Droit

IL Y A CENT ANS…La révolte des « pioupious »

Lorsqu'un évènement se produit dans une petite ville de province et que son écho…

Lorsqu’un évènement se produit dans une petite ville de province et que son écho est encore audible cent ans plus tard , porté par la mémoire collective , cela signifie qu’au delà des faits eux- mêmes le comportement des « révoltés » touche à l’universalité de la conscience humaine. Ce fait historique que nous développerons ci-dessous est devenu , au cours du siècle écoulé , un symbole politique pour de nombreux combattants des luttes syndicales et libertaires , tant en France que sur la scène internationale.

LES FAITS : au printemps 1907 ,dans le midi les difficultés économiques que rencontrent les viticulteurs , les vignerons et les ouvriers agricoles , acculés à de nombreuses faillites et à la misère, sans espoir de solutions à terme , entraînent un grand mouvement revendicatif dans toute la région Languedoc Roussillon.
De nombreuse manifestations sont organisées dérivant à plusieurs reprises sur des actes de violences sur les biens et personnes incarnant les « autorités ».
Rapidement l’Etat met en place une répression policière et militaire avec une brutalité qui débouche notamment sur le massacre de Narbonne où la troupe tire sur la foule.

Le 17ème régiment d’infanterie est constitué de soldats et de réservistes issus pour la plupart de la région et qui sont donc proches du monde viticole.

Ce régiment est cantonné en Agde sur plusieurs sites.

Le 20 Juin 1907 , apprenant le massacre de Narbonne, les soldats basés à l’ancienne caserne ( espace Molière actuel ) craignant, d’une part d’être appelés pour une nouvelle opération de répression et d’autre part voulant réagir énergiquement pour protester contre cette « utilisation de l’armée » contre les civils se mutinent et partent en direction de la caserne Mirabel (actuel Hôtel de ville). Au passage , ils entraînent les hommes cantonnés au « couvent de la nativité (actuelle école Anatole France). Arrivés à Mirabel, ils rallient à leur cause les soldats présents et ensemble s’emparent des armes et des munitions à la poudrière de la caserne.

Après un accueil chaleureux de la population le long des rues d’Agde , les mutins prennent , à la nuit tombante et à pied la direction de Béziers.

Le lendemain les pioupious s’installent sur les allées Paul Riquet à Béziers sous les ovations des citoyens biterrois .
Très rapidement l’armée s’organise et avec la promesse de ne pas leur infliger de sanctions individuelles les « rebelles » se rendent aux autorités militaires. La sanction sera collective 672 mutins seront déportés à Gafsa dans le sud Tunisien .Les conditions précaires de vie sur place ,sans soins suffisants sous un climat hostile firent souffrir la troupe malade et affaiblie, nombre d’entre eux y laissèrent leur vie.
Montéhus immortalisera par une chanson « Gloire au 17ème » cet épisode historique.
Les paroles de ses couplets sont un véritable hommage aux mutins :
– légitime était votre colère
– on ne doit pas tuer ses pères et mères pour les grands qui sont au pouvoir
– vous auriez en tirant sur nous assassiné la République
– espérons qu’un jour viendra en France où vous serez tous fêtés

En cette année de centenaire , l’occasion nous est donnée de participer à cet hommage. Mais attention à ne pas tomber dans le folklore en oubliant l’essentiel , à savoir la responsabilité des acteurs de la société : gouvernants , politiques, fonctionnaires , syndicalistes , forces de l’ordre , citoyens . Tous doivent refuser l’ordre injuste ,il en va de l’honneur de la République et de la victoire de la démocratie.
L’actualité nous démontre chaque jour que cette démarche nécessaire est universelle et intemporelle bien que trop souvent utopiste dans la réalité des évènements.

Alain Lecomte
Agde , Février 2007

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