CAP D'AGDE - Arènes du Cap : la course landaise, un spectacle inhabituel
Cette autre forme de tauromachie appartient au patrimoine culturel d’une partie du Sud-Ouest, la…
Cette autre forme de tauromachie appartient au patrimoine culturel d’une partie du Sud-Ouest, la Gascogne plus précisément. Se déroulant comme sa consoeur camarguaise sans mise à mort, elle avait pour un soir élu domicile dans notre station. Les dimensions de la piste (l’une des plus grandes avec celle de l’amphithéâtre nîmois) n’était pourtant pas faites pour faciliter les évolutions des toreros, cordiers et entraîneurs composant la cuadrilla de Guillaume Dussau, propriétaire-éleveur du bétail. Lequel nous confiera que « les vaches sont filles ou sœurs de toros de combat de race espagnole. Elles pèsent en moyenne 300 kilos environ, et vivent une bonne vingtaine d’années. Chacune a son prénom et, lorsque sonne l’heure d’une paisible retraite, elles manifestent souvent l’envie de se joindre encore à leurs congénères pour monter dans le camion les conduisant aux arènes. Il ne reste plus alors qu’à protéger les pointes des cornes avec des tampons, devenus indispensables au vu du nombre d’accidents mortels survenus avant la guerre de 1914-1918 ».
Mais la distance est longue depuis Aire-sur-l’Adour, et la chaleur au rendez-vous de la nocturne capagathoise de ce mercredi. Dans leurs boléros à paillettes de lumières et leurs pantalons blancs immaculés, les écarteurs Maxime Gourgues, Tom Capin et Quentin Du Berros se disaient prêts à assumer leur part de risques habituels. Tom nous confiera à l’entracte : « Ce sont les montées d’adrénaline et les bravos du public qui nous motivent. J’ai 17 ans et demi ; je suis né dans le Gers, à Aignan, et mon père était déjà dans le métier. Nous participons à une trentaine de courses par saison, de mars à octobre, et nous tournons à 9 écarteurs. Lorsque la temporada s’achève, je reprends ma place au talonnage dans mon équipe de rugby. Je traîne un peu la jambe depuis un accrochage aux arènes de Dax, mais nous nous entraînons comme des sportifs de haut niveau et nous sommes toujours prêts à faire face ».
Tom Capin le prouvera abondamment en piste. Après une série très serrée d’écarts (feinte d’un côté avant de pivoter de l’autre), il sera déséquilibré par la patte arrière de la fougueuse coursière. Mais il reviendra affronter à nouveau le danger comme si de rien n’était, et il réussira à faire se lever le public. Un autre espoir, Quentin Du Berros, affichera lui aussi, pour sa deuxième course seulement, de belles promesses. Et Maxime Gourgues, champion de France des jeunes en titre, nous réservera le clou de la soirée, un écart au millimètre, les pieds dans un mouchoir, la vache passant comme une fusée dans le creux des reins.
Certes, la corde reste indispensable pour placer la bête et trouver la bonne ligne d’attaque, mais aucun des amateurs conviés par le speaker à s’y essayer, ne sautera en piste : nous les comprenons parfaitement…
La sixième et dernière coursière, dénommée Laura, aura droit à de spectaculaires bonds à pieds joints au dessus de ses cornes et à un impressionnant saut de l’ange de l’autre Guillaume de la cuadrilla. Lequel, dans sa réception, se blessera malencontreusement au poignet et à l’épaule. Dommage, mais la course landaise reste une spécialité à hauts risques. Il reviendra toutefois pour un dernier salut avec ses compagnons au son de la traditionnelle Marche Cazérienne, sous les applaudissements nourris d’un public conquis.