Economie — France

Royaume-Uni : la stratégie au service de Sa Majesté !

Quoi qu’on pense du Brexit, c’est un bel exemple de méthode que donne le Royaume-Uni. Edouard Tétreau y voit même, dans Les Echos, le signe d’un retour dans le concert des nations, grâce à la souveraineté retrouvée s’affranchissant de la bureaucratie européenne.

Annoncer ainsi le succès du « Britain is back » est sans doute prématuré. En revanche, la démarche mérite de retenir l’attention : dans un contexte de court terme dominant, le Royaume-Uni se distingue en éclairant le moyen et le long terme. L’ouvrage « Global Britain in a Competitive Age » est un document de 114 pages, remarquable par son caractère stratégique global. Il intègre en effet l’ensemble des champs d’action de l’Etat : défense et sécurité, science et technologies, leadership diplomatique, soft power, cyber et climat. Il se présente donc à juste titre comme un « guide pour l’action ».

Le constat : l’ordre international de 1945 est mort

La sortie de l’UE est une opportunité de revoir les politiques intérieure et extérieure du Royaume-Uni, en optimisant les avantages de l’indépendance. L’ordre international devient plus fragmenté, avec l’intensification de la compétition entre les Etats, les normes et les valeurs. La coopération globale ayant peu de chances de se fortifier, il faut se préparer à maximiser les opportunités et limiter les risques.

La population mondiale augmentera à 8,6 milliards en 2030. La plus forte augmentation sera en Afrique sub-saharienne, entraînant une instabilité propice aux conflits. Dans la plupart des pays, la part de la population âgée augmentera. La pauvreté diminuera dans le monde. Elle sera presque éradiquée en Asie et Amérique latine. 86 % de la population mondiale sait lire. Se posera le problème de l’influence géopolitique des « large tech companies ». Il y aura une demande croissante de sécurité, face à la désinformation. Les Etats totalitaires auront plus de facilités que les autres à répondre à l’attente de surveillance et de contrôle.

L’objectif : monter d’un cran la résilience du Royaume-Uni

Le contexte international impose de mettre l’accent sur la sécurité et la résilience, par la défense du peuple, du territoire, des infrastructures critiques, des institutions et de la « way of life ». Les Britanniques questionnent leurs forces et faiblesses en tant que puissance, sur l’ensemble du spectre économique, sociétal, diplomatique, technologique et militaire. Exemples : la BBC est le premier « broadcaster » mondial touchant 468 millions d’auditeurs dans le monde, le Royaume-Uni est la 3e « cyber nation » du monde, en termes de capacités offensives et défensives. La science et la technologie doivent être comprises comme des fondamentaux de la défense nationale. Le terrorisme, islamiste et nord-irlandais, sera une menace. Parallèlement, la finance illicite risque de se renforcer.

Le plan d’actions qui en résulte veut répondre à un monde plus instable, voire violent. A l’inverse d’une ligne Maginot, le choix est de se donner les moyens d’être un compétiteur important au XXIe siècle, en développant le triptyque souveraineté, sécurité et prospérité.

Le plan d’actions : géostratégie, sciences et défense

Géostratégie d’abord. Elle induit d’approfondir les connexions du Royaume-Uni en tant que nation maritime, avec les parties les plus dynamiques du monde, comme la zone indo-pacifique, l’Afrique et le Golfe. Une plus forte présence sera observée dans les structures telles que l’ASEAN et l’Africa Investment Summit. Un système d’immigration « à points » est en cours de développement, sur la base d’un Global Talent Visa permettant d’attirer les meilleures compétences. Le Royaume-Uni continuera à pratiquer le multilatéralisme « as a force for good in the world ». Les Etats-Unis sont l’allié le plus important. L’Europe est citée, mais l’accent est mis plutôt sur le Commonwealth. La Chine est citée pour ses marchés en croissance, mais désignée nommément comme la plus grande menace pour la sécurité économique britannique (allusion au siphonage des technologies d’Airbus).

Dans le domaine scientifique, le rapport veut poursuivre les succès en matière de vaccins et de décodage de l’ADN. Le National Cyber Security Center bénéficiera de moyens renforcés dans le cadre de la Cyber Force qui unifie le commandement des services d’intelligence. Dans la défense, le partenariat public-privé permettra de développer des missiles dernière génération. Le nombre de têtes nucléaires sera réajusté à la hausse. La protection des océans sera renforcée (les Britanniques n’oublient jamais la Royal Navy). Un programme « vert » est prévu contre le réchauffement climatique, proche du français, sauf une grosse différence : pour sécuriser l’approvisionnement en énergie, il inclut clairement un investissement dans le nucléaire de nouvelle génération.

« Global Britain in a Competitive Age » : en tant que réflexion globale, un exemple à suivre, quand on voit la pauvreté de la production des organisations françaises en charge de la stratégie, dont on remarque surtout l’aptitude à recaser les politiciens et économistes en perdition.

Annelise FONDARY & Roland PASCAL,
pour ExStrAPoL SAS
et RésoHebdoEco

Auteur : HM Government (le gouvernement de S.M.)

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