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CAP d'AGDE - Le Cap d'agde et son histoire ... en librairie

Le Cap d'Agde a son histoire ... et depuis quelques jours un premier ouvrage…

Le Cap d'Agde a son histoire … et depuis quelques jours un premier ouvrage retracant cette derniére . Jean Sagnes Président du Groupe de Recherches Historiques Agathoises nous fait ci dessous la présentation de l'ouvrage que vous pouvez retrouver dans toutes les librairies et presse de la commune. 

Un ouvrage qui retrace l'histoire de notre Cap des origines au début des travaux…. A découvrir et à lire pour la mémoire bien sur .. et pour l'histoire ! 

En moins de quarante ans, le Cap d’Agde est devenu la plus grande station balnéaire de France. Mais que sait-on de son histoire ?

Le colloque, qui a réuni les 16 et 17 septembre 2011 seize universitaires et chercheurs, a eu l’ambition de répondre aux questions que tout le monde se pose sur la station concernant son cadre géographique, son histoire depuis l’Antiquité, l’attitude des édiles et de la population face à l’édification d’une station dont la naissance est le résultat d’une décision née au plus haut de l’Etat, la démoustication indispensable préalable à sa création, la mission Racine à qui est revenu l’aménagement de la côte du Golfe du Lion, le style architectural adopté par Jean Le couteur, les étapes de la construction de la station, le musée de l’Ephèbe, l’évolution de sa clientèle touristique, la toponymie urbaine.


PRÉSENTATION par Jean SAGNES,
Professeur émérite à l’Université de Perpignan Via Domitia
Président du Groupe de Recherches Historiques Agathoises

 

La station du Cap d’Agde est une des six stations dont la Mission interministérielle pour l’aménagement du Littoral du Languedoc-Roussillon, dirigée par Pierre Racine (d’où le nom de « Mission Racine ») a décidé la construction en 1963 sur le territoire de la commune d’Agde. La décision d’aménager pour le tourisme la côte du golfe du Lion est alors une grande première en France. Jusque là, le tourisme s’était développé sur les littoraux d’une façon spontanée en fonction des conditions naturelles, les pouvoirs publics se contentant de suivre le mouvement sans vraiment modifier le «  bourgeonnement désordonné des centres balnéaires ». En 1963, il s’agit d’inventer quelque chose de tout à fait nouveau. Or, c’est le Languedoc-Roussillon qui est choisi pour mener à bien cette opération sans précédent.

Contrairement à une idée reçue et trop complaisamment colportée quelquefois, lorsque la Mission interministérielle arrive en Languedoc-Roussillon, elle ne trouve pas une côte déserte. Cette côte a effet été fréquentée depuis ma plus haute Antiquité. Tout au long des 200 kilomètres qui vont du Petit Rhône aux Albères, on compte plus d’une vingtaine de stations (même si le terme paraît un peu ambitieux pour certaines d’entre elles) où l’on vient prendre des bains de mer depuis le milieu du XIXe. Du nord au sud, se succèdent ainsi bien avant l’apparition de la Mission Racine : Le Grau du Roi à l’embouchure du Vidourle, Carnon, Palavas-les-Flots à l’embouchure du Lez, Sète, Balaruc-les-Bains sur l’étang de Thau, Marseillan-Plage, le Grau d’Agde à l’embouchure de l’Hérault, Valras –Plage à l’embouchure de l’Orb, Saint-Pierre-sur-Mer, Narbonne-Plage, Gruissan, La Franqui, Leucate-Plage, Le Barcarès, Sainte-Marie, Canet-Plage, Saint-Cyprien, Argelès-sur-Mer, Le Racou et, sur la côte rocheuse, Collioure, Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer, Cerbère plus quelques autres lieux pratiquement sans habitations mais fréquentés régulièrement depuis longtemps  par quelques centaines d’estivants (plages de Frontignan, du lido de Sète, de Vias, de Portiragnes, de Sérignan, de Torreilles). La plupart  de ces agglomérations sont récentes et datent du XIXe siècle sauf les villes-ports de commerce de Sète, fondée au XVIIe siècle, et de la Côte Vermeille qui, elles, remontent à l’Antiquité (Collioure, Cerbère, Port-Vendres) ou au Xe siècle (Banyuls-sur-Mer).

C’est en général au cours de la première moitié du XIXe siècle qu’une population fixe apparaît qui s’installe souvent dans des cabanes voire des paillotes. Ce sont des pêcheurs d’origine languedocienne et quelquefois italienne qui pratiquent en été le nomadisme sur les plages. La mode des bains de mer apportée en France sous la Restauration atteint les rives du golfe du Lion au milieu du XIXe siècle. Le paradoxe est que partout sur la côte les habitations se multiplient, le nombre des baigneurs voire des malades  venus chercher la guérison augmente alors que les conditions d’hygiène laissent fortement à désirer. Durant la première moitié du XX° siècle encore, les égouts des grandes villes voisines se déversent dans les fleuves côtiers en bordure desquels  se trouvent ces stations :égouts de Montpellier dans le Lez, d’Agde dans l’Hérault, de Béziers dans l’Orb. De plus, la présence des moustiques est permanente en bordure des étangs et des zones marécageuses et toutes les stations sont affectées.

               Peu à peu pourtant, ces agglomérations du bord de mer grandissent, des églises s’y édifient (en 1841 à Palavas, en 1903 au Grau d’Agde, en 1913 à Valras). Certaines de ces agglomérations réussissent à couper le cordon ombilical  qui les rattache à leur commune d’origine. Palavas, d’abord rattachée à Mauguio, devient commune en 1850. Valras, d’abord rattachée à Sérignan, devient commune en 1931. Chaque station est reliée à la grande ville la plus proche par un mode de locomotion particulier. Palavas est d’abord reliée à Montpellier par un bac, puis par la route en 1851 et enfin par le chemin de fer de 1872 à 1968. C’est le petit train de Palavas rendu célèbre par le dessinateur Dubout. Valras est relié à Sérignan par la route en 1855 puis à Béziers par des voitures tirées par des chevaux à partir de 1879 avant que, de 1901 à 1948, l’essentiel des voyageurs ne soit transporté par le tramway électrique sur rails, les autobus prenant ensuite le relais. Ce sont des voitures à traction animale qui assurent les trajets entre Agde et le Grau d’Agde de 1890 à 1930 mais il existe aussi, à partir de 1900, des bateaux à vapeur les jeudis et dimanches d’été. A partir de 1936, les autobus prennent le relais.

             Au lendemain de la seconde guerre, ces stations anciennes connaissent un nouvel essor. Mais une de leurs  caractéristiques, est la présence sur leur territoire d’un habitat précaire de loisir constitué de baraques construites avec les matériaux les plus divers ainsi que la forte présence du camping sauvage.

L’idée de l’aménagement touristique de la côte du golfe du Lion  est née en avril 1959 chez Abel Thomas, commissaire à l’aménagement du territoire pour le Massif central et a été approuvée aussitôt par Pierre Sudreau, ministre de la Construction. Cependant, rendre public un tel projet n’aurait pu que déchaîner sur le littoral la spéculation foncière. C’est pourquoi le projet est alors gardé secret. On va utiliser l’agent foncier de la Compagnie du Bas-Rhône-Languedoc pour procéder à de nombreux achats de terres en bordure de la côte. On ne parle jamais d’un futur aménagement touristique, « on parle seulement d’assainir les zones marécageuses, de reboiser ou de créer de nouvelles terres agricoles ». Pendant deux ans, 1 200 hectares sont ainsi achetés dans la plus grande discrétion. Lorsque la mission Racine voit le jour en juin 1963, il faut certes procéder à l’achat au grand jour de 3 000 hectares supplémentaires soit environ 700 par station mais  l’achat discret des 1 200 hectares judicieusement choisis a été essentiel. De plus, par la déclaration d’utilité publique, l’Etat crée des zones d’aménagement différé  (ZAD) autour des terrains à acquérir soit environ 25 000 hectares. L’État dispose ainsi d’un droit de préemption. qui s’exerce aux prix évalués par l’administration des domaines. En dehors de la commune d’Agde, il y aura finalement peu de problèmes avec les propriétaires de ces terrains pour acquérir ces derniers et pour lancer les stations. Au fil des années cependant, la pression immobilière se renforcera ainsi que les oppositions et il faudra en 1977 élaborer un schéma d’aménagement du littoral plus strict et différer sine die l’opération de l’embouchure de l’Aude.

            Entre septembre et décembre 1963 est établi le plan directeur d’aménagement du littoral qui prévoit de répartir l’accueil  d’un million d’estivants sur  six unités touristiques séparées par des espaces naturels protégés. Le plan directeur d’aménagement, qui comporte aussi un ambitieux programme de démoustication, est   approuvé  par Olivier Guichard, qui dirige la toute nouvelle DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) créée le 14 février 1963. L’aménagement touristique du Languedoc-Roussillon est la première opération lancée par la DATAR. Enfin, le plan directeur d’aménagement est approuvé par la Mission interministérielle pour l’aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon dirigée par Pierre Racine, conseiller d’Etat et directeur de cabinet du Premier ministre Michel Debré de 1959 à 1962. La mission dépend directement du Premier ministre, ce qui lui assure une liberté exceptionnelle et sans précédent. Elle pourra ainsi passer outre les cloisonnements administratifs. La mission décide seule, en liaison avec le Premier ministre, des opérations à mener pour créer les stations de La Grande Motte et Carnon, Le Cap d’Agde, l’embouchure de l’Aude, Gruissan, Port Leucate, Port Barcarès. Il est à noter que la future station de Port Camargue dépend de la chambre de commerce et d’industrie de Nîmes et celle de Saint-Cyprien de la Caisse des dépôts et consignations mais leur plan d’urbanisme est approuvé par la mission. Aucun ministère n’a le pouvoir de remettre en cause ce qui a été arrêté par la mission. De plus, celle-ci bénéficie en matière d’urbanisme d’une réglementation particulière. La mission ira même jusqu’à ne pas respecter dans certains cas les règles d’urbanisme en vigueur. Elle dispose aussi d’une liberté totale pour l’utilisation des crédits que lui alloue l’Etat.

     Il ne s’agit pas pourtant d’imposer aux collectivités territoriales le nouveau plan régional d’aménagement et le plan d’urbanisme des stations nouvelles. Il faut convaincre les conseils généraux des quatre départements intéressés et les maires des communes choisies. Il faut donc faire preuve de diplomatie, rencontrer les élus, obtenir leur assentiment. C’est l’État, le département et la commune intéressée qui créent ensemble la station nouvelle. L’État confie au département la construction de la nouvelle station. Celui-ci délègue ses pouvoirs à une société d’aménagement de type société d’économie mixte. Pour le Cap d’Agde, c’est la Société d’Equipement du Biterrois et de son Littoral (SEBLI) fondée en 1963. L’Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral, créée en 1958 et présidée par le président du conseil général de l’Hérault, est  également sous l’autorité de la mission interministérielle.

              Dépend aussi directement de la mission Racine le groupe d’architectes dirigé par Georges Candilis. La construction de chaque station nouvelle est en effet confiée, on l’a vu, à un architecte : Georges Candilis pour Leucate-Barcarès, Jean Le Couteur pour Le Cap d’Agde, Jean Balladur pour La Grande Motte, Raymond Gleize et Édouard Hartané pour Gruissan…

             Dès le début, le rôle de chacun est attribué. L’État prend en charge le coût des grands équipements. C’est ainsi que la mission interministérielle se voit attribuer 800 millions de francs qu’elle répartit entre les sociétés mixtes d’équipement qu’elles soient émanations des collectivités locales ou associées aux chambres de commerce et d’industrie. Grâce aux crédits d’Etat et aux emprunts, ces sociétés exécutent les grands travaux. Une fois équipés, les terrains sont vendus sans bénéfice aux acquéreurs privés que ce soit des promoteurs, des groupements sociaux, des particuliers. Les constructions proprement dites sont réalisées par le secteur privé. Le PUIR (plan d’urbanisme d’intérêt régional) initial prévoit six unités touristiques dont cinq seulement seront réalisées, celle de l’embouchure de l’Aude étant abandonnée. Au total, ce sont six stations qui seront créées : Port Camargue et  La Grande Motte (Unité touristique de La Grande Motte), Cap d’Agde (UT du Bassin de Thau) ? Gruissan (UT de Gruissan), Port-Leucate et Port-Barcarès (UT de Port-Leucate et Port-Barcarès). Il faut ajouter à ces six stations à construire, trois stations existantes qui seront aménagées : Carnon (UT de La Grande Motte), Canet-en-Roussillon, Saint-Cyprien, Argelès-sur-Mer (UT de Saint-Cyprien).

                La première opération lancée par la mission interministérielle est celle de la démoustication. Son urgence n’est contestée par personne. C’est même une priorité absolue  dont la réussite  est la condition nécessaire au succès des réalisations ultérieures. Cette tâche est confiée à l’Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral jusque là limitée dans ses moyens.

             La deuxième opération est celle des grands travaux d’équipement pour lesquels les moyens les plus modernes sont employés. Il s’agit de combler les terrains marécageux, de creuser des ports, de construire des routes, d’amener l’eau, l’électricité, de mettre en place le réseau d’assainissement. Ces travaux commencent au début février 1965 à la Grande Motte. Le premier port est également inauguré à la Grande Motte en juillet 1967. Le 24 octobre 1967, le général de Gaulle visite plusieurs chantiers sur le littoral. Les architectes doivent quelquefois batailler pour faire accepter leurs projets par les sociétés d’économie mixte dont ils dépendent. Partout, de grands parkings, des espaces verts en abondance, des placettes, des commerces, des ports voisinent avec des habitations. D’une façon générale, c’est le piéton qui est roi et non l’automobiliste. Rapidement, les stations s’équipent, les logements reçoivent leurs premiers occupants et les ports leurs premiers bateaux de plaisance.

               Dès le début, un gros effort est fait pour l’organisation des loisirs. On construit des courts de tennis, des mini-golfs, des discothèques, des parcs d’attraction mais aussi des maisons de produits régionaux, des casinos tandis que s’installent des chantiers navals, des voileries etc. Les responsables de la mission interministérielle développent les installations collectives. Le but de l’aménagement du littoral étant d’attirer le plus grand nombre de touristes, il faut faire place au tourisme social aux côtés du tourisme commercial. Les dirigeants de la mission prennent contact avec les comités d’entreprise, les responsables syndicaux nationaux. En même temps, la mission demande aux sociétés d’aménagement de vendre même à perte des terrains bien placés et non relégués à la périphérie des stations pour les centres de vacances des PTT, de l’EDF, de la SNCF etc. Villages de vacances, colonies de vacances, campings sont ainsi réservés dans toutes les stations. Alors qu’en 1963, il y a sur le littoral 36 000 campeurs, on en compte 800 000 dès 1977. On doit souligner également l’effort fait en faveur du naturisme avec Port Nature à Cap d’Agde et les villages Aphrodite et Ulysse à Port- Leucate.

              Une attention particulière est  portée à l’environnement en liaison avec l’Office national des forêts. Les efforts portent dans trois directions : créer des espaces verts dans les stations nouvelles ou anciennes ; reboiser ; distribuer gratuitement des centaines de milliers de plants aux particuliers. Tous ces espaces verts, publics ou privés, sont généreusement pourvus en eau désormais abondante.

            En 1975, la création du Conservatoire de l’espace littoral et des espaces lacustres vient compléter l’action déjà entreprise. Il s’agit d’assurer la protection définitive des espaces naturels fragiles ou menacés. Parallèlement, des sites naturels présentant un intérêt scientifique sont classés. Ces nouvelles dispositions complétées par la loi littoral de 1986 qui a pour but de maîtriser le développement des constructions, de protéger les équilibres biologiques et écologiques et de préserver les activités liées à l’eau, aux forêts, aux activités existantes. Cette loi instaure en bordure du rivage une bande de 100 mètres inconstructible.         Dans cette même perspective de protection et de mise en valeur de l’environnement, il faut placer la lutte contre les baraques, cabanons, paillotes et autres constructions précaires. En 1972, la mission interministérielle entreprend de résorber ces constructions pour des raisons hygiéniques, esthétiques et de sécurité. La suppression de ces constructions est menée en liaison avec les municipalités et en concertation avec les occupants mais en de nombreux endroits, l’opération en effet est difficile à mener à bien devant la résistance des occupants. De la même façon, mais avec des résultats plus rapides et plus probants, la lutte est menée contre le camping sauvage.

             Dans la mesure où l’aménagement du littoral a été décidé en haut lieu sans concertation préalable avec la population intéressée, il était inévitable qu’une partie de celle-ci perçoive cette opération comme une sorte de greffe imposée et que se produisent donc des manifestations de rejet. Dès le début  de 1963, l’annonce maladroite par le ministre de la Construction Jacques Maziol  sur la côte d’une « nouvelle Floride » est pour le moins mal perçue dans la région. D’un autre ordre est la résistance acharnée opposée aux procédures d’expropriation lancées peu après par plusieurs centaines de petites propriétaires du Cap d’Agde prompts à déceler dans cette opération la spéculation immobilière.

              Mais l’opposition n’est pas simplement d’ordre économique ou politique, venant de la presse communiste et surtout des mouvements occitanistes d’extrême gauche, elle peut être aussi d’ordre esthétique. Jean Balladur raconte comment, pour imposer ses pyramides et ses espaces verts à la Grande Motte, il doit vaincre l’opposition des banquiers, des promoteurs et même du secrétaire général de la mission Racine ainsi que du directeur de la Société d’aménagement  du département de l’Hérault

             La critique de l’aménagement du littoral prend aussi l’aspect de la fiction littéraire. En 1975, paraît aux éditions Grasset  L’homme de sable, roman de Jean Joubert, qui a un certain retentissement puisqu’il obtient le prix Renaudot. Il suffit de lire les témoignages de Pierre Racine ou de Jean Balladur pour se rendre compte  que les acteurs principaux de l’aménagement du littoral ont toujours été très attentifs à ces manifestations. Pourtant, la masse des habitants de la région est longtemps restée dans l’expectative observant souvent avec plus de curiosité que de véritable inquiétude les constructions qui s’élèvent entre l’embouchure du Rhône et les Albères. Quant aux élus, une partie d’entre eux et non des moindres est partie prenante dans les sociétés d’aménagement du littoral.

             Il importait cependant pour la mission interministérielle de ne pas laisser se développer une hostilité qui pouvait contrarier l’ensemble des projets. Aussi, fallait-il gagner la bataille de l’opinion en même temps que l’on s’efforçait de faire la promotion des nouvelles stations en  France et à l’étranger. D’où l’importance des opérations médiatiques et de l’animation de la saison touristique. Des personnalités connues (navigateurs, sportifs, chanteurs…) défilent à grand renfort de publicité dans les nouvelles stations. Le marché immobilier se développe, la fréquentation touristique est en constante augmentation sur l’ensemble du littoral avec, dès la fin des années 1970, environ 20 % d’étrangers .Parallèlement, une population sédentaire s’installe dans ces stations.

           Trois décennies après il n’est pas illégitime, au delà de la réussite économique incontestable de l’opération, de se poser un certain nombre de questions. En particulier, on peut se demander si on n’a pas trop construit, trop vite et avec des matériaux trop légers. Dans bien des cas, le confort et l’isolation phonique  ne sont pas au rendez-vous. De même, l’équipement hôtelier apparaît comme nettement insuffisant. Aujourd’hui, ces stations ont besoin d’être rénovées. Certains regrettent aussi qu’elles aient modifié l’équilibre économique régional et accéléré la disparition d’un certain tourisme populaire. Mais il n’en est pas moins vrai qu’elles ont créé de nombreux emplois et elles ont depuis longtemps un niveau de fréquentation élevé, ce qui était l’objectif recherché. Elles  sont aujourd’hui  partie intégrante du paysage régional.

            Tel a été le contexte dans lequel s’est édifiée la station du Cap d’Agde, partie intégrante de la commune d’Agde.Avant la présente initiative, deux ouvrages s’étaient attachés à retracer les grandes heures de la station avec une riche iconographie montrant les étapes de sa construction, les grands événements  notamment festifs marqués par la présence des plus grands artistes, culturels et sportifs (compétitions de voile, de beach volley, tournois de tennis avec les plus grands champions, Jeux Méditerranéens de 1993), rencontres cinématographiquess. Le présent ouvrage, a pour but d’aller plus loin dans la connaissance de l’histoire du Cap d’Agde depuis la plus haute Antiquité. Après que Solange Sagnes ait présenté les formes du relief volcanique qui expliquent l’aspect physique les lieux, les archéologues Iouri Bermond, Hervé Pomarèdes et Marie-Pierre Jézégou évoquent les richesses antiques, terrestres et maritimes de la zone du Cap tandis que Odile Bérard-Azzouz en présente les vestiges conservés au Musée de l’Ephèbe. Puis Stéphane Durand et Irène Dauphin retracent l’histoire de cette partie du territoire agathois du XVIIIe siècle au milieu du XXe. Nul n’était mieux placé que le médecin-général Jean Cousserans, qui a dirigé la démoustication sur l’ensemble du littoral, pour apporter son témoignage sur cette opération d’envergure. Chritine Delpous-Darnige et  Pierre Soliva montrent  comment la population agathoise s’est positionnée par rapport à cette construction extraordinaire dont elle n’avait pas eu l’initiative. L’édification de la station fait, ensuite, l’objet de l’intervention d’Irène Dauphin, tandis que François Pinchon retrace les polémiques autour  des styles architecturaux adoptés par la Mission Racine et que André Soulier et à Christian Bèzes étudient l’évolution de la clientèle touristique de la station. Enfin, Richard Vassakos montre, à travers le choix des noms de rues, comment les municipalités ont d’abord voulu assurer la promotion de la station avant de choisir l’enracinement local.


G. Cazes, R.Lanquar et Y. Raynouard, L’aménagement touristique, PUF, 1980. On peut également se reporter à : C. Lacour, Aménagement du territoire et développement régional, Dalloz, 1983 ; Tourisme et développement local et régional, Actes des colloques d’Amiens et de Lille, 1987 et, sur un plan plus général, à la brève synthèse de M. Boye, Histoire du tourisme de masse, PUF, 1999.

L. Mendez et A. Mendez, Aménagement d’une commune tripolaire : Agde (Languedoc-Roussillon), mâitrise de géographie, Université Paul Valéry-Montpellier 3, 1989.

P. Racine, Mission impossible ? L’aménagement touristique du littoral Languedoc-Roussillon 1980.

 Ibid. p. 93

 constitué qu’en 1974.

Les présidents successifs de la SEBLI seront les maires de Béziers : Émile Claparède (1963-1966), Pierre Brousse (1966-1977), Paul Balmigère (1977-1983), Georges Fontès (1983-1989), Alain Barrau (1989-1995), Raymond Couderc depuis 1995.

Sur un plan plus général, on peut se reporter au numéro spécial du Journal Officiel, 1984, n° 4, intitulé « Les sociétés d’aménagement régional et les missions interministérielles d’aménagement touristique ». Ce numéro contient les avis et les rapports du Conseil économique et social. Concernant la région, voir : S. Corneille, Les suites de la mission Racine à travers l’étude comparée du Cap d’Agde et de Gruissan, maîtrise d’urbanisme, Université de Nanterre, 1994 .

 J. Balladur, La Grande Motte. L’architecture en fête ou la naissance d’une ville, Espace Sud, 1994, pp. 90-92. La réunion a lieu en juin 1967 dans le cabinet de Jean Balladur.

Il serait fastidieux de citer tous les organes de presse qui ont participé à la promotion de l’aménagement du littoral. Citons cependant un des tous premiers articles, sinon le premier dans la presse nationale, celui de Paris Match en date du 1er août 1964. Sous le titre « Voici la Floride de demain : le Languedoc », le journal parisien donne le ton : « En Languedoc et en Roussillon, une révolution se prépare. Le long de la Méditerranée y existaient les plus belles plages de France : elles étaient à l’abandon. Désormais tout va changer. Supervisée par l’État, une gigantesque entreprise commence : en dix ans, elle va transformer les grèves désertes en stations futuristes » !

Pour de plus amples détails sur ce sujet, nous renvoyons à : Jean Sagnes, « L’aménagement touristique de la côte du golfe du Lion »,  in Deux siècles de tourisme en France (Dir. J. Sagnes), Presses Universitaires de Perpignan, 2001.

Sur Agde, on peut consulter : Agde, 2600 ans d’histoire (Dir. J. Sagnes), Privat, 2006. .

Voir  l’ouvrage de Roger Frey, Luc Malepeyre et Georges Renault, Cap d’Agde 1970-2000. L’histoire de la plus grande station touristique française, Éditions G. Renault, Agde, 2000 ainsi que Spécial 40 ans. Le Cap d’Agde, une aventure, Mairie d’Agde, juin 2010.


Illustration de couverture : Cathédrale Saint-Etienne et décoration intérieure du château Laurens d’après un cliché de Laurent Uroz.

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