HERAULT - Communiqué de presse du CLRR éducation 34 sur la véritable urgence scolaire
LA VERITABLE URGENCE EST SCOLAIRE !Pour nous enseignants, qui avons dû faire face aux…
LA VERITABLE URGENCE EST SCOLAIRE !
Pour nous enseignants, qui avons dû faire face aux conséquences importantes de 55 jours de confinement, et d'une reprise partielle en mai sous un protocole sanitaire très contraignant et anxiogène, la vigilance sanitaire est nécessaire en particulier pour les personnels vulnérables. Toutefois, elle n'est en aucun cas notre unique préoccupation.
En effet, l'impact sur la progression dans les apprentissages de nos élèves va de la dégradation, du simple retard, à la rupture nette. Certains ont pu travailler à distance de façon partielle, d'autres n'ont pas pu le faire, selon les aléas de leurs équipements numériques, de leur motivation, ou du soutien parental dont ils pouvaient bénéficier.
La difficulté, le décrochage scolaire ne sont pas des faits nouveaux, nous les connaissons bien. Le confinement et son corollaire, le télé-enseignement, n'ont fait que les amplifier. Pour faire face à l'ampleur de cette véritable urgence pédagogique, nous avons besoin de renforcer l'encadrement, afin de réduire les effectifs et de travailler en groupes restreints, ce qui permet à la fois de prendre en compte l’hétérogénéité des élèves et les risques sanitaires. Cela implique des créations de postes, à l'instar de ce qui a été fait en Italie et en Espagne. Car nous avons tous pris conscience, si le doute était permis, de la nécessité absolue de la présence physique pour que l'école remplisse pleinement son rôle.
Il ne s'agit donc pas de faire alterner les demi groupes sur du présentiel et du télétravail, contrairement à ce qui est actuellement prévu par le ministère en cas de reprise de l'épidémie. Mais de créer les conditions pour que tous les élèves puissent aller tous les jours à l'école. Ce qui s'est passé pendant le confinement n'a pas été l'école, ni l'école à la maison : dans le meilleur des cas, les élèves ont pu réviser et aborder quelques notions supplémentaires grâce au téléenseignement et à l'accompagnement de leurs familles. Bien souvent, il s'est agi d'un maintien du lien humain et pédagogique. Pour nombre d'entre eux cela a été la rupture pure et simple : ni échanges, ni même le moindre contact. Et cela a continué lors de la pseudo reprise du 11 mai : là encore, avec peu de retours des élèves en classe même en juin, et des conditions de scolarisation dégradées par un protocole sanitaire extrêmement contraignant, cela n'a pas été l'école, mais une forme de garderie, essentielle pour que les parents travaillent, et palliative pour rompre l'isolement du confinement.
Nous n'avons cessé d'alerter sur les conséquences pédagogiques de cette situation, car nous connaissons bien nos élèves, ainsi que notre métier. Nous avons espéré et attendu pendant tout l'été des mesures pour y faire face : des recrutements pour traiter l'hétérogénéité en groupes restreints, des réquisitions de locaux supplémentaires pour accueillir tous les groupes, des aménagements sanitaires pour permettre des lavages de mains fréquents, des moyens pour protéger les personnels vulnérables. Rien n'a été réalisé sur cet enjeu majeur. En lieu et place, un plan de « continuité » pédagogique factice qui repose sur des évaluations dont nous connaissons l'inutilité, et un alourdissement des programmes sur le thème de l'environnement. Pire encore, des mesures supplémentaires pour nous réduire à un rôle d'exécutants, la loi de transformation de la Fonction Publique, et la relance de la contre réforme des retraites.
Finalement, le virus le plus certain, et le plus virulent actuellement, c'est celui qui supprime les postes, qui ferme les classes, qui désosse les Rased, qui mutualise les Aesh, qui territorialise à coup de 2S2C et d'E3C, qui caporalise les conseils d'école et les équipes pédagogiques, qui dénature le sens des mots à coup d'oxymores, qui privatise l'enseignement par la numérisation et le télétravail, qui déstructure le collectif de la classe avec les spécialités, qui méprise et dénigre les enseignants pour justifier le blocage de leurs salaires et la casse de leurs statuts.
Nous demandons que des mesures fortes soient prises pour donner à l'école publique les moyens d'affronter la crise actuelle, au lieu de continuer à la saborder : des recrutements, des moyens de protection renforcés (tests, aménagements sanitaires), des masques véritablement protecteurs et des aménagements des conditions de travail pour les personnels vulnérables, des réquisitions de locaux, la gratuité des masques pour les élèves du 2nd degré.
Nos organisations syndicales dont le rôle est de défendre et de protéger les personnels, doivent mettre toutes leurs forces à nos côtés pour parvenir à obtenir ces revendications, en nous aidant à constituer le rapport de force nécessaire : dès la rentrée, convoquer les collègues en réunions syndicales afin de nous aider à nous organiser, réunir des assemblées générales pour décider de nos actions. CLRR éducation nationale et enseignement supérieur du 34