CAP D'AGDE - CÉRÉMONIE PATRIOTIQUE - Commémoration du Débarquement en Provence
Moins connu que celui de Normandie, et pourtant décisif dans la conduite de la…
Moins connu que celui de Normandie, et pourtant décisif dans la conduite de la libération de notre pays en 1944, le débarquement en Provence est célébré à Agde chaque année, puisque c’est à la suite de ce dernier que la ville a été libérée de l’occupant allemand.
En ce lundi 15 août, il y avait foule au sommet de la Grande Conque, au Cap d’Agde. C’est avec l’aide des associations «L’Escouade 39-45» et MVCG Languedoc-Roussillon que cette cérémonie aura pris de l’ampleur grâce à la reconstitution d’un camp US au pied du promontoire et à la présentation d’une vingtaine de véhicules militaires d’époque.
La journée a commencé par un défilé des engins au travers du Cap d’Agde jusqu’au lieu de la cérémonie, où le Maire Gilles D’Ettore est arrivé en jeep, bientôt rejoint par Sébastien Frey, Premier Adjoint au Maire et Conseiller Départemental, par la fanfare, les porte-drapeaux, les représentants des associations patriotiques et de nombreux élus d’Agde.
Après la levée des couleurs et le dépôt de 5 gerbes de fleurs au nom des associations patriotiques et du Conseil Municipal, puis le salut rendu aux morts, c’est avec beaucoup d’émotion que Paul Alric, Président des Anciens Combattants d’Agde, a pris la parole, avec l’émotion de ses 95 ans et de ses 72 années passées à raconter ce conflit auquel il a lui-même participé, afin que le devoir de mémoire ne s’arrête pas. Il a donc demandé à quelques anciens combattants de se joindre à lui avant de rappeler les circonstances et les objectifs de cette opération du débarquement en Provence sur laquelle «on s’attarde peu dans les livres d’histoire de notre pays» et «qui, pourtant, a mobilisé 400 000 hommes dont près de 300 000 Français de la Première Armée. (…) Les pertes, malheureusement très lourdes, ont été chiffrées à 40 000 tués, Européens ou non, et 72 000 blessés, dont beaucoup succomberont dans les hôpitaux de l’arrière. Mesdames et messieurs, votre présence massive, ici, démontre bien que vous restez attachés au devoir de mémoire. Cet emplacement, choisi pour y installer la stèle, n’est pas le fruit du hasard. Caractérisant le débarquement, il surplombe la côte méditerranéenne, domine les restes d’anciens blockhaus comme un défi écrasant à l’homme dominateur, pour lui rappeler le bon sens, pour que plus jamais ne se produisent des guerres meurtrières et destructrices. (…) Je terminerai sur une citation faite si justement par M. Albiges, Président National des Anciens Combattants de l’Armée d’Afrique : les cérémonies du souvenir doivent être le recueillement de vous-mêmes en mémoire de ceux qui sont morts au cours de durs combats qui nous ont éprouvés».
Paul Alric a ensuite cédé la parole au Maire Gilles D’Ettore, qui a pour sa part rappelé que «chaque année, nous célébrons en ces lieux symboliques qui surplombent la Méditerranée, le débarquement en Provence des forces alliées. Cette opération militaire de grande envergure, conduite par le Général de Lattre de Tassigny, fut déterminante pour la libération du pays. 260 000 combattants français, venus de Métropole et d’Outremer, y participèrent, chiffre qui vient souligner l’importance de la contribution française dans la défaite du 3ème Reich. Quatre ans auparavant, le Maréchal Pétain, incarnation de tous les renoncements, avait sacrifié l’armée française en sollicitant une armistice hâtive et déshonorante. Durant les mois qui suivirent, à l’appel du Général de Gaulle et à l’initiative de patriotes venus de tous les horizons politiques, des unités combattantes furent créées au sein de la France libre et de la Résistance intérieure.
C’est à ces hommes-là que nous rendons hommage aujourd’hui. Par leur sacrifice, ils ont redonné à la France son indépendance et sa souveraineté. Beaucoup venaient d’Afrique du Nord. Ils étaient chrétiens, juifs ou musulmans, mais combattaient au sein d’une même armée avec la même détermination, au service de leur pays. Ils étaient liés par cette fraternité d’arme qui trouve toute sa noblesse quand elle s’emploie au bénéfice d’une cause juste, en l’occurrence celle de la France et au-delà, celle de la dignité humaine. Ce combat au service de cette double cause, nous devons continuer à le mener. A l’ennemi d’hier, le Nazisme, s’est substitué celui d’aujourd’hui, l’Islamisme, mais sur le fond, il s’agit de deux totalitarismes en bien des points comparables.
Une nouvelle fois, la France, terre de liberté et pays des lumières, est agressée car elle reste, pour les ennemis de l’humanité, l’incarnation historique du triomphe des valeurs démocratiques et républicaines qui rassemblent les hommes. Une nouvelle fois, c’est toute la nation qui va devoir se lever pour faire triompher ce qu’elle a de plus cher et qui se trouve dans sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité.
Mais ne nous méprenons pas, ce combat, pour être gagné, devra faire fi de tout laxisme et de tout angélisme. Le confort moral de quelques-uns fait souvent le malheur des autres. Or, nous voulons aujourd’hui que le combat soit mené sans faiblesse.
Je veux, à cet égard, saluer tout particulièrement, les militaires de la force Sentinelle qui, depuis le début de l’été, contribuent, aux côtés des Policiers Nationaux et Municipaux, à la sécurisation de notre littoral. Ils sont, tout au long de l’année, en France et sur les théâtres d’opérations extérieures, les dignes héritiers des Français libres auxquels nous rendons hommage en ce jour. La célébration de ce 15 août a donc un caractère particulier. Nous sommes à nouveau en guerre et nous le sommes sur notre territoire. Certes, nous ne subissons pas, comme en 1940, l’occupation de notre pays par une force militaire étrangère, néanmoins, l’ennemi est présent sur notre territoire et nous connaissons son visage haineux et l’apparence qu’il peut prendre.
Aussi, je le dis solennellement ici, quand on est en guerre et que l’on connaît son ennemi, on met tout en œuvre pour l’éliminer. La guerre n’est pas affaire de bonne conscience et de bons sentiments mais de courage, de détermination et d’efficacité. Il y a plus de 70 ans, des Français se sont battus, parfois jusqu’au sacrifice de leur vie, pour que la France continue à vivre selon ses valeurs et ses principes. Le meilleur hommage que nous puissions leur rendre, c’est de reprendre ce combat et de le mener sans relâche.
Vive la République. Vive la France.»
En clôture de la cérémonie, la médaille d’Officier de l’Ordre National du Mérite a été remise à Jean-Yves Salsédo des mains du Colonel Jean-Pascal Ruviera, au nom de l’UNC.