Entreprises

Immobilier d’entreprise - Réinventer l’espace de travail

Vecteur de performance à part entière, le traditionnel « bureau » se doit d’évoluer, de s’adapter…

Vecteur de performance à part entière, le traditionnel « bureau » se doit d’évoluer, de s’adapter aux nouveaux enjeux, de se transformer… Une mutation qui oblige, en amont, à réfléchir à ces enjeux et à imaginer de nouvelles règles de vie au travail.

La rentabilité des entreprises reste la préoccupation des dirigeants, et pour cela, l’engagement des salariés est indispensable… Elémentaire ! Les vecteurs de performance sont bien sûr nombreux, mais il en est un auquel on pense peu et dont l’impact est pourtant bien réel : l’espace de travail. Selon la première étude mondiale réalisée sur le sujet par Steelcase-Ipsos en septembre 2015*, 88 % des collaborateurs les plus fortement impliqués peuvent choisir cet espace en fonction de la tâche à accomplir. En France, où les salariés apparaissent comme les moins engagés, seuls 37 % ont cette possibilité.

Un espace de travail… ça se travaille !

Il n’y a bien évidemment pas de solution universelle en la matière pour répondre aux besoins et aux différents métiers des entreprises. Mais prendre le temps de s’interroger en amont sur la configuration des lieux et leur adaptation en fonction des missions à réaliser et des besoins des collaborateurs n’est pas anodin en termes de bien-être et d’efficacité de l’employé, donc… de productivité ! « Un bureau, ça se travaille et ça nous travaille », résume Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte, urbaniste et psychologue du travail, entre autres auteure de « Comment (se) sauver (de) l’open-space ». Quid de l’open-space justement, si souvent décrié, et qui finalement ne touche pas tant de collaborateurs que cela dans l’Hexagone, si l’on en croit l’étude ? « Parmi les salariés concernés, personne n’a envie de revenir au bureau individuel. Mais l’open-space suppose de savoir qui est assis à côté de soi et pourquoi. » Et de rappeler qu’à la base, ce concept de bureaux paysagers, lancé au début des années 60 en Allemagne, visait à installer côte à côte les personnes appelées à intervenir sur différentes étapes d’un même dossier. « Il ne s’agissait pas de mettre tout le monde sous les yeux de tout le monde, mais bien de simplifier le travail. »

Au fil du temps, les finalités de cet espace ouvert ont dévié de cet objectif. Souvent choisi dans un souci d’optimisation de l’espace et de réduction des coûts, il a vu monter en puissance les griefs à son encontre : bruit, perte de concentration et d’intimité… « L’open-space est une proposition d’espace de travail parmi d’autres. L’idéal serait de pouvoir disposer de différents emplacements et d’opter, selon l’heure de la journée, pour le plus adapté », poursuit Marine Boucher, responsable de la communication France et Afrique chez Steelcase, spécialiste mondial de l’aménagement d’espaces de travail. Elle regrette que ces derniers correspondent aujourd’hui encore trop à une organisation hiérarchique. « On est en proie à une culture assez passéiste, basée sur un modèle de contrôle plutôt que de collaboration. Il existe par ailleurs une disparité énorme entre la proportion de technologies fixes au travail et dans la sphère privée. C’est une vraie entrave. »

Lie , lieu de rencontres…

Mais à l’heure où la pluralité des outils offre la possibilité aux employés d’être de plus en plus nomades, va-t-on continuer demain à « aller au bureau » ? Pour Elisabeth Pélegrin-Genel, c’est oui ! « Tout le monde est attaché à un lieu, même les entreprises qui utilisent le numérique. On a beau avoir tous les outils pour échanger à distance, la mayonnaise prend mieux quand on se connaît. On traîne par ailleurs un héritage terrible de non-confiance. Pour faire du bon management, il faut avoir les gens sous la main. C’est très français. » Sauf que « ce bureau » aura peu de points communs avec ses prédécesseurs : « Nous appréhendons le bureau de demain comme une destination, reprend Marine Boucher. Il doit être conçu comme un pôle d’attraction, recréer une ambiance maison avec une grande diversité d’équipements professionnels, des standards ergonomiques élevés… Le salarié doit y trouver un écosystème d’espaces où il va se réaliser au mieux ». L’entreprise devrait également devenir de plus en plus un lieu de rencontre. Steelcase a ainsi créé en 2011 sur 1 800 m2, sur son siège social, le « Workcafé » : cinq espaces en un (coin cuisine-repas, salles de réunions, campus nomade, hub social, centres de ressources) qui associent atmosphère stimulante, connectique performante et confort (voir photo).

… et levier de transformation des modes de travail

Conscient que « l’espace est un levier de transformation assez fort des modes de travail » et que le travail collaboratif fait des émules, Orange a pour sa part imaginé en octobre 2014 la Villa Bonne Nouvelle à Paris, un site de 350 m2 pour explorer l’impact du digital sur les modes de travail. « C’est un véritable laboratoire in vivo qui accueille des collaborateurs mais aussi des start-up et des indépendants pour une « saison » de neuf mois. L’idée est de créer des modes de fonctionnement optimaux et de comprendre à quel point le cadre favorise le développement de la qualité sociale et la performance économique », explique Séverine Blanchard – Jazdzewski, responsable innovation RH-work Lab. Ici, la modularité est maîtresse des lieux : espace reconfigurable, mobilier sur roulettes… La vie du site est étudiée de près (analyses anthropologiques, sociologiques…), les résidents sont associés à son optimisation, et un poste de « feel good manager » (animateur) a été créé à leur demande pour faciliter son fonctionnement… « Les salariés retournent ensuite dans leur bureau d’origine pour diffuser ce qu’ils ont vécu. On les accompagne pour faciliter ce retour et voir comment prend la greffe. » Quid des premiers résultats ? « 92 % des utilisateurs ont plébiscité le lieu. L’équipe en charge de l’application Orange & moi, développée lors de la première saison, a affiché un taux d’efficience opérationnelle de 4,84/5 avec une date de livraison anticipée de trois semaines… » Le concept fait école : une deuxième villa est en train d’émerger à Toulouse… « Notre objectif est qu’en 2020, neuf salariés sur dix recommandent Orange comme employeur. »

Hélène VERMARE avec Dorothée THÉNOT
pour Réso Hebdo Eco
www.facebook.com/resohebdoeco

  • Etude réalisée dans 17 pays au sein d’organisations de plus de 100 salariés (12 480 participants dont 824 en France). L’objectif ? Repérer le lien entre le niveau d’engagement et la satisfaction des salariés vis-à-vis de leur environnement de travail, mesuré par des critères comme l’organisation et l’aménagement des postes, le degré d’autonomie dans le choix des lieux et des horaires…

 


69 %

des bureaux sont encore privatifs (individuels ou partagés) en France,
selon la première étude mondiale réalisée par Steelcase-Ipsos à l’automne 2015 sur le thème :
« L‘engagement des collaborateurs et l’environnement de travail ». 24 % des postes sont attribués en open-space
et seulement 12 % sont nomades (bureaux non attribués).

79 %

des collaborateurs n’ont jamais fait de télétravail en France.
La présence physique dans les murs de l’entreprise a son importance en termes de socialisation,
d’échanges entre collègues et de rapports hiérarchiques (source : Steelcase-Ipsos).


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