Joutes : Tournoi Régional Séniors «Lacube-Nardonne»

Le monde des joutes

De singuliers combats…

Pour qui n’est pas de la région, il est toujours dépaysant d’assister à un tournoi de joutes. Pour autant, celui-ci répond à un cérémonial immuable et bien réglé.

Ainsi, après avoir défilé, les jouteurs montent à bord des barques bleue ou rouge. Dans chacune d’elle, dix rameurs qui, au signal, lancent de toutes leurs forces leur embarcation en cadence, au son du hautbois et du tambour. Au barreur, aussi appelé «timonier patron», la lourde tâche de diriger le bateau afin que le combat puisse avoir lieu. Sur la tintaine, le jouteur se tient prêt à se mesurer à son adversaire, le pavois collé sur la poitrine, son encoche posée sur le genou de la jambe avant, la lance sous le bras, tendue devant lui… Puis vient le choc. Un choc impressionnant car chaque embarcation pèse au bas mot 2,5 tonnes. Multipliez cette masse par la vitesse et vous aurez une idée de la puissance de l’impact, qui se trouve concentré dans les quelques centimètres carrés du bout de la lance… Il faut alors tenir, encaisser la pression et tenter de faire chavirer son adversaire. Dès que l’un des deux jouteurs est tombé à l’eau, ou se voit disqualifié, les barques se remettent en position et un nouveau tour a lieu. Les «passes» se succèdent alors jusqu’au combat ultime qui désigne le vainqueur du tournoi, le seul à être resté au sec !

Un peu de vocabulaire !

Tintaine : nom de la plateforme surélevée, située à l’arrière de la barque et sur laquelle se tient le jouteur, à près de trois mètres au dessus de l’eau. Devant lui, sur la partie basse, d’autres jouteurs sont assis, qui attendent leur tour. La tintaine se compose de bigues (ce sont les poutres qui supportent la plate-forme sur lequel se trouve le jouteur, elles mesurent 8 mètres de long et sont reliées entre elles par des traverses) et du plancher. Son nom a valu aux hommes d’être appelés parfois «chevaliers de la tintaine».

Lance : Longue de 2,80 mètres, elle est en bois solide et sans nœud. A son extrémité, trois pointes en fer, appelées épures ou pures. La lance se compose de trois parties : une bande d’1 mètre, de couleur rouge ou bleue, comme la barque, une bande blanche au centre, appelée  première garde, d’1,10 mètres, et enfin une seconde bande de couleur, la deuxième garde, de 70 cm. Durant le combat, le jouteur doit veiller à ne pas franchir la première garde sous peine de sanction ! Il est disqualifié s’il passe la seconde. A noter que l’on appelle parfois les jouteurs «fils de la lance», en référence…

Pavois : Nom du bouclier que tient le jouteur et qui le protège de la lance de son adversaire. Le pavois mesure 70 cm de haut et 40 cm de large. Avant 1920, il était encore plus grand (20 cm de plus en hauteur) et encore plus lourd. Les différentes parties de la face avant sont délimitées par des retenants de 5 cm d’épaisseur. La lance du jouteur adverse doit obligatoirement frapper dans la partie centrale gauche, la partie centrale droite n’étant autorisée que lorsque le jouteur est gaucher. Si le coup de lance est donné hors de la partie autorisée, le jouteur est disqualifié. Toutefois, si le coup est porté sur le retenant, le jouteur ne recevra qu’une observation.