Le marché du travail en 2016
L’Insee a récemment publié les résultats de son enquête Emploi pour l’année 2016. Selon ce bilan, 71,4 % des personnes de 15 à 64 ans sont actives. Parmi elles, 10,1 % sont au chômage. Le nombre de chômeurs a légèrement diminué sur l’année.
Définition
Afin de comprendre les résultats de l’enquête de l’Insee, il est utile de clarifier les notions de « personne active » et de « taux de chômage ». Selon les définitions du Bureau international du travail (BIT), une personne active a un emploi ou est au chômage. Ainsi, le taux de chômage représente le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre d’actifs.
Pour donner du sens à ces concepts, l’Insee limite son enquête aux personnes de 15 à 64 ans, soit une population de 40,8 millions en France. Cet ensemble compte 29,2 millions d’actifs, soit 71,4 % des personnes de 14 à 64 ans en France. Les 11,6 millions d’inactifs ne travaillent donc pas et ne cherchent pas activement un emploi ou ne sont pas disponibles pour en occuper un.
Augmentation de la population active
En dix ans, la population active a nettement augmenté : elle compte un million de personnes en plus, principalement sous l’influence des seniors et des femmes. En effet, les différentes « réformes des retraites, ainsi que les restrictions d’accès aux dispositifs de cessation anticipée d’activité » (dispense de recherche d’emploi, préretraite, retraite anticipée…) ont fait croître la participation des personnes de 50 à 64 ans au marché du travail. L’augmentation de la taille de la population active est aussi due à la participation plus importante des femmes, dont le taux d’activité a progressé de 3,1 points en une décennie. Alors même que ce taux chez les hommes est resté stable, l’écart entre les deux reste prononcé. Ainsi, en France, 75,4 % des hommes de 15 à 64 ans sont actifs, contre 67,6 % des femmes de cet âge.
Une France marquée par le salariat et la prépondérance du tertiaire
En 2016, sans surprise, plus des trois quarts des personnes actives occupées travaillaient dans le secteur tertiaire, dont 88 % de femmes et 64,5 % d’hommes. D’après l’Insee, cet écart est dû à une plus forte présence féminine dans les métiers de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale. En revanche, les hommes sont bien plus présents dans l’industrie, la construction et l’agriculture. La part de cadres est aussi plus importante chez les hommes (20,4 %) que chez les femmes (14,9 %).
Une autre caractéristique du marché du travail en France reste l’importance du salariat. Les salariés représentent en effet 88,2 % des actifs en 2016. Parmi eux, la grande majorité (85,3 %) est employée en contrat à durée indéterminée (CDI) ou fonctionnaire, 10,5 % sont en contrat à durée déterminée (CDD), 2,7 % en intérim et 1,6 % en apprentissage. Si l’emploi en CDI demeure largement majoritaire, sa part connaît un léger recul (- 1,5 %) entre 2006 et 2016.
Dans la continuité des années précédentes, la part des professions intermédiaires et des cadres continue d’augmenter légèrement (+ 0,7 point par an), s’établissant à 43,6 % des actifs occupés. A l’inverse, la part des ouvriers interrompt sa chute entamée depuis 2005, atteignant, en 2016, 20,3 % des actifs occupés. Enfin, celle des employés recule un peu avec 27,4 % des actifs occupés.
Au niveau des emplois les plus précaires, les femmes occupent plus de CDD que les hommes (12,3 % contre 8,6 %). Et si 18,8 % des personnes en emploi travaillent à temps partiel, ce chiffre est près de quatre fois plus élevé chez les femmes (30,1 %) que chez les hommes (8,2 %). De leur côté, moins diplômés et avec moins d’expérience, 32,1 % des jeunes de moins de 25 ans occupent un CDD, 16,6 % sont en apprentissage et 7,2 % font du travail intérimaire.
Un taux de chômage en recul
En France, on dénombrait 2,9 millions de chômeurs en 2016, soit 10,1 % de la population active (9,8 % en métropole). Ce taux est en recul de 0,3 % par rapport à 2015, soit 79 000 chômeurs de moins. Le taux de chômage était en hausse quasi constante depuis 2008, alors à 7,1 %, rappelle l’Insee.
Le chômage affecte particulièrement les jeunes : son taux grimpe à 24,6 % chez les actifs de 15 à 24 ans. A titre de comparaison, ce taux est de 9,3 % pour les 25-49 ans et de 6,9 % pour les plus de 50 ans pour l’année 2016. Les jeunes sont relativement peu actifs, avec un taux d’activité de 36,9 % contre 87,9 % pour ceux de 25 à 49. De plus, les jeunes actifs sont assez peu diplômés, ce qui augmente leur risque d’être au chômage.
En revanche, quand on regarde la population totale des 15-65 ans, active et inactive, le taux de chômage des jeunes, qui s’élève à 9,1%, est plus proche de celui de leurs aînés. Les personnes de 25 à 49 ans ont un taux de chômage de 8,2 % et celui des personnes de 50 à 64 ans est seulement de 4,6 %.
On observe aussi que le risque de chômage est plus élevé chez les ouvriers (14,9 %) et les personnes non diplômées (17,9 %). Le diplôme reste un passeport pour l’emploi : chez les individus titulaires d’un diplôme supérieur à bac + 2, le risque de chômage baisse significativement (5,7 %).
Stabilisation du chômage de longue durée et critères
Autre point positif de l’évolution des chiffres du chômage, on note la stabilisation du chômage dit de longue durée, après huit années de croissance. Ainsi, en 2016, 44 % des chômeurs recherchaient un emploi depuis au moins un an, et la moitié d’entre eux depuis au moins deux ans. Le taux de chômage de longue durée touche 4,6 % des actifs. Les chômeurs seniors sont d’ailleurs majoritairement dans ce cas, 60 % de ceux âgés de plus de 50 ans étant en recherche d’emploi depuis au moins un an. Il reste en effet plus difficile de retrouver du travail en fin de carrière, malgré l’expérience.
En revanche, le nombre de personnes dites dans le « halo du chômage » s’est accru de 44 000 par rapport à 2015. Globalement, 1,6 million d’inactifs souhaiteraient travailler, mais ne remplissent pas tous les critères pour être considérés comme des chômeurs au sens du BIT.
Un léger mieux
L’année 2016 marque donc un tournant dans l’évolution du taux de chômage en France, dans cette période post-crise. Ce léger mieux résulte notamment d’une amélioration de la conjoncture mondiale. Cependant, avec près de 3 millions de chômeurs, la situation est toujours critique.
Raphaël AUDEMA et B. L.