Société — Département Hérault

Hérault : Nathalie Dugrand « être au service des urgences, c’est la solidarité entre collègues et la vocation qui guident chaque instant. »

Son témoignage met en lumière les défis quotidiens auxquels elle est confrontée...

En janvier dernier, le Président Emmanuel Macron dévoilait ses propositions pour remédier à la crise profonde qui secoue le système de santé français. Malgré ses promesses de réorganisation et de renforcement des effectifs, près d’un an plus tard, certains soignants sont confrontés à des défis multiples, de la vaccination aux agressions, en passant par les problèmes structurels.

Afin de comprendre la réalité sur le terrain, nous avons rencontré Nathalie Dugrand, infirmière de 43 ans, œuvrant au sein du service des urgences d’un centre hospitalier héraultais. Elle occupe divers postes au sein de l’établissement, notamment en tant qu’infirmière d’accueil et d’orientation, intervenante au sein du Service Mobile d’Urgence et de Réanimation (SMUR), infirmière en charge de la salle d’accueil des urgences vitales, intervenante au sein de l’Unité d’Hospitalisation de Courte Durée (UHCD), et enfin, en qualité d’infirmière affectée au circuit long.

Parcours et perspective professionnelle

Interrogée sur les motivations qui l’ont conduite à choisir la profession de soignante, Nathalie Dugrand partage son parcours avec une réflexion approfondie : « On peut dire que c’est une vocation, j’ai toujours eu cette aspiration. À l’âge de 18 ans, je n’ai pas réussi le concours, mais à 28 ans, j’ai décidé de le repasser, car je ressentais le besoin de m’investir dans un métier qui a du sens. Mon expérience antérieure en tant que commerciale ne comblait pas ce besoin profond de contribuer au bien-être des autres et de faire une différence significative dans la vie des gens. Ainsi, après une période de réflexion, j’ai choisi de poursuivre ma vocation dans le domaine des soins de santé où je pourrais apporter mon aide de manière directe et significative. Les contraintes physiques et mentales de ce milieu deviennent de plus en plus dures au fil des années. Ainsi, bien que je continue à aimer mon métier, si ce n’est pas en travaillant aux urgences, j’envisagerai une fin de carrière vers le secteur libéral comme une option plus viable et adaptée à mes aspirations professionnelles et personnelles. »

Beaucoup de sport

« Pour faire face au stress et à la pression liés à mon travail, j’ai développé une grosse routine d’activités sportives. Cela me permet de décompresser et de maintenir un équilibre physique et mental. Parallèlement, l’entraide avec mes collègues joue un rôle crucial. Nous partageons des expériences, des conseils et nous soutenons mutuellement dans les moments difficiles, créant ainsi un environnement de travail solidaire et bienveillant. Cette camaraderie contribue grandement à maintenir un esprit d’équipe fort, essentiel dans notre profession exigeante. » souligne Nathalie Dugrand.

La profession de soignant

Concernant ses impressions générales sur le métier de soignant, l’urgentiste évoque une « réalité professionnelle qui s’avère être extrêmement exigeante, tant sur le plan physique que psychologique ». Elle met l’accent sur les défis quotidiens auxquels sont confrontés les professionnels de la santé, combinant une charge de travail intense, des responsabilités importantes et des situations souvent stressantes. En dépit de cette complexité et de la nécessité d’une expertise élevée, elle regrette une rémunération qui ne reflète pas les compétences requises ni les risques inhérents à la profession. Outre la question salariale, elle exprime également le sentiment d’une valorisation insuffisante du métier de soignant au sein de la société. Malgré la nature cruciale de leur mission et leur contribution significative au bien-être collectif, elle confie que « la reconnaissance sociale et professionnelle demeure en-deçà de l’engagement et de l’importance de la mission des soignants au sein du système de santé. Cette perception contribue à un climat de grogne au sein de la profession, alimentée par le décalage perçu entre l’importance du rôle des soignants et la considération qui leur est accordée. » Son salaire, avec plus de 10 ans d’expérience, atteint environ 2600 € brut. Cette rémunération englobe diverses primes, notamment pour les horaires nocturnes, les dimanches, ainsi qu’une prime de risque. Elle souligne une récente amélioration de la prime de nuit, qui a été doublée, passant ainsi de 1 à 2 euros de majoration horaire.

Agressions, vaccination : des défis persistants

Concernant les agressions, Nathalie Dugrand indique que : « La plupart du temps, il s’agit d’agressions verbales, souvent alimentées par l’impatience et l’incompréhension des patients et de leurs proches. » Bien qu’elle n’ait pas personnellement été la cible d’agressions physiques, elle indique que plusieurs de ses collègues ont fait face à des situations délicates, en particulier avec des patients alcoolisés ou souffrant de troubles psychologiques. Ces incidents mettent en lumière la nécessité de renforcer les mesures de sécurité et de sensibiliser davantage le public aux conditions de travail difficiles auxquelles sont confrontés les professionnels de la santé. Alors que le débat persiste également autour de l’obligation vaccinale des soignants, Nathalie confie : « Je n’étais pas personnellement opposée à cette mesure. Cependant, il est essentiel de prendre en considération l’impératif de ne pas porter préjudice au patient dans notre démarche. La réflexion sur cette question est complexe, car elle touche à la fois à la liberté individuelle des professionnels de la santé et à la responsabilité collective en matière de santé publique. »

Un sous-effectif toujours présent

Le sous-effectif demeure un problème crucial, rendant difficile la fourniture de soins de qualité. Nathalie Dugrand détaille : « On travaille en 12 heures. Mon roulement classique comprend une journée de 8h à 20h, suivie d’une nuit de 20h à 8h, puis de trois jours de repos. C’est un métier qui implique un rythme de vie différent de celui de la plupart de nos amis et de notre famille, ce qui complique les relations sociales, car nous sommes souvent peu disponibles pour des repas ou des soirées. En contrepartie, nous disposons de beaucoup de temps libre. Depuis peu, avec l’avènement de la pandémie de Covid-19, on observe un manque de paramédicaux et de médecins, un problème qui persiste depuis un certain temps. Cela a des répercussions sur le travail, car le personnel disponible est souvent peu formé et jeune et il y a un fort taux de rotation, notamment du côté des infirmiers et des intérimaires pour les médecins. Ce personnel est souvent moins motivé et impliqué, entraînant une surcharge de travail pour nous. »

La nécessité d’une intervention rapide

Face à cette situation persistante, les professionnels de la santé, soutenus par de nombreuses organisations, appellent à une action immédiate. Ils mettent en avant la nécessité de tenir les engagements pris par le gouvernement, tout en soulignant l’importance d’une concertation approfondie avec les acteurs du terrain pour élaborer des solutions adaptées aux réalités spécifiques de chaque établissement de santé. Nathalie assure que : « Cette augmentation constante de la charge de travail est notable, accentuée par une pression accrue liée à des tâches administratives de plus en plus nombreuses. Le temps dédié aux patients se voit ainsi compromis, affectant la qualité des soins. Parallèlement, les consultations tendent à se diversifier, avec des motifs parfois non médicaux, phénomène attribuable au déficit de médecins de ville et à une carence dans l’éducation à la santé. »

La question de la santé publique demeure un enjeu majeur pour la France, et les soignants continueront à faire entendre leur voix pour garantir un système de santé robuste et accessible à tous.

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