposés sains se révélant bien souvent déjà infectés ;
2. Abattages harmonisés, lorsque les zones infectées abattues se révèlent de l’ordre de 70 à 90% d’une unité paysagère ou d’un bief ; cela permet en outre la replantation harmonieuse des zones, tant du point de vue technique que paysager. A noter, la priorité est donnée aux foyers les plus problématiques en terme de sécurité ainsi que pour les plus dépérissant, ceux situés sur les secteurs à plus forte fréquentation. Egalement ceux concernés par la barrière sanitaire, afin d’éviter la propagation en amont sur les secteurs encore entièrement sains.
Tous les moyens sont mis en œuvre pour prévenir tout risque d’accident pour les riverains et les exploitants.
DES CAMPAGNES D’ABATTAGE …
Entre 2006, début de la maladie, et d’ici la mi-novembre 2013, 6200 arbres ont été abattus sur les 10 600 arbres recensés concernés par le chancre et les 7700 autorisés pour l’abattage.
En 2013, la première campagne d'abattage s'est déroulée du 18 février au 19 avril. 1 650 arbres malades ont été abattus. Une deuxième campagne d’abattage a lieu depuis la mi-août et se terminera à la mi-novembre. 2200 arbres auront été abattus lors de cette deuxième campagne. Au total, en 2013, 3800 arbres auront été abattus.
Cette campagne d’abattage a été l’occasion de plusieurs réunions publiques pour l'information des populations dans les communes concernées.
Pour 2014, l’abattage de 4000 arbres est prévu sur le canal du Midi entre Castelnaudary et la mer.
Les campagnes d’abattage sont organisées par vagues en fonction de l’urgence de la propagation et des zones urbaines et en respect de la biodiversité du canal.
Phases d’abattage
Dates
Nombre d’arbres
1ère campagne d’abattage
18 février au 19 avril 2013
1650
2ème campagne d’abattage
Mi-août – mi- novembre 2013
2200
3ème campagne d’abatage
2014
4000
Concernant la propagation, une prospection « chancre » est réalisée chaque année par un expert indépendant qui parcourt l’ensemble du linéaire du canal et repère les nouveaux foyers de chancre.

…AUX REPLANTATIONS !
Selon les secteurs géographiques, les replantations se font sur la base d’essences diverses conformément au projet validé.
Certaines zones urbaines où les interactions sont fortes avec le canal (port, centre de ville ou de village…) ou certains sites emblématiques (seuil de Naurouze, site du Somail, écluses de Fonsérannes ou écluse ronde d'Agde…) feront l'objet d'aménagements spécifiques menés en partenariat avec les collectivités territoriales. Plusieurs sites ont déjà fait l'objet de replantations. Sur Trèbes et Castelnaudary ont été plantés des platanes résistant au chancre. Des tilleuls argentés ont été plantés sur Villedubert.
Année
Nombres d’arbres replantés
2011-2012 – 430
2013 – 560
2014 – 2250
L'ensemble des plantations fait l'objet d'un entretien régulier. A cela s'ajoute un suivi et des expertises précises réalisées par des équipes spécialisées qui contrôlent la reprise des plants. Dans ce cadre, des expertises ont été menées sur les arbres des sites de Castelnaudary et Trèbes replantés les années précédentes. Des difficultés de croissance ont été constatées sur le site de Trèbes. VNF cherche à comprendre les causes de ces phénomènes et a lancé des études qui sont à ce jour toujours en cours.

LE CANAL, ESPACE DE BIODIVERSITÉ
Par ailleurs, le canal – et notamment ses plantations – constitue un habitat favorable au développement de certaines espèces et certains milieux que les abattages massifs prévus risquent d'impacter plus ou moins fortement (oiseaux, chauve-souris notamment). En collaboration avec les services de l'état (DREAL), et en partenariat avec certaines structures naturalistes, VNF a donc lancé une démarche visant à mieux caractériser les impacts potentiels et à proposer des solutions (réduction, suppression ou compensation des impacts). Une étude en cours vise à réaliser des inventaires sur la totalité du linéaire du canal du Midi, Jonction et Robine pour proposer dès 2014 un dossier réglementaire de dérogation à la stricte protection des espèces pour l'abattage de la totalité des platanes. Ce dossier sera présenté pour validation au Conseil National de Protection de la Nature.
QU’EST-CE QUE LE CHANCRE COLORÉ ?
Probablement introduit en France en 1945 par des caisses de munition en bois de platane infectées en provenance des États-Unis, le chancre coloré est une maladie provoquée par un champignon microscopique qui s'attaque exclusivement aux platanes. Il pénètre au cœur de l’arbre sain, bloque ses canaux de sève, l’assèche et le tue en 2 à 5 ans seulement.
La maladie se propage par contact : soit par les racines (très imbriquées), soit par blessure due au frottement des bateaux contre les racines lors de l’amarrage en dehors des sites aménagés ou directement sur les arbres.
Aujourd’hui, pas de remède connu si ce n’est l'abattage immédiat (ou la dévitalisation) des arbres malades et des abattages complémentaires de part et d'autre des foyers afin de prévenir le développement de la maladie sur l’ensemble du bord à canal.
Le canal du Midi est bordé sur la grande majorité de son linéaire par des plantations d'alignement), constituées principalement de platanes (42 000 platanes au total), avec des inter- distances courtes (moins de 8m). Le canal du Midi est donc particulièrement vulnérable à une menace sanitaire de ce type.
LOCALISATION DES FOYERS DE CHANCRE
Le premier foyer de chancre coloré a été identifié sur le canal du Midi en 2006 à Villedubert (à l'est de Carcassonne). Malgré les efforts en matière de prévention menés par VNF, on constate une propagation exponentielle de la maladie : 15 nouveaux foyers repérés en 2008, 30 en 2009, 122 en 2010, 200 en 2011, 215 en 2012 et sur un linéaire de plus en plus étendu.
Depuis 2006, on compte plus de 10 000 arbres malades (foyers et barrières sanitaires pratiqués dans le cadre des mesures prophylactiques).
La prospection 2012 ne signalait toujours pas de remontées de la maladie en amont de Castelnaudary. Cela met en exergue l'importance de mesures prises pour protéger les zones qui résistent à la propagation de la maladie, en direction de la région Midi-Pyrénées notamment.
QUEL TRAITEMENTS POSSIBLES ?
Depuis l’apparition du chancre en France en 1945 et malgré les recherches menées jusque là, en France et à l’étranger, aucun traitement préventif ou curatif de la maladie n’a été découvert.
Sous le contrôle scientifique des experts du Ministère de l'agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt, Voies navigables de France cherche également à développer des partenariats qui pourraient conduire à des recherches ou des expérimentations sur la maladie.
Cependant, et en complément de l’aide apportée par les services régionaux de l’alimentation concernés, en particulier celui de Midi-Pyrénées, VNF à sollicité récemment, le Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt (Direction générale de l'alimentation) et l’INRA afin d’accompagner les propositions d’expérimentation, puisque VNF n’a pas vocation à réaliser des expérimentations ou de la recherche dans ce domaine.
Ainsi, un premier protocole d’expérimentation établi par une entreprise (CETEV) dans ce cadre a été adressé à VNF en juillet 2013. Après des échanges entre le service régional de l’alimentation de Midi-Pyrénées et la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL), celui-ci a été transmis pour avis au bureau des semences et santé des végétaux en juillet dernier. La solution proposée par cette entreprise sera étudiée et testée par les autorités compétentes.
D’ailleurs, VNF peut être sollicité à l’occasion par diverses structures, proposant de tester sur les arbres du canal du Midi des solutions potentielles. Ces sollicitations émanent d’ horizons variés : organismes agréés pour des expérimentations phytosanitaires, particuliers ou professionnels œuvrant dans le milieu des espaces verts, associations, fournisseurs de produits phytosanitaires ou de divers produits biologiques, etc.
Cependant, à ce jour, aucun remède n’a été prouvé efficace ni approprié et la propagation reste rapide et malheureusement sans remède. Aujourd’hui, il n’existe qu’une solution pour limiter sa propagation : abattre et brûler les arbres.
LES MESURES DE PRÉVENTION
Chaque année, des prospections sont confiées à des experts indépendants afin de détecter au plus tôt les arbres malades. Les agents de VNF ont été formés et un réseau de correspondants a été mis en place. Les entreprises qui interviennent pour le compte de Voies navigables de France ont été sensibilisées à l’application des mesures de prévention : désinfection du matériel, contrôle avant travaux, méthodologie d’intervention pour éviter de blesser les arbres et de disperser les sciures infectées par le chancre.
Voies navigables de France étudie les mesures qui pourraient être mises en place afin de limiter la propagation de la maladie par les bateaux.
ET DEMAIN, COMMENT ÉVITER UNE NOUVELLE CONTAMINATION ?
Au delà de la question du traitement actuel de la maladie, se pose celle de l’anticipation que prend en compte le projet en cours. Le programme de replantation du paysage du canal du Midi préconise qu'une essence « jalon » récurrente sur tout le linéaire et équivalente à 40 % des alignements soit sélectionnée comme base du paysage, afin de garantir une homogénéité du paysage. L’essence jalon retenue devra :
– avoir une taille supérieure à 30m ;
– pouvoir pousser au bord de l’eau ;
– vivreplusde150à200ans;
– résister aux différents parasites ;
– s’adapter à différents sols et milieux ;
– présenter un ombrage de qualité avec un potentiel de voute ;
– être caduque ;
– présenter de préférence une écorce claire.
Peu d'essences répondent à autant de critères. Néanmoins des recherches ont permis de sélectionner 7 essences : copalme d'orient, chêne des canaries, chêne à feuilles de châtaignier, pacanier, caryer à feuilles cordées, platane résistant, tilleul argenté. Ces essences sont pour la plupart absentes de nos régions françaises. VNF ne dispose donc pas de recul dans le contexte du canal du Midi. L'essence la mieux adaptée sera choisie à l'issue d'une phase d'expérimentation d'environ 10 ans.
Des essences intercalaires de hauteur plus faible (20-30m) seront implantées pour les 60 % du linéaire restant. Il s'agit d'essences plus familières au comportement connu (chêne chevelu, orme résistant, peuplier blanc, micocoulier, pin parasol, cyprès de Provence et pin d'Alep, tamaris, mûrier blanc, olivier de bohème pour les sols salés).
C’est l’ensemble de ce dispositif qui permettra à terme d’éviter une nouvelle contamination massive des arbres du canal du Midi.