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HERAULT - VIAS - Sortir de la crise et réparer la planète par Christian JOVIADO

Sortir de la crise et réparer la planète Les textes édités au sein de…

Sortir de la crise et réparer la planète


Les textes édités au sein de la rubrique ” libre expression ” d’Hérault Tribune sont édités sous
l’entière et pleine responsabilité de l’auteur des textes proposés qui atteste
qu’il ne viole aucun droit de tiers et la législation applicable en vigueur.


Deux défis synchrones

Tous deux représentent le challenge à relever, pour si peu que l’on se préoccupe des générations à venir. Agir en cohérence et complémentarité, pour atteindre l’un et l’autre. Lier l’important à l’urgent. Donner du sens au court terme en l’inscrivant dans le long terme. Est-ce pure utopie ? Ou bien une exigence, imposée par le résultat de quarante années de décisions inconséquentes, et d’espoir en la croissance. Laquelle, du point de vue de nos dirigeants politiques, devait nous permettre, assurément, de sortir du chômage. Résultat ? Vous avez la réponse ! Par contre, notre société de sur consommation produit des milliers de tonnes de rebuts, notamment d’ordures ménagères qui nous polluent. De déchets  toxiques, parmi lesquels certains sont très dangereux pour la santé publique : amiante, rebuts radioactifs, métaux lourds, polychlorobiphényles (ou pyralènes), pesticides, dioxines, phosgène, gaz d’acide nitrique, gaz de dioxyde d’azote, …. De plus notre système économique, dérégulé et déréglementé, continue de creuser de plus en plus les inégalités. Quand tirerons-nous les enseignements du passé pour construire un avenir meilleur ? Nos jeunes ne seraient-ils pas dignes d’efforts, à la portée de chacun d’entre nous ?

Notre maison brûle …

Depuis l’apparition de la ‘’crise’’, en 2008, les actions et surtout les discours de nos décideurs politiques sont focalisés, au quotidien, sur des éléments pécuniaires : dépenses, recettes,  endettements, déficits, refinancements, fonds de solidarité, …
Rappelons-nous le cri d’alarme de Jacques Chirac : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs … ». Il était Président, nous étions en 2002. Alors quoi, cette constatation au plus haut sommet de l’Etat, serait aberrante aujourd’hui ? La crise économique et financière peut-elle éclipser la crise écologique ? Laquelle perdure depuis le début du XXème siècle. Rappelons-nous. Les progrès technique et technologique devaient assurer une croissance indéfinie. Mais dès les années 1920, on percevait déjà la contrepartie de l’industrialisation sur les milieux naturels : air, sols, faune, flore, zones aquatiques, …. Et si l’on préfère se retourner vers une période plus récente, le Club de Rome en 1973, s’appuyant sur une étude de scientifiques, avait tiré la sonnette d’alarme : « Halte à la croissance ». Ce n’est pas que nous soyons pour la décroissance. Mais vouer notre salut à cette variable, alors que le capital écologique mondial est si entamé, relève de l’incantation. Nous n’en sommes pas à une démarche conservatrice tant la demande de croissance est forte. Il ne s’agit plus, simplement, de protéger, mais de réparer, puis de nourrir le capital écologique dont dépend l’économie.                                         

Nos dirigeants sont-ils fiables ?

Dans une certaine mesure on comprend la difficulté que nos dirigeants éprouvent à trouver les moyens d’atteindre les équilibres budgétaires, sans provoquer de récession économique. Mais comment ne pas avoir conscience de l’aboutissement de telles dérives ? Plus de dix milliards d’euros, en moyenne, d’endettement mensuel depuis le début du mandat présidentiel en France ! Sachant que, concernant la zone euro, les engagements qu’ils prendront demain sont les mêmes que ceux qu’ils ont, hier, transgressés. Sauf qu’il leur a fallu dix ans pour réaliser la cause, Ils n’avaient pas prévu, a priori, de sanctions pour les mauvais élèves ! Et cela ne les gêne nullement. On croit rêver. Peut-on encore leur faire confiance ? En outre, pourquoi les marchés et les agences de notation penseraient différemment que la majorité des citoyens les plus sensés ? Nos dirigeants n’ont-ils pas prêché, pendant des années, avec la verve qu’on leur connait, l’efficience d’un système qu’ils défendent encore. Et ce, bien qu’ils aient vécu, en réel, ses néfastes effets. Aveuglement ? Incompétence ? Obstination ?

Un des fruits du système

Les vignerons de notre pays Agathois, comme d’autres dans la région, ont été trompés. Pendant des décennies, les politiques viticoles successives les ont incités à produire plus. En gavant les sols d’engrais chimique et en traitant la vigne de fortes doses de produits dits ‘’phytosanitaires’’, ils ont effectivement produit de grandes quantités de vin. Cette surproduction, qu’il fallait en partie stocker, a entraîné la mévente. En outre, la consommation locale a énormément chuté et la forte concurrence, notamment, des vins d’Italie, d’Amérique du Sud et d’Afrique du Sud ont abouti à une grave crise économique et sociale. Pour pallier ses effets, l’UE leur a octroyé des primes à l’arrachage. Résultat : soixante mille hectares disparus en dix ans (cf. ML du 12/XII). Dans ce cas précis que nous connaissons bien, la croissance de production vinicole s’est traduite, à terme, par la faillite du système. Le pays s’encombre de friches, et certains viticulteurs ont tout perdu. Par contre les actionnaires de l’industrie chimique, eux, se sont gavés de dividendes. C’est une crise,  certes, économique et sociale pour les viticulteurs, mais surtout une grave crise morale au regard des décideurs politiques.   

Leur conscience est interpelée au sujet du climat et de l’énergie 

« Globalement dans le monde, la croissance économique s’accompagne d’une activité croissante des énergies fossiles. Malgré la crise économique, on relève une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de 6 %. Pour l’essentiel, ce sont des pays émergents qui utilisent beaucoup le charbon. Après tous ces sommets, on voit que rien n’a été fait, c’est une réalité. Avec la crise, les plans de relance ont surtout voulu rendre l’énergie fossile moins chère », constate Valérie Masson-Delmotte, spécialiste du climat. « Il y a une prise de conscience de plus en plus profonde à tous les étages de la société civile, sur l’énergie et le climat. C’est une conscience forte. Mais, a contrario, les États ne sont pas capables de fixer des engagements volontaires forts », poursuit-elle. Depuis trente ans qu’on parle du changement climatique, il n’y a eu aucun cap fixé. Beaucoup de projets dans le but d’abaisser les émissions de dioxyde de carbone se concrétisent : le covoiturage, le vélo et la location de voitures électriques dans les villes, les véhicules communaux tout électrique, les éco-quartiers, l’installation de toitures photovoltaïques, …
Ce sont, pour la plupart, des initiatives individuelles, ou d’entreprises privées ou de collectivités territoriales. Expériences intéressantes, bien évidemment, mais insignifiantes au niveau de la Planète. Dans combien de temps, les Etats les plus émetteurs de CO2 comme les USA, la Chine et l’Inde, investiront-ils suffisamment pour réparer les dégâts ?

Penser l’économie autrement

Au-delà des mesures rigoureuses de gestion des fonds publics, de la mise en œuvre de réglementations qui s’imposent aux pays de la zone euro, des outils de régulation des marchés financiers à mettre en œuvre rapidement, le système économique qui a échoué doit être remplacé. Il est temps de trouver un autre modèle d’économie positive pour l’être humain. Avec une croissance fondée sur d’autres critères que le seul PIB. Parce que,  précisément, la société humaine vit, aujourd’hui, sur ses stocks. Elle est en train de dilapider l’héritage reçu, et d’emprunter sur celui des générations futures. Les constats sont multiples et variés : forte réduction des réserves d’énergie et de matières premières, épuisement des sols, raréfaction des ressources en eau, perte de biodiversité (abeilles, papillons, vers de terre, …), dérèglement climatique, diminution de la biomasse, …

Les secteurs connus du développement durable : sources d’emplois

Aujourd’hui est-il nécessaire de le rappeler, il est indispensable de substituer des ressources fossiles, en voie de disparition, émettrices de carbone, par des ressources renouvelables (ou inépuisables) non émettrices de carbone. Voire qui en stockent. Lesquelles ? L’énergie de la terre (géothermie), et surtout celle du soleil sous toutes ses formes : solaire thermique, photovoltaïque, éolien domestique, énergie de la houle, hydraulique, …. Autre source d’énergie renouvelable, celle captée par les végétaux (notamment les algues), lesquels, grâce à la photosynthèse, peuvent produire des biocarburants et des biomatériaux. Ce phénomène naturel représente le seul mécanisme dont nous disposons pour absorber la quantité de carbone accumulée, en excès dans l’atmosphère, depuis la révolution industrielle. C’est donc en faisant appel au vivant, que le nouveau modèle de développement durable produira des ressources renouvelables et restaurera les ressources en eau, les sols, la biodiversité et le climat. Cette économie restauratrice, se décline à travers tous les secteurs : industrie, bâtiment, agriculture, forêts, transports, … Si la recherche et l’innovation, dans cette perspective porteuse d’espoir, sont financièrement soutenues, des emplois dans lesdits secteurs seront créés par milliers.

Chacun de nous peut changer le monde
 
« Gouverner, c’est choisir », disait Pierre Mendès-France. Le choix, au simple vu des faits, parait simple. La conjonction des deux crises dont l’une est la conséquence de l’autre, devrait tracer la voie à suivre par nos dirigeants politiques. Pour peu qu’ils veuillent agir en faveur du bien commun, plutôt que dans l’intérêt de quelques lobbys. Aussi doit-on rester vigilants et nous mobiliser s’il le faut. L’actualité d’aujourd’hui le confirme : mouvements d’indignation en Europe, et de volonté de changement dans les pays africains et en Russie.  Contre des systèmes qui nient la dignité de l’homme et que l’on croyait invulnérables, voire immuables. En 1989, si l’on avait attendu un accord entre les politiques, le mur de Berlin serait toujours là …
 « Le peuple s’est réveillé avec une rapidité bouleversante. Il veillait et attendait le moment propice. Tous ceux qui n’avaient pas peur. Tous ceux qui ne mentaient pas dans la vie quotidienne et ne craignaient pas d’élever leurs enfants selon ces principes, ont apporté leur contribution. Chacun de nous peut changer le monde. Même s’il n’a aucun pouvoir, même s’il n’a pas ‘’la moindre importance’’, chacun de nous peut changer le monde ». Václav Havel, Prague, le 16 décembre 1989.

Conclusion

Nous devons oser rejeter ce système économique qui n’assure pas ce qui nous parait essentiel : notre qualité de vie et celle des générations futures. Certains citoyens comme par exemple, Stéphane Hessel et Edgar Morin, compagnons d’indignation et de résistance, nous incitent à le faire. Ils se sont adressés aux candidats à l’élection présidentielle, par média interposé. Leur appel veut énoncer une voie de salut public face à des politiques aveugles qui nous conduisent droit dans le mur. Laissons la conclusion à Pierre Larrouturou (Economiste et Agronome). « Aujourd’hui, c’est à nous, les citoyens, de dire dans quelle société nous voulons vivre : une société plus juste, plus équilibrée, plus conviviale. Elle est à notre portée. C’est à nous d’agir avant qu’il ne soit trop tard ».     


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