Hommage à Francis TERRAT
Francis était un être charmant et malicieux, que tout le monde aimait, et qui…
Francis était un être charmant et malicieux, que tout le monde aimait, et qui égayait les rues de Marseillan avec son inépuisable joie de vivre.
Les blagues et les pitreries qu’il adressait à chacun sur son passage témoignaient du plaisir qu’il avait à communiquer avec les autres, quels qu’ils soient, et tissaient chaque jour autour de lui d’innombrables liens d’amitié.
Francis était aussi un militant communiste.
Son engagement s’enracinait dans l’histoire de sa famille.
Il marchait sur le chemin tracé par son père et par son oncle, résistants et déportés.
Il était fier de cet héritage et l’a porté jusqu’au bout.
Il était sans doutes à Marseillan le dernier de cette trempe.
Avec sa disparition, une page se tourne.
Francis était un militant fidèle mais aussi critique.
Il n’acceptait ni le déclin, ni l’embourgeoisement de son parti.
Il n’y avait chez lui ni conformisme, ni vaine nostalgie du passé.
La pertinence et la fraîcheur de ses réactions politiques, son ouverture d’esprit, sa disponibilité, nous surprenaient souvent.
Il avait le talent très rare de voir les choses telles qu’elles sont, sans hypocrisie ni faux semblant, et de faire tout simplement ce que le moment réclamait, avec honnêteté, courage et générosité.
Il était heureux d’accueillir de nouveaux camarades et n’a jamais renoncé à l’espoir de voir son parti renaître et revenir à ses valeurs essentielles.
Francis, quittait rarement Marseillan. Il a pourtant vécu ses derniers instants loin de son village, dans les couloirs du Palais de Justice de Montpellier, entouré par les juges et les greffiers de la Cour d’Appel qui l’ont assisté en attendant l’arrivée des secours.
Il est décédé sans avoir repris connaissance, des suites de l’attaque cérébrale qui l’a frappé en pleine audience, le 10 septembre.
Au terme d’une procédure épuisante, il était jugé en appel de l’accusation de diffamation avec cinq autres camarades, pour un communiqué dans lequel ils avaient exprimé des désaccords politiques avec les élus communistes de la précédente municipalité de gauche.
En mars dernier, le Tribunal correctionnel de Béziers avait jugé que ce communiqué n’excédait pas le cadre du débat politique nécessaire dans une démocratie et avait relaxé Francis et les autres prévenus.
Francis s’était senti fatigué dans les jours précédents cette audience. Il s’en était ouvert à ses proches, mais ne nous en avait rien dit car il voulait être présent pour affronter ce jugement avec nous.
Francis Terrat, est mort en homme engagé et libre, en défendant les valeurs auxquelles il croyait.
Nous resterons marqués pour toujours par les circonstances tragiques de sa mort.
Nous sommes fiers d’avoir partagé cette dernière épreuve avec lui.
Il va terriblement nous manquer.
Tes camarades de Marseillan