Retour sur la conférence du 10 novembre sur le thème de la crise de la représentation démocratique
La LDH Sète et Bassin de Thau a organisé, le vendredi 10 novembre, au…
La LDH Sète et Bassin de Thau a organisé, le vendredi 10 novembre, au Palace, une nouvelle conférence débat. S’interrogeant sur la crise de la représentation démocratique
Le débat est introduit par Gérard Aschieri. Syndicaliste bien connu (ancien secrétaire général de la FSU notamment, il siège, au titre de cette organisation, au CESE -Conseil économique, social et environnemental-, 3ème des assemblées constitutionnelles françaises).
Actuel rédacteur en chef de la revue mensuelle Hommes & Libertés de la LDH, il était particulièrement bien placé pour animer cette réflexion.
Gérard Aschieri rappelle d’abord les fondements de la démocratie (l’Agora) et note que même si elle paraît une norme acquise, près du tiers des français pensent qu’il pourrait y avoir un autre système !Puis il montre que si la critique est justifiée vis-à-vis de la démocratie représentative (du fait principalement du sentiment que la représentation est monopolisée par les mêmes hommes et femmes, de plus en plus coupés de la réalité que vivent les simples citoyens), cela pouvait aussi conduire au populisme, avec le risque de remise en cause de la démocratie et des droits qui lui sont liés et instituent le citoyen.
Quant à la démocratie participative, avec des formes d’association directe des citoyens aux décisions qui les concernent, si elle correspond bien à cette volonté d’être associé, elle nécessite de définir très clairement qui y participe ? Comment on rend compte ? Et surtout intégrer réellement ce qui a été dit, ce qui n’a pas toujours été le cas …
Pour le conférencier, un équilibre et une articulation doivent être trouvés non pas pour remplacer la démocratie représentative mais pour la renforcer, en associant mieux les citoyens, à l’aide notamment du numérique (malgré les dangers et manipulations possibles de ce WEB.2.0). En veillant également à ne pas laisser de côté les «handicapés de l’internet» et à intégrer ceux qui n’ont pas le droit de vote (cf. la position de la LDH quant au droit de vote pour les étrangers non communautaires).
Il rappelle également la dimension «sociale» que doit avoir cette démocratie ainsi que la nécessité de passer du JE au NOUS à travers les associations, les corps intermédiaires, les partis politiques.
En conclusion, Gérard Aschieri insiste sur le fait que la démocratie doit, sans nul doute, être rénovée mais qu’elle a surtout besoin d’être enrichie et renforcée. En consolidant les droits, en faisant respecter sans concession ceux qui existent et en créant de nouveaux.
Le débat avec la salle, qui a suivi cette présentation, a été particulièrement riche parmi les quelques 80 participants à cette conférence.
Beaucoup ont insisté sur le risque de séparation entre «les élites, les initiés, les professionnels de la politique» et les autres citoyens. L’usure de la démocratie a été évoquée (voire même l’absence totale de celle-ci) tout comme la pression de l’argent, le rôle des médias, la non prise en compte de l’opinion publique, le non respect des mandats et engagements pris durant les campagnes.
Notons également les apports de l’actuel député de la circonscription (Christophe Euzet), de son prédécesseur (Sébastien Denaja) ainsi que de la conseillère départementale (Véronique Calueba Rizollo).
Le premier (qui a remplacé Sébastien Denaja comme représentant du Parlement à la Commission nationale consultative des droits de l’Homme) partage le constat de la crise de la démocratie représentative et note qu’il n’y a, malgré l’intérêt du débat, aucun jeune présent. Il estime que beaucoup doit être fait en matière d’éducation/formation. Il note que Sieyès, en son temps, préconisait le recours au référendum. Pour lui, le monde virtuel de la cybernétique est incontournable et offre des solutions, mais aussi des pièges. Il précise être contre la numérisation des votes.
Sébastien Denaja, quant à lui, analyse la crise de la représentation nationale comme une conséquence de la crise de l’État. Il a insisté sur l’intérêt des expérimentations (par exemple l’amendement citoyen). Il s’est interrogé sur la possibilité de fusionner le Sénat (dont il estime que le mode d’élection n’est pas démocratique) avec le CESE.Enfin, il s’est montré critique sur la volonté de diminuer le nombre de députés qui va conduire à un plus fort éloignement de l’élu avec le terrain.
Pour sa part Véronique Calueba-Rizollo a montré combien les dernières élections ont prouvé l’intérêt des plateformes numériques pour l’élaboration des programmes. Elle a aussi évoqué diverses expériences, positives, de budgets participatifs permettant à des citoyens d’en décider eux-mêmes l’usage.
Un pot convivial a conclu cette conférence. Permettant à tous les participants de continuer à débattre avec le conférencier et les divers responsables politiques ou syndicaux présents. En toute convivialité mais aussi avec convictions et fermeté !