Faits divers

Les malheurs de la ville d'Agde - VOLET 3 - L'embouchure du fleuve Hérault a son histoire

Comme tous les fleuves de notre languedoc-Roussillon, l'Hérault s'évacue sur un littoral sablonneux (grau).…

Comme tous les fleuves de notre languedoc-Roussillon, l’Hérault s’évacue sur un littoral sablonneux (grau). Il débouchait dans une zone triangulaire (delta) qu’il façonnait en créant plusieurs bras, de plus, deux bras importants l’un dans l’Est le Courredous, et l’autre dans l’Ouest l’Ardaillon, l’aidaient à évacuer depuis Florensac et Bessan le débordement des crues importantes.
Prés de son embouchure, un bras du delta marque encore sa présence passée par deux étangs profonds situés derrière la Tamarrissière (photo A): https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=283.
Ainsi, l’évacuation des crues, lorsque le vent soufflait en tempête du Sud Est , était favorisée par ses bras Ouest principalement l’Ardaillon, qui à cette époque, avait un débit autrement plus important que le ruisseau actuel qui porte son nom. Son delta occupait la plage allant de la jetée Est du chenal du canal du Midi au bois de la Tamarissière. (1)
Pour les besoins de leurs activités, les hommes ont toujours endigué les fleuves par des routes bordières, jusqu’au rivage. La branche principale de l’Hérault n’a pas dérogé à ce besoin, les routes bordières du Grau d’Agde et de la Tamarissière, en contenant le fleuve, ont augmenté les débordements en amont.

Conséquences : les éléments transportés par l’érosion, (inondation solide), ne peuvent que se déposer dans le lit du fleuve. Cet aléa est commenté dans le volet (1) des Malheurs de la ville d’Agde …
Mais revenons à l’embouchure même du fleuve : Passons sous silence toutes les étapes de la construction de l’endiguement jusqu’aux premiers mètres de la jetée qui à marqué définitivement l’embouchure même du fleuve. Cette étape a duré approximativement deux siècles. La plage était soumise (surtout par tempête de Sud Est) aux déplacements occasionnels de bancs de sable. (2) Au 17em et 18em siècle la lutte a été permanente entre les hommes et la stabilisation de l’embouchure qui a trouvé définitivement sa place.

Pour éviter l’ensablement, la solution évidente et adoptée couramment est de prolonger en mer, sur une certaine distance les jetées, en les terminant par des musoirs, ce qui fut décidé par la loi du 28 juillet 1879.
Mais la solution, certes efficace pour l’ensablement, n’est pas un miracle pour les problèmes que nous traitons, c’est-à-dire : l’érosion, l’énergie de la houle, les tempêtes de Sud Est, et l’inondation.

La photo aérienne (photo G): https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=300 montre le laminage du débit du fleuve et la formation d’un énorme remous allant affouiller la plage de la Tamarissière. Cette photo résume à elle seule l’effet néfaste de l’énergie mécanique de cette houle de Sud Est, car il ne faut pas oublier que dans ces coup de mer, la houle ne fait pas que transporter du sable. Son énergie potentielle est énorme lorsque son fetch (3) est important (300 miles nautiques par coup de Sud Est).
Pour comprendre parfaitement ces expressions du vent et de la mer, il faut faire appel à quelques notions de météorologie et d’océanographie simples. Rappeler d’abord que c’est toujours par des situations météorologiques semblables, et à la même époque (automne début de l’hiver) que le nord du bassin occidental de la Méditerranée est soumis à des pluies torrentielles.

En général, un anticyclone situé sur l’Ouest de l’Angleterre stabilise la situation sur le proche Atlantique . La dorsale anti-cyclonique de l’Europe centrale, comme tous les hivers, est un obstacle au déplacement des dépressions vers l’Est. Si une dépression occupe le Golfe de Gascogne et/ou le proche Atlantique, cas des inondations de 1997, son secteur chaud a un parcours maritime atlantique puis méditerranéen sur une mer chaude.
Le Golfe du Lion est alors sous l’influence d’orages intenses (400 mm de pluie en 24 heures signalés lors de la tempête du 4 décembre 2003, des vents atteignant la force 9 à 10 (plus de 100Km/H et une très forte houle). L’énergie potentielle emmagasinée par cette houle peut être très importante.
Son action est visible sur la jetée Est du fleuve, laquelle présente évidemment des faiblesses par apport à la jetée Ouest.
En évidence, cette jetée construite uniquement pour éviter l’ensablement, ne peut tenir le rôle qu’on lui demande. Pour en revenir à la photo aérienne, la houle arrête l’évacuation de la crue, ce qui amène une surélévation de l’inondation perceptible jusqu’en amont de Bessan, et qui peut être de plus de 1 m dans la ville d’Agde.
Cette digue Est assez élevée pour éviter l’ensablement, n’est pas suffisante pour stopper des creux de 2m, les parties supérieures des vagues viennent par-dessus la jetée s’écraser dans le fleuves, et ce phénomène vient encore ralentir le débit.
La seule solution :
Les digues, ou brise lames, ou jetées, ou môles, de tous les ports commerciaux du monde (brise lames de Sète par exemple) sont construits pour arrêter, et résorber en partie l’énergie potentielle de la houle. L’autre partie est rejetée vers le large pour former avec l’onde incidente un ressac. On construit en général les digues avant de construire les ports pour protéger ceux-ci des travaux. Ces digues sont érigées perpendiculairement à la direction de la houle lorsque possible.
Pour éviter d’aggraver l’inondation, pour protéger la plage de la Tamarissière, et suivant la longueur de la digue protéger la sortie du chenal du canal du Midi, ma proposition est tout simplement la (photo H) :https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=301

Surélever la digue existante, la prolonger de quelques mètres pour faciliter l’embouquement, et après dans la direction du Sud Ouest, prolonger la digue. Non seulement l’entrée de l’Hérault sera protégée, mais également l’évacuation du chenal du canal du Midi peut y trouver son compte. Quant à la plage de la Tamarissière, elle ne subira plus le tourbillon dévastateur montré sur la photo G : https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=300

(1) Au moyen age des barques remontaient l’Ardaillon d’Agde jusqu’à Bessan, transportant des marchandises. Le seigneur ou l’évêque, d’Agde ou de Vias percevait alors une dîme. Nous n’avons rien inventé de nos jours.

(2) Une référence historique nous apprend que dans les années 1600, le delta occupait sur le littoral un espace de 600 m et 300m vers l’intérieur, et que son désensablement était un travail titanesque, avec les moyens de l’époque.

(3) fetch : action du vent sur la mer. Désigne une ligne (distance) suivant laquelle le vent est sensé garder une force et une direction constante.

Henri Gleizes
Qui est-ce ? – Fiche TrominosCap : https://www.herault-tribune.com/?p=p04&action=view&Tr_Id=510

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