La copie du "Faune" de Dardé installée devant l'atelier du sculpteur, à Saint-Maurice-Navacelles
Les touristes qui se rendent au cirque de Navacelles et les locaux ont la chance d'admirer, depuis quelques jours, l'unique copie du "Faune" du sculpteur Paul Dardé, devant l'atelier où travaillait l'artiste, à Saint-Maurice-Navacelles. Jacques Guilhem, qui a acquis et restauré à force de patience cet atelier il y a quelques années, a en effet, dans une seconde phase, acheté et financé la restauration de cette copie de grande valeur sur le plan artistique, afin de l'offrir librement aux regards du public. Un geste à saluer.
Un atelier remis à neuf il y a quelques années pour accueillir des artistes
Fasciné par l’œuvre de Paul Dardé, Jacques Guilhem fait partie de ces passionnés auxquels les grands projets ne font pas peur, pour peu qu’ils soient menés avec passion. Il avait déjà choisi de s’atteler à une rude tâche lorsqu’il avait acquis l’atelier Dardé, bâtiment délabré inscrit à l’inventaire des monuments historiques. Il voulait en effet le restaurer et l’ouvrir aux artistes pour qu’ils y effectuent des résidences de deux à trois mois et qu’ils présentent leurs œuvres au public. Cet atelier a la particularité d’avoir été conçu par Dardé lui-même, qui en fut l’architecte. La restauration a été couronnée de succès, et les résidences d’artistes se succèdent désormais dans ce lieu propice à la création. Jacques Guilhem ouvre les portes de l’atelier Dardé au public chaque année à l’occasion des Journées du Patrimoine, afin de communiquer au plus grand nombre sa passion pour l’art, pour l’œuvre de Paul Dardé et pour le patrimoine.
Une copie monumentale à la vue de tous
Lors des nouvelles Journées du Patrimoine, qui se dérouleront cette année les 16 et 17 septembre, seront exposées les œuvres de l’artiste résidant de cet été, le peintre, sculpteur et graveur singulier Pierre Della Giustina.
Fait marquant, Le Grand Faune assis – qui fut sculpté par Paul Dardé en 1920 – sera également à l’honneur à l’atelier Dardé. La seule copie existante de la sculpture monumentale d’origine, réalisée à l’identique par le fondeur Eugène Rudier, a en effet été achetée par Jacques Guilhem, qui a financé sa restauration. Haute de cinq mètres et pesant cinq tonnes et demie, cette sculpture a été installée à l’intersection de la route qui mène au cirque de Navacelles, devant l’atelier du sculpteur. Elle pourrait être accompagnée de plusieurs autres par la suite. Nul doute que le public viendra nombreux la découvrir.
Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com
Qui était Paul Dardé ?
Paul Dardé est un sculpteur héraultais qui vécut de 1888 à 1963. Parallèlement à son métier d’ouvrier agricole, il dessinait et sculptait des blocs rocheux. Remarqué pour ses premières sculptures, il suivit quelques cours à l’école des beaux-arts de Montpellier, ville où il fit son service militaire. Il fut brièvement l’élève de Jean-Antoine Injalbert à l’École des beaux-arts de Paris, décrocha une bourse d’étude en Italie et rejoignit l’atelier d’Auguste Rodin qu’il quitta rapidement. Il regagna Lodève. Brancardier durant la Première Guerre mondiale, il resta traumatisé par les atrocités de la guerre.
Deux sculptures exposées au Grand Palais à Paris lui assurèrent la notoriété et des commandes : Éternelle douleur et le Grand Faune (Grand Prix National des Arts 1920). Il entreprit ensuite de réaliser – parallèlement aux commandes – 8 monuments aux morts à Soubès, Lodève, Clermont-l’Hérault, Lunel, Limoux, notamment. Et créa l’Homme préhistorique des Eyzies, et en 1927 la Cheminée monumentale. Intéressé autant par la sculpture que par le dessin, la gravure et la calligraphie, en 1928, il fit les illustrations de Macbeth et, en 1930, celles de La Chanson de Roland. Il sculpta ensuite un beau Christ aux outrages.
En 1936, il conçut son propre atelier à Saint-Maurice-Navacelles, sur le Larzac, et en fut l’architecte. Dans cet atelier, il réalisa le Monument à Emma Calvé, commandé par la ville de Millau, et de nombreuses autres œuvres sculptées : Grands conquérants, Grands musiciens, Personnages mythologiques (faunes, vénus), ainsi que des illustrations : Hamlet, Croisade des Albigeois, et des dessins à la plume ou légèrement colorés.
En 1963, Paul Dardé s’éteignit à Lodève. Ses œuvres sont conservées dans des musées à Tokyo, au musée d’Orsay à Paris, au musée national de la préhistoire des Eyzies, dans les collections du Mobilier national. D’autres ornent des lieux publics, comme le parc de Vizille.
Le Musée Fleury de Lodève a acquis le fonds d’atelier de l’artiste en 1972, ainsi que d’autres œuvres diverses. Cette collection regroupe près de 2 800 dessins et 567 sculptures de Paul Dardé, faisant du Musée Fleury de Lodève la référence pour la production de cet artiste (les collections Paul Dardé ne sont pas visibles actuellement de travaux au musée). Lorsque la rénovation et l’extension du musée de Lodève seront achevées, un espace de 350 m2 sera consacré à l’œuvre de Paul Dardé.
(Source : Wikipédia)