Santé — Département Hérault

SIDA: Faire la guerre au VIH et l’amour aux personnes séropositives

Ce vendredi 1er décembre marque la journée mondiale de lutte contre le sida. Une maladie autant porteuse d'espoir - grâce aux avancées médicales - que de fausses croyances. Point avec Cyril Perrollaz, médecin généraliste responsable du CeGIDD (Centre De Dépistage des IST) de Montpellier.

VIH/SIDA : quelle différence ?

“VIH, c’est le nom du virus, de l’infection chronique. Le SIDA (Syndrome d’immuno déficience acquises) représente le stade ultime de cette infection, qui va avec le développement de maladies dites opportunistes, des maladies qui s’installent parce que l’immunité est fortement diminuée”, explique Cyril Perrollaz.

C’est souvent à ce stade tardif que les infections sont repérées. “Deux tiers des contaminations sont identifiés à un stade avancé, lorsque l’immunité est très faible. Quand la personne est infectée, elle met plusieurs années à s’en rendre compte”, précise le médecin. Chaque année en France, 5000 nouveaux patients sont diagnostiqués séropositifs.

Le SIDA concerne surtout les hommes homosexuels ?

C’est en partie vrai. Cyril Perrollaz l’affirme : Il y a une stigmatisation à la propagation de l’infection, avec deux populations majoritaires. La première, ce sont les hommes HSH, des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. La seconde, ce sont des personnes hétérosexuelles, nées à l’étranger, qui développent la maladie en raison des conditions sanitaires, par la transmission mère-enfant notamment”.

Dépister

Malgré de multiples campagnes institutionnelles, le dépistage reste insuffisant : “C’est un sujet encore tabou, et au niveau des soignants, le dépistage n’est pas proposé suffisamment. Ça doit être le cas pour les gynécologues, les sages-femmes etc mais aussi les médecins généralistes”, insiste Cyril Perrolaz.

Au CeGIDD de Montpellier, “on compte 17 000 passages par an pour du dépistage. Mais ce chiffre n’est pas représentatif. La plus grande part des dépistages se font en ville, dans les labos, prescrits par des généralistes par exemple”, indique le médecin. En France, en 2022, 6,5 millions de sérologies ont été réalisées en laboratoire. Un dépistage en laboratoire qui est gratuit, même sans ordonnance.

Désormais, il existe même des autotest vendus en pharmacie entre 15 € et 20 €, qui permettent de se tester soi-même.

Informer

L’une des explications au manque de dépistage est le manque d’information. “Beaucoup de patients qui viennent ici nous expliquent qu’ils ne le font pas parce qu’ils ont peur, qu’ils manquent d’informations”, rapporte le responsable du CeGIDD.

En matière d’enseignement de la santé sexuelle, l’éducation nationale doit encore revoir sa copie: “Il y a normalement des cours d’éducation sexuelle dans lesquels  la question est abordée, mais bien souvent ces cours obligatoires ne sont pas mis en place”, regrette Cyril Perrolaz. L’objectif est double : inciter au dépistage mais aussi lutter contre les fausses croyances.

Un sujet sur lequel les médias ont aussi un rôle à jouer, notamment les médias communautaires. Il y a encore beaucoup de sérophobie (discrimination des personnes séropositives) dans les milieux LGBTQIA+”, signale le médecin.

Il ne faut pas coucher avec une personne séropositive ?

C’est la croyance la plus tenace : d’après une enquête du Crips (Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes) d’Ile de France, 53% des Français ne savent pas qu’une personne séropositive sous traitement ne transmet pas le VIH. Pourtant, le généraliste est catégorique : “Une personne séropositive, après 6 mois de traitement, devient indétectable. Indétectable = Intransmissible, donc même dans un couple sérodiscordant, pas de risque de transmettre la maladie à son partenaire”.

Le préservatif est le seul moyen de se protéger contre le SIDA ?

Le plus recommandé des moyens de contraception est le meilleur moyen de prévenir la contamination. Mais Cyril Perrolaz détaille deux solutions “qui ne sont pas des substituts mais des compléments aux préservatifs, car l’accès y est tout de même limité”. Il s’agit des traitement pré et post-exposition (PrEP et PEP), qui peuvent être intégrés dans le cadre d’une sexualité ou d’une exposition à risque.
Une chose est sûre pour le médecin : “Aujourd’hui, la façon de parler du SIDA doit s’intégrer dans un apprentissage positif de la sexualité. Il ne faut pas faire peur, mais au contraire informer, rassurer, faire comprendre cette maladie chronique”.

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