Faits divers

Plan Étudiants : en marche vers la sélection sociale

Les rentrées universitaires se suivent et se ressemblent. Cette année, des milliers de bacheliers…

Les rentrées universitaires se suivent et se ressemblent. Cette année, des milliers de bacheliers se sont retrouvés sur le carreau, tout comme des milliers d’étudiants refusés en Master. Les directions d’université ont usé et abusé de leurs prérogatives, fixation de quotas d’accueil et sélection en Master, au détriment des étudiants.

Ce lundi, le gouvernement a dévoilé son « Plan étudiants ». La fin annoncée du tirage au sort, la gratuité de la sécurité sociale et l’attention portée à l’orientation ne masquent ni le manque d’ambition de ce plan, ni ses conséquences directes pour des milliers d’étudiants.

Après la sélection sur le hasard, la sélection sur la voyance ?

L’annonce de la fin du tirage au sort pouvait laisser espérer que l’accès de chacun aux études supérieures de son choix deviennent enfin une réalité. Or, comme pour la sélection en Master, il est laissé aux universités la possibilité de refuser des bacheliers en fonction des quotas d’accueil, sur la base de prérequis, appelés ici « attendus ». Ces quotas d’accueil étant fixés par les directions d’universités, il apparaît ainsi que ces dernières seront ainsi laissées libres de refuser de nombreux bacheliers. Les décisions d’acceptation ou de refus se baseront en partie sur un « avis » formulé par le conseil de classe de Terminale. Ainsi, il reviendra à des enseignants du Secondaire de juger sur la capacité des élèves à réussir, dans un futur plus ou moins lointain, leurs études dans l’enseignement supérieur. Cet « avis » fait courir un réel danger aux élèves en fonction de l’appréciation des professeurs sur eux et de l’interprétation des dossier par les universités. Rappelons qu’aujourd’hui déjà, le conseil de classe donne un avis sur l’orientation des futurs étudiants, et que c’est l’obtention du Baccalauréat qui permet de juger si le lycéen est apte à poursuivre ses études dans l’enseignement supérieur.

Une première année de Licence à double vitesse ?

L’idée d’une première année de renforcement pour permettre aux lycéens d’acquérir la méthodologie universitaire peut apparaître plutôt positive. A condition qu’elle reste facultative. L’individualisation des parcours risque de déboucher sur un véritable tri entre les « bons » bacheliers, admis en Licence, et les autres, tolérés à l’université à condition d’aller dans ce qui s’apparenterait a une voie de garage. Il est à craindre que cette mesure amène à exclure de l’accès à l’enseignement supérieur les élèves en fonction de leur milieu social. A cette inquiétude s’ajoute une question aujourd’hui sans réponse : quels seront les moyens mis en œuvre, au niveau national, pour que chaque université fasse un suivi individualisé, assorti d’une orientation adaptée à chacun ?

Et ce n’est pas l’annonce de l’ajout de près d’un demi milliard d’euro de budget dans l’enseignement supérieur pour le quinquennat qui pourra répondre à cette interrogation. Le budget alloué à la recherche et à l’enseignement supérieur est de 27,4 milliards d’euros pour 2018, l’augmentation annoncée correspond donc à 2%, ce qui correspond à une année d’augmentation du nombre d’étudiants. Ainsi, alors que de nouvelles mesures coûteuses sont annoncées, cette augmentation ne suffira même pas pour en financer une infime fraction.

Au delà des effets d’annonce, il est à craindre que finalement ce « Plan étudiants » ne s’avère en réalité que la possibilité offerte aux directions d’université de faire en Licence ce qu’elles font déjà en Master : une politique de sélection drastique. A l’université Paul Valéry – Montpellier 3, le président Patrick Gilli s’impatiente déjà dans les médias : « qu’est ce qu’on fait si les étudiants [refusés] viennent quand même ? ». Il a clairement affiché sa volonté élitiste lors du CEVU (Conseil des Études et de la Vie universitaire) du 10 octobre « S’agissant des pré-requis, la direction de l’établissement estime que cette piste présente un intérêt ».

Les enjeux ainsi posés, il apparaît désormais urgent, pour le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM), d’agir dès maintenant contre la mise en place d’une sélection sociale déguisée dès l’entrée à l’université. Nous appelons pour ce faire à un large mouvement des étudiants, mais aussi des lycéens, afin de défendre notre droit à un avenir.

 

 

Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier – SCUM

syndicat.scum@live – http://www.combatuniversitaire.wordpress.com

 

 

Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier – S.C.U.M
Membre de la CNT – Solidarité Ouvrière

syndicat.scum@live.fr – www.combatuniversitaire.wordpress.com

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