Richarme, le rayonnement des couleurs (Espace Bagouet, jusqu'au 15 novembre)
Après le Musée Paul-Valéry à Sète, c’est au tour de l’espace Dominique Bagouet, à Montpellier, de présenter l’univers pictural de Colette Richarme (1904-1991). Cette peintre aux style et couleurs facilement reconnaissables, proche des peintres du Groupe Montpellier-Sète, jouit d’une belle renommée dans la région. Au point d’avoir donné son nom à un passage contigu à l’église Saint-Roch. Visite…
Une vie de peinture
Née à Canton, en Chine, en 1904, Richarme traversa le XXe siècle. Elle passa deux années à Paris, à l’atelier de La Grande Chaumière, où elle découvrit la peinture à l’huile. Installée fin 1937 à Montpellier, elle éleva ses deux filles Janick et Michèle tout en s’adonnant à ses recherches picturales. Elle s’essaya au pointillisme et au fauvisme. En 1958, après de nombreuses visites d’expositions et lectures, le travail de Richarme prit une nouvelle tournure : elle avait trouvé son propre style. Dans son atelier de La Vignette, elle développa une peinture lumineuse, très colorée, rayonnante, basée sur 4 maîtres mots : construction, couleur, passage et transposition. Dès lors, son style s’éloigna de la figuration pour prendre un virage plus abstrait. Les sujets devinrent alors des prétextes pour elle. Elle ne cherchait plus à coller à la réalité mais à la transposer.
Evolution stylistique
Cette exposition rend compte de l’évolution stylistique de Colette Richarme grâce à des mises en regard d’œuvres de jeunesse avec d’autres plus matures ; le tout à travers des thématiques diverses : fleurs, ciels, nus, indique Zélie Durel, commissaire de l’exposition. Marines, étang de l’Arnel, goéland, pietàs, natures mortes… nombreux étaient les sujets d’inspiration de l’artiste.
Témoin des mutations de son temps
Il ressort de cette présentation d’œuvres peu montrées – car issues pour certaines de la collection familiale – que Colette Richarme s’est également fait l’observatrice des grandes mutations urbaines de son époque, particulièrement dans les années 1970-80. Les immeubles de la Paillade ou encore les usines en témoignent. Elle ne négligeait néanmoins pas les traditions, comme les fêtes de la Saint-Louis à Sète.
Les barrières de la condition féminine
Toute sa vie, Colette Richarme fut renvoyée à sa condition de femme. D’abord pour créer, car il lui fut difficile d’obtenir un espace rien qu’à elle au cœur de sa maison, comme ses filles avaient pu le confier à la rédaction il y a quelques années, lors d’une visite privée de son atelier. A ses débuts, elle peignait dans sa cuisine, avant de réussir à s’installer un atelier. Sa condition de femme fit qu’elle ne fut jamais intégrée au Groupe Montpellier-Sète, même si elle put en rester proche. Enfin, Richarme souffrit de ne pas pouvoir exposer autant que les peintres masculins qu’elle côtoyait, révèle Régine Monod, présidente de l’Association Richarme.
Des palettes-tableaux
Les palettes de Richarme étaient de petits tableaux à eux seuls, reflétant le chromatisme des œuvres. Au total, elle a peint près de 600 huiles, créé plus de 2 000 œuvres sur papier et utilisé et conservé 500 palettes. On peut voir des palettes, ainsi que des gouaches et lavis dans les vitrines. Pour prolonger l’exposition, la rédaction vous suggère de lire l’ouvrage Colette Richarme, transpositions paru chez Méridianes.
Virginie MOREAU
vmoreau.hje@gmail.com
Informations pratiques
> Espace Dominique Bagouet – Esplanade Charles-de-Gaulle – Montpellier – 04 67 63 42 78.
> Exposition visible du mardi au dimanche, de 10h à 13h et de 14h à 18h.
> Visites commentées par Régine Monod tous les mercredis à 16h et les samedis 19 et dimanche 21 septembre à 15h. Réservation obligatoire à cette adresse : visites@ville-montpellier.fr