Experts-comptables de Montpellier : plein succès pour l'événement MonEntrepriseEn2018
Organisée le 8 février dernier à la salle Agora du Crès par l’Ordre régional des experts-comptables et ses partenaires, et devant plus de 180 chefs d'entreprise et décideurs, la soirée #MonEntrepriseEn2018 a abordé diverses problématiques concrètes auxquelles les entreprises sont confrontées, des nouveautés fiscales aux réformes Macron en passant par le dialogue social, la transformation digitale et la cybersécurité. Dans tous ces aspects, l’expert-comptable joue un rôle de conseil de plus en plus incontournable.
« Notre profession évolue vers le conseil, et notre mission est d’accompagner l’entreprise de manière complète », prévient Philippe Lamouroux, président du Conseil de l’Ordre des experts-comptables de la région de Montpellier, lors de son propos introductif. Cette dimension de conseil explique le changement de format de la soirée annuelle traditionnellement vouée à la nouvelle loi de finances et qui en 2018, tout en incluant ce thème, balaie de manière large l’actualité de l’entreprise. Elle met également en avant le dialogue social, la transformation digitale et la cybersécurité. « L’objectif est de répondre au plus près aux préoccupations qui s’expriment sur le terrain », affirme Philippe Lamouroux.
Fiscalité : des changements en 2018 et 2019
Dans son exposé sur les nouveautés introduites par la loi de finances 2018, Gilles Bouzeran, membre élu de l’Ordre des experts-comptables de Montpellier, insiste sur la Flat Tax, l’obligation de certification pour les logiciels de caisse, l’évolution du taux de l’impôt sur les sociétés. Pour sa part, Bernadette Rabiau, administratrice des Finances Publiques à la DDFIP 34, présente le prélèvement à la source, qui prendra effet en 2019.
Réformes Macron mises en avant
Le dialogue social dans l’entreprise est abordé via les réformes Macron et notamment les ordonnances travail, présentées par Pierrick Belen, membre élu de l’Ordre des experts-comptables de Montpellier. Il insiste sur les domaines pour lesquels les accords sont à trouver au niveau de l’entreprise (heures supplémentaires, primes d’ancienneté, conditions de travail…) et qui donc impliquent de véritables échanges entre direction et salariés. La mise en place du Comité social économique (CSE) en remplacement des anciennes instances représentatives du personnel a pour objectif de simplifier et de dynamiser le dialogue social.
Témoignage sur le « bon climat social »
Nombre d’entreprises n’ont pas attendu les réformes Macron pour chercher à promouvoir un dialogue social fructueux. Bernard Nicolau, directeur général adjoint d’Epsilog (Castries), souligne que depuis de nombreuses années, il insiste pour que les salariés (au nombre de 120 aujourd’hui) progressent et trouvent un sens à leur présence dans l’entreprise. Un environnement plaisant et un bon niveau d’activité économique sont favorables, mais il faut aller au-delà. « Deux personnes ont en charge le dialogue social, car il est essentiel que les salariés participent. Un système de discussions régulières entre responsables a été mis en place. Nous tenons à ce que les portes restent ouvertes », explique Bernard Nicolau.
Il s’implique lui-même fortement, par exemple en recevant chaque nouveau salarié pendant plus d’une heure, quel que soit le poste pour lequel il est engagé : « J’explique à chacun l’histoire de l’entreprise, sa culture, notre modèle économique, et je tiens à ce qu’il y ait pour chacun un circuit d’intégration ». Des réunions informelles ont lieu tous les quinze jours entre la responsable des ressources humaines et les représentants des syndicats. Bernard Nicolau estime que « les ordonnances Macron vont dans le bon sens. »
Tester l’holacratie
Certains vont plus loin encore et cherchent à rompre avec la hiérarchie propre à l’entreprise classique. Tel est le cas d’Arcadie, coopérative gardoise spécialisée dans les épices et les arômes alimentaires biologiques. Au démarrage des activités il y a une vingtaine d’années, « fidèles aux idéaux de mai 1968, nous avons privilégié les relations directes dans une ambiance familiale », souligne son ancien responsable, Bernard Kimmel, fondateur d’Arcadie avec son épouse. Mais avec le développement (100 personnes aujourd’hui), il a fallu changer le mode de gestion et « nos enfants, les nouveaux responsables, ont opté il y a un an pour l’holacratie. »
Avec ce nouveau système de prise de décisions, l’entreprise s’ouvre à la créativité de ses membres et les individus travaillent en intelligence collective. La base de l’organisation se fonde sur les cercles. Bernard Kimmel précise : « Pratiquement, les cercles de base correspondent aux services d’une entreprise classique, mais ils sont beaucoup plus souples. Par exemple, au cercle chargé des achats, plutôt que de se limiter à strictement commander des épices et plantes destinés aux arômes alimentaires, il a été décidé – à l’initiative de salariés – de s’engager dans la promotion de la filière agricole. Objectif : favoriser l’émergence de partenaires agricoles locaux ». Arcadie a aussi développé des services dont une crèche d’entreprise et promeut la participation des salariés au capital.
Alarme pour la cybersécurité des PME
Le recours aux nouvelles technologies, à commencer par le digital, a été l’un des sujets majeurs de la soirée. Mais la première des précautions est de s’assurer d’un bon niveau de cybersécurité. Or à ce niveau, le bât blesse. Erick Bullier, dirigeant de Sciurus Conseil, n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme, statistiques à l’appui. Il indique que 74 % des PME françaises ont subi des cyberattaques en 2017, le coût moyen d’une attaque réussie étant de 242.000 €. L’augmentation d’une année sur l’autre est très inquiétante, particulièrement pour les attaques avec demande de rançon (+ 748 % en 2017). 70 % des PME sont peu ou mal protégées, et seulement 37 % de celles de moins de 250 salariés sont bien préparées. « La situation est grave ! La cybersécurité constitue un risque majeur pour l’entreprise », affirme avec solennité Erick Bullier.
Pour gérer ce risque, il existe des solutions adaptées aux TPE et aux PME, mais « attention aux vendeurs de rêves et aux prestataires qui prétendent savoir tout faire », prévient le dirigeant de Sciurus Conseil. Selon lui, « il ne s’agit plus de savoir si vous serez touché, mais de savoir quand. Anticipez, préparez-vous et soyez en mesure de « digérer » les attaques qui arriveront fatalement, probablement en cours d’année. ». Il recommande de consulter sur Internet le Guide des bonnes pratiques de l’informatique (CPME / ANSSI) et le Guide d’hygiène informatique (ANSSI). Ultime mise en garde : le Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’Union européenne entrera en vigueur le 25 mai 2018.
L’entrée dans le monde du digital
Tout en devant veiller scrupuleusement à leur cybersécurité, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’engager sur la voie de la transformation numérique. Davy Teissier (société Disko) souligne que le digital implique non seulement une profonde modification de l’activité quotidienne avec la généralisation du travail à distance, mais aussi une transformation du modèle économique de l’entreprise. Il prévient : « Avec Internet, nous vivons une révolution sociétale et les très nombreuses start-up optant pour la digitalisation ont pour objectif de prendre des parts de marché aux entreprises qui fonctionnent de manière classique ». Dans le monde nouveau de l’économie numérique, il s’agit d’être en permanence attentif aux évolutions des marchés au niveau mondial et de ne pas hésiter à remettre en cause ce que l’on tient traditionnellement pour sûr.
Aider à la mise en place d’un nouveau modèle d’entreprise
Figurant parmi les 20 éditeurs principaux d’ERP en France, la société montpelliéraine Nout a développé le logiciel Simax, très souple, qui va nettement au-delà du traitement des données classiques comme la comptabilité. « Nous adaptons le logiciel à la stratégie de l’entreprise qui nous l’achète, par exemple en créant un extranet clients », indique Miren Lafourcade, cofondatrice de Nout. Elle ajoute cependant que le logiciel ne suffit pas en lui-même : « Parallèlement à l’introduction des techniques nouvelles, il faut nécessairement faire évoluer l’organisation de la structure et sensibiliser le personnel ».
La délicate mutation vers le numérique
La société Collectivision a développé son activité grâce aux droits de représentation acquis sur plusieurs milliers de films, ceux-ci pouvant être utilisés par ses clients pour toutes leurs diffusions publiques gratuites. Il s’agit par exemple d’autocaristes offrant ce service à leurs usagers. Le dirigeant de Collectivision, Stéphane Tesson, explique : « Notre marché est stable depuis une dizaine d’années, mais nous devons désormais muter pour passer du support DVD au numérique ». Cela implique un important changement technologique, les films pouvant être désormais sélectionnés à l’aide de tablettes ou de smartphones. Parallèlement, la société se modifie profondément et doit se réorganiser.
C’est à ce niveau qu’intervient le rôle fondamental de conseil joué par l’expert-comptable. Pierrick Belen explique : « Il nous faut considérer l’ensemble des aspects stratégiques : évaluer la capacité des clients de la société à acheter la nouvelle solution, reconsidérer les enjeux de communication, faire appel à des experts pour les aspects technologiques et juridiques… et bien sûr prendre en compte les impacts sur le bilan ». Il ne fait pas de doute que la transformation accélérée de la société due à la pénétration du digital oblige l’expert-comptable à jouer de plus en plus fréquemment ce rôle de conseil.
Vidéo : La transformation numérique de votre cabinet