Johan Creten, l’espoir dans l’ombre

Vingt-cinq ans après avoir effectué une résidence à Sète qui s’était soldée par deux expositions dont une, frappante, à la Quarantaine, le sculpteur belge Johan Creten revient sur l’Île Singulière exposer au Centre régional d’art contemporain, invité une nouvelle fois par Noëlle Tissier, directrice de l’établissement. Il y présente, au travers d’une soixantaine d’œuvres, une "Traversée" de sa carrière, de sa vie, de ses pratiques et de son œuvre, livrant un panorama d’un quart de siècle durant lequel il a abordé de grandes questions existentielles comme la mort, la folie, la guerre, la maladie, l’amour, la religion, la luxure, les failles ou le rapport au monde. « Un travail sombre qui parle d’espoir et de beauté », selon lui. L'expo est prolongée jusqu'au 17 avril 2017. (Portfolio)

Il aura fallu pas moins de six camions pour transporter les sculptures monumentales de Johan Creten jusqu’au CRAC, et la grande ingé­niosité des équipes qui ont installé les œuvres, pour aboutir à cette exposition impressionnante présentant des sculptures en bronze, céramique, grès et résine. « Il ne s’agit ni d’une rétrospective ni d’une exposition chronologique, mais plutôt d’un panorama montrant l’évolution du travail de Johan Creten et livrant des perspectives pour la suite de sa carrière » avertit Noëlle Tissier, qui rappelle que Johan Creten a participé au renouveau de la céramique dans l’art contemporain à un moment où elle était passée de mode, et salue la richesse des textures de ses sculptures.

« Chaque pièce raconte une histoire ; elle fait partie du grand échiquier de la vie », indique Johan Creten, depuis ce visage de singe grimaçant en céramique posé sur une chaise de la Promenade des Anglais, qui symbolise la folie, jusqu’aux immenses oiseaux noirs, comme mazoutés et creusés de l’intérieur, faisant le lien entre la terre et le ciel mais allégories de la fragilité du pouvoir et du monde ; ou à ces insectes, pris au piège dans le gravier, qui figurent la guerre.

Par endroits, l’imagerie aquatique domine : poulpes entrelacés en bronze symbolisant le couple, visage émergeant d’une moule en céramique évoquant la traversée maritime des migrants africains et la (re)naissance, coquillages dorés figurant l’Esprit Saint…

Mais le sculpteur se défend de faire dans l’animalier : « comme La Fontaine dans ses Fables, je travaille par paraboles », explique-t-il, ajoutant : « Je dresse des portraits du monde, et parfois aussi, en creux, mon autoportrait ». Une Maison Carrée posée sur une table pourrait représenter la chute de l’Empire romain. Et de splendides bustes composés de centaines de roses en grès émaillé bleu-noir ou violet illustrent magnifiquement « l’odeur de la féminité » chère à Don Juan.

Une exposition fort réussie.

Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com

Johan Creten, une carrière prolifique. Né en 1963 en Belgique, Johan Creten est un sculpteur flamand basé à Paris. Il travaille sur le plan international, de La Haye à New York et de Miami à Mexico. Véritable précurseur dans le renouveau de la céramique dans l’art contemporain aux côtés de Thomas Schütte et Lucio Fontana, il utilise plus récemment le bronze, dont quelques exemples majeurs ont été montrés lors de son exposition « God is a Etranger » à la Galerie Perrotin de New York, en octobre 2016. Il a notamment exposé dans les salles Renaissance du Louvre en dialogue avec Bernard Palissy et au musée Eugène-Delacroix à Paris, au Bass Museum of Art de Miami, à la Biennale d’Istanbul, à la Wallace Collection à Londres et au MAMCO de Genève. En 1996, il a été récompensé par le Prix de Rome et a résidé à la Villa Médicis. Entre 2004 et 2007, il fut le premier artiste à effectuer une résidence à la Manufacture de Sèvres. En 2009, il a été nominé pour le Prix flamand de la Culture. En 2013, il a tenu une chaire à l’Université d’Alfred, dans l’État de New York. En 2014 s’est tenue son exposition personnelle The Storm au Musée Middelheim à Anvers. Johan Creten est représenté par la Galerie Perrotin à Paris, New York et Hong Kong, par la Galerie Almine Rech à Bruxelles et par la Galerie Transit à Malines, partenaires  de l’exposition La Traversée. (Source : CRAC Occitanie)

 

Informations pratiques

> CRAC (Centre régional d’art contemporain) – 26, quai Aspirant-Herber – 34200 Sète – Tel. : 04 67 74 94 37
http://crac.languedocroussillon.fr

L’exposition La Traversée de Johan Creten est visible jusqu’au 17 avril 2017, en semaine (sauf le mardi) de 12h30 à 19h00 et le week-end de 14h00 à 19h00. Entrée libre et gratuite

 

Portfolio

creten crac sete 1
Crédit HJE 2017 Virginie Moreau
Creten Crac sete
Crédit HJE2016 Virginie Moreau
Creten crac sete 2
Crédit HJE2016 Virginie Moreau
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Crédit HJE2016 Virginie Moreau
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Crédit HJE2016 Virginie Moreau

 

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