Sports — Sète

Occitanie : Paul Ducher, roi des échecs, maître de la boxe

Mens sana in corpore Sano, un esprit sain dans un corps sain : c’est exactement l’idée du Chessboxing, qui mélange boxe et échecs. Ce samedi 18 mai à Sète, une compétition phare de la discipline, l’IFC (Intellectual Fight Club) prendra place au Chai du Moulin. Nous avons rencontré Paul Ducher, l’un des favoris du tournoi.

Apparue au début des années 2000, la discipline semble tout droit sortie d’une œuvre de fiction. C’est le cas. A l’origine, le Chessboxing a été imaginé par l’auteur de BD Enki Bilal en 1992, dans le 3e album de la série La Trilogie Nikopol : Froid Equateur. Une dystopie dans laquelle la pratique permet d’évaluer le potentiel des humains par “la combinaison de l’intelligence suprême et de l’instinct animal”. Dans la saga, au terme de chaque match, le vainqueur est hissé au rang de Dieu.

Dans la réalité, le sport a vu le jour grâce à Iepe Rubingh, un artiste hollandais, qui a organisé le premier combat de Chessboxing en 2003. 

Règle n°1 : Parler de l’Intellectual Fight Club

20 ans plus tard, la discipline, à défaut d’être populaire, s’est démocratisée : une fédération mondiale (la World Chess Boxing Organisation -WCBO), des dizaines de pays participants aux championnats internationaux, plusieurs milliers de pratiquants à l’échelle mondiale. Dans l’hexagone, une dizaine de clubs sont présents. En chef de file, le club de Montbéliard-Belfort, dirigé par Kamel Boudjahlat, champion du monde 2022, réalise un véritable travail d’évangélisation. Au niveau National, les clubs peuvent s’appuyer sur la récente- 2019 – fédération française de Chessboxing France, présidée par Guillaume Salançon.

Au centre de cet univers sportif : l’IFC, Intellectual Fight Club, une compétition mondiale de référence. Cette année, elle aura lieu en France, dans l’Hérault, plus précisément à Sète, au Chai du Moulin. 

Thomas Cazeneuve, pionnier Français de la discipline en 2016 et premier champion du monde -65kg en 2017, a remporté le tournoi plusieurs fois. A 30 ans, l’athlète détient déjà un beau palmarès : 12 combats pour 11 victoires.

Parmi les combattants de l’IFC cette année, il y aura le toulousain Paul Ducher. Malgré une allure svelte et un regard bienveillant, il ne faut pas s’y tromper : l’homme est un adversaire redoutable. Samedi, il sera opposé à l’allemand Hassan Celik en catégorie -75 kg pour l’affrontement le plus attendu de la soirée.

Entre brutalité des échecs et douceurs de la boxe

Avant, Paul faisait du basket. A l’origine, il n’était ni joueur d’échecs ni boxeur. Il s’est mis aux deux dans l’optique de pratiquer le Chessboxing.Ça m’a vraiment attiré. Le sport m’intriguait. En fait, les deux disciplines sont très complémentaires”. A première vue, poing de similitudes et pourtant… “Les deux sont extrêmement violents. Les échecs, ça peut être très brutal. Ce jeu, c’est une sorte de mise à mort codifiée. Il m’est arrivé, en compétition officielle, de perdre contre de jeunes enfants qui étaient meilleurs que moi et ça fait mal”, nous confie Paul. Le Chessboxing, un sport de brutes ? Comme le rappelle le nom de la compétition du 18 mais prochain (Intellectual Fight Club), le combat est aussi intellectuel. “La boxe, malgré cette image de sport violent, est aussi très cérébrale. Elle oblige à avoir une bonne appréhension du combat, une réflexion technique et stratégique, comme c’est le cas des échecs”, explique le chessboxer.

Côté entraînement, le jeune homme est affilié au ChessBoxing Toulouse, où il se rend toutes les semaines.Au sein du club, il y a un professeur de boxe et un maître d’échecs qui permettent d’apprendre et de progresser sur les deux en même temps”. Au vu de sa pratique compétitive, Paul suit en parallèle des cours de boxe et d’échecs dans des clubs spécifiques. Une discipline de fer qu’il doit concilier avec son activité professionnelle d’intérimaire dans le secteur commercial. Pour autant, vivre du Chessboxing n’est pas son objectif. “C’est très rare d’en vivre et je pratique par plaisir, pas pour gagner de l’argent. Mais à mesure que ce sport grandit, j’espère que ce sera une possibilité pour les futures générations de Chessboxers”, indique Paul.

Perdu d’avance ? Attendez ? Alors peut-être, peut-être !

Malgré tout, le Chessboxing reste un atout sur le CV. “Ce sport repose sur la prise de décision en situation de stress. Dans le contexte professionnel actuel, ça peut servir. C’est une manière de se préparer à affronter la vie active”.

Au-delà de la gestion du stress, le Chessboxing est un sport qui fait vibrer. “Les affrontements de Chessboxing ont quelque chose d’assez intense en termes de storytelling, raconte Paul. Ce n’est jamais gagné ou perdu d’avance. Que ce soit aux échecs ou à la boxe, l’adversaire peut toujours faire une erreur et l’alternance des disciplines peut complètement renverser la situation”.

Né d’un récit de fiction, chaque combat de Chessboxing raconte une histoire qui est bien réelle. Samedi, Paul écrira la sienne. En lui souhaitant une happy-end…

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