Christian Rouchon, DG du Crédit Agricole du Languedoc : « Les taux d’intérêt sont toujours très incitatifs »
Christian Rouchon, directeur général de la banque coopérative régionale, insiste sur les taux durablement bas et l’utilité d’investir dans l’immobilier.
Comment les taux d’intérêt évoluent-ils ?
Christian Rouchon : « Ils sont toujours très bas : moins de 1 % pour les prêts immobiliers d’une durée inférieure à dix ans, autour de 1,3 % pour vingt ans. Ce sont des taux très incitatifs, inférieurs à l’inflation. On ne s’attend pas à des remontées de taux violentes. »
Est-ce le bon moment d’acheter ?
Christian Rouchon : « Structurellement, investir dans l’immobilier n’a que des vertus. C’est une forme d’épargne inversée qui permet à l’investisseur de constituer un patrimoine et de préparer la retraite. Les jeunes qui investissent dans l’immobilier anticipent le financement de leur retraite, en créant du capital. Bien sûr, il faut bien choisir le bien. Nous sommes là pour faciliter les recherches de nos clients. Rappelons que ce n’est pas parce que vous contractez un crédit de vingt ans que vous le rembourserez pendant vingt ans. La durée moyenne des crédits est comprise entre sept et huit ans. On emprunte sur une durée longue pour adapter le dossier à la capacité de remboursement, mais il est très rare d’aller au terme du crédit, du fait des événements de la vie : mutation professionnelle, séparation, revente pour aller sur un autre bien, etc. Enfin, le capital immobilier est bien mieux rémunéré que l’épargne. »
Les primo-accédants ont-ils besoin
d’un apport pour acheter ?
Christian Rouchon : « Un apport est toujours souhaitable, car il montre la capacité que l’on a eue d’anticiper l’investissement. Mais ce n’est pas le seul critère. Nous sommes aussi sensibles à des jeunes dont le devenir professionnel semble favorable, et dont on pense que les revenus vont augmenter. Certains jeunes investissent tôt, sans avoir eu le temps de se constituer un apport. Chaque cas est particulier, et les dossiers sont étudiés dans leur globalité. »
La crise a fragilisé certains secteurs d’activité. Est-ce un critère que vous prenez en compte dans les attributions de prêts immobiliers ?
Christian Rouchon : « Il y a tout le temps eu des aléas, pour les saisonniers par exemple. Nous regardons le mode de gestion financière du client, s’il a beaucoup d’incidents de paiement ou pas, si le projet porté semble trop ambitieux ou bien dimensionné… Tout est pris en compte. Je dis souvent : ‘La richesse n’est pas dans les revenus, mais dans les dépenses’. J’ajoute que les banques sont soumises aux contraintes du Haut comité de stabilité financière : un taux d’effort qui ne doit pas excéder les 35 %, et une durée de prêt qui ne doit pas aller au-delà de vingt-cinq ans. Nous avons essayé de plaider auprès de la Banque de France pour que la notion de reste à vivre soit prise en compte, mais cela n’a pas été retenu. Les nouvelles contraintes mises en place vont pénaliser certains investisseurs, y compris pour les résidences principales. »
Quelle est l’implication du Crédit Agricole
du Languedoc (CAL) dans l’immobilier régional ?
Christian Rouchon : « Nous représentons 35 % de parts de marché dans les prêts immobiliers auprès des particuliers, ce qui fait de nous le leader du marché. Le CAL n’est pas que financeur du logement. Nous facilitons aussi les projets des clients en qualifiant les biens, en travaillant avec eux sur le mode de financement, en les aidant à bien choisir leur assurance décès…
Une direction développement de l’immobilier vient d’être créée. Elle est active sur l’ensemble des composantes de l’offre immobilière : copromotion, partenariat sur certains projets immobiliers (comme le futur campus de Montpellier Business School), activité de foncière, stratégie d’allotement. Nous réservons ainsi 30 % de certains programmes neufs (400 lots par an au total), sélectionnés sur des critères précis. Cela permet à ces opérations de sortir plus vite, et à nos clients de disposer de biens qualifiés. Lors de notre assemblée générale, le 30 mars, les statuts du CAL seront modifiés pour rajouter l’activité immobilière dans l’objet social. »
« Le Salon de l’Immobilier permet des contacts spontanés »
Au sujet du report pour cause de pandémie du Salon de l’Immobilier, Christian Rouchon indique : « Les affaires continuent de se faire à distance, mais c’est encore mieux lorsqu’on est en présentiel. Le Salon de l’Immobilier permet des contacts spontanés. À travers ces échanges physiques, on imagine des choses auxquelles on ne pensait pas, on se retrouve à plusieurs autour d’un café. Les intervenants dans l’immobilier sont multiples ; nous avons besoin de ces moments ! Sans oublier le changement de municipalité : le salon est le lieu pour connaître les nouvelles orientations de l’exécutif, qui détermineront l’urbanisme et l’immobilier de demain. »