Entreprises

Le financement des TPE-PME en ébullition ?

Idées reçues et contrevérités touchant au financement des TPE-PME ont été battues en brèche…

Idées reçues et contrevérités touchant au financement des TPE-PME ont été battues en brèche par différents experts en la matière, lors du Congrès national des tribunaux de commerce, accueilli par le tribunal de commerce de Marseille a accueilli, les 8 et 9 décembre 2016. 

Bruno Nivière, président du tribunal de commerce de Marseille, ne cesse de le rappeler lors de ses interventions publiques : les chefs d’entreprise tardent beaucoup trop à venir exposer leurs difficultés. Pour lui, pas de doute, « il faut que les professionnels du droit et du chiffre parviennent à convaincre leurs clients de venir en amont expliquer leurs difficultés au tribunal. Une difficulté d’entreprise est une mauvaise passe, pas un échec ». Pour illustrer ses propos, il a raconté le cas type d’une pharmacie qui a réussi à rebondir parce qu’il n’était pas trop tard pour mettre en place des actions.

Pour entrer dans le vif du sujet et s’intéresser au financement des entreprises, la parole a été donnée à Stephan Brousse, président-directeur général de Brousse Vergez SA, conseiller spécial TPE-PME de Pierre Gattaz, le président du Medef. « Les banques ne sont pas les ennemies des entreprises », lance-t-il d’emblée. Autre contrevérité à laquelle il a souhaité tordre le cou : François Hollande n’est pas le responsable des problèmes de trésorerie des TPE-PME. Et ce n’est pas la faute des banques non plus ! Stephan Brousse sait de quoi il parle puisqu’il est membre du conseil de surveillance de la Société marseillaise de crédit (SMC). Son conseil pour les chefs d’entreprise : « Il faut travailler main dans la main avec le banquier, l’assureur crédit ». Il a également rappelé « le travail considérable de Bpifrance, qui mobilise avec ses partenaires des sommes considérables pour financer les entreprises ». Pour lui, pas de doute, « il manque en France des actionnaires, des personnes qui investissent davantage dans les structures ».

« C’est dans l’Hexagone que le crédit se développe le mieux »

Jean-Jacques Cambounet, directeur régional Paca de la Banque de France, entend également beaucoup de contrevérités : « le financement des TPE-PME se fait uniquement par les banques » ; « les banques sont là surtout quand on n’a pas besoin d’elles » ; « c’est mieux à l’étranger ». Il a donc repris ces trois thèmes et prouvé que ces affirmations étaient fausses. « Le crédit bancaire représente 900 milliards d’euros. C’est une somme colossale. Mais il existe d’autres aides au financement des entreprises. » Il fait référence à l’apport en capital (5 000 milliards d’euros), aux crédits interentreprises (2 000 milliards d’euros) et au recours aux marchés financiers. Sur le deuxième point, il met en avant les enquêtes réalisées tous les trois mois auprès des entreprises : « Dans 86 % des cas, les TPE-PME ont eu la totalité des crédits demandés ». Enfin, sur le dernier point, il précise que « dans la zone euro, l’endroit où on se finance le mieux est la France. C’est aussi dans l’Hexagone que le crédit se développe le mieux ».

Patrick Sayer, président du directoire d’Eurazeo, juge au tribunal de commerce de Paris, a quant à lui fait part de son vécu en tant qu’acteur du capital-investissement et de juge : « Je constate que nous avons affaire à des chefs d’entreprise terriblement mal préparés. Personne ne connait le Code civil, et beaucoup ont du mal à estimer des budgets prévisionnels ».

Fabrice Pesin, médiateur national au crédit des entreprises, le confirme : « nous parvenons à débloquer beaucoup de choses en réalisant un diagnostic de l’entreprise et de ses besoins ». Malheureusement, là encore, « les entreprises s’adressent à nous trop tardivement », conclut-il.

Caroline DUPUY
pour RésoHebdoEco

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