ECOPÔLE OU TORCHE A PLASMA ? NI L’UN, NI L’AUTRE.
Il n’est qu’à observer le résultat plutôt catastrophique du procédé de méthanisation mis…
Il n’est qu’à observer le résultat plutôt catastrophique du procédé de méthanisation mis en place par l’agglomération de Montpellier (Amétyst) pour être convaincu, si c’était nécessaire, que le projet comparable d’Ecopôle à la Valasse n’est pas acceptable. Tout le monde se mobilise contre ce projet, et c’est bien. Pour autant, le procédé de torche à plasma, avancé comme alternative par le président de notre agglomération, ne l’est pas davantage.
En effet celui-ci, qui n’est rien d’autre qu’un incinérateur amélioré, où la turbine à vapeur est remplacée par une turbine à gaz, n’a pas apporté la preuve de sa fiabilité pour le traitement des ordures ménagères, en particulier pour sa part organique. Notons aussi que les études effectuées sur ce sujet n’abordent pas les questions de pollution pour l’environnement. Par contre, le risque d’explosion est évoqué.
Dans ce projet, il est prévu que les camions collectant les ordures ménagères des 49 communes du Sictom convergeraient pour déverser leur contenu sur le site retenu, entre Bessan et Saint-Thibéry, au cœur de notre agglomération, à proximité immédiate de sites urbains, bien en vue pour accueillir les touristes en provenance de l’A9 et l’A75. Par ailleurs, Gilles D’Ettore soutient l’alternative «torche à plasma » proposée par la municipalité de Fabrègues, à l’autre bout de sa circonscription. Il est bien évident que deux torches à plasma expérimentales ne s’installeront pas simultanément dans l’Hérault. Cela signifierait-il que nous serions prêts à accueillir aussi les 120 000 tonnes de déchets annuels envisagés sur ce site ? Ainsi, avec les 60 000 tonnes prévues sur le territoire du Sictom, nous atteindrions à nouveau le niveau énorme avancé à l’origine du projet (identique à celui de l’Ecopôle). Tout cela est très inquiétant.
Pour argumenter de l’intérêt de la torche à plasma, il est mis en avant que l’investissement serait assuré par une société privée, et que le coût du traitement serait moindre qu’actuellement (comme pour l’Ecopôle d’ailleurs). Sauf que cette société se trouverait alors en position de monopole, d’exclusivité même. Qui peut nous faire croire qu’une société multinationale ne profiterait pas financièrement de cette situation privilégiée ? Le système de délégation de service public envisagé, censé maîtriser cet aspect, n’est pas une garantie totale. Par le biais des avenants successifs, les raisons d’augmenter le coût du traitement ne manqueront pas, nous y sommes habitués.
Au total, cela fait beaucoup de raisons de ne pas se lancer à l’aveuglette dans cette aventure. En vérité, ce sujet est bien trop déterminant pour notre environnement futur, et bien trop important en termes financiers, pour que nous le laissions à une société anonyme. Nous devons donc nous emparer nous-mêmes du traitement des déchets, par le biais du Sictom probablement, ou de l’Agglo si nécessaire. Trop de temps a été perdu. Certes, cela nécessitera un investissement public, mais celui-ci ne nous coûtera pas plus cher que la redevance à une société privée. A mon sens, s’il y a un sujet qui mérite une maîtrise publique, c’est bien celui-là. Ce serait un vrai placement d’avenir, et une garantie à tous points de vue. Au moment où des élus s’affichent à tout bout de champ comme les champions du développement durable, sur des sujets qui confinent souvent au gadget, il s’agit maintenant de montrer vraiment cette intention, et sur un sujet majeur, celui du traitement des déchets.
Défendre véritablement les intérêts de nos concitoyens, c’est assumer franchement cette question : en nous donnant les moyens d’un tri plus poussé (en particulier en milieu urbain et touristique), en favorisant encore plus le recyclage, en mettant en place la redevance au poids réel d’ordures enlevées, en séparant les bio-déchets des résiduels non valorisables, en créant des plateformes de bi-compostage traitant les déchets verts et organiques pour en faire un compost destiné à l’agriculture, en enfouissant les déchets ultimes inertes dans des décharges de classe 3 comme il en existe déjà 7 sur le territoire de notre Sictom.
Cette dynamique « vertueuse », initiée à moment donné, n’a aucune raison de rester en panne. Elle peut se poursuivre si nous le voulons, si nous prenons nos affaires en main !
Henri COUQUET, Conseiller municipal, « Agde Pays d’Agde ».