Société — France

Sanofi : la direction garde le cap malgré les protestations syndicales

La direction du géant pharmaceutique français Sanofi a défendu son virage stratégique et son impact dans la R&D lors de son assemblée générale annuelle mardi, en dépit des critiques des syndicats.

“Non, non, non aux licenciements !”, ont scandé des protestataires pendant l’AG qui s’est tenue au Palais des Congrès à Paris, peu après une manifestation organisée par l’intersyndicale devant le siège social du groupe à Paris.

Devant les actionnaires, le directeur général Paul Hudson a défendu son choix stratégique qui donne la priorité à l’immunologie et les vaccins tout en reconnaissant que “les impacts individuels peuvent être très difficiles”. Mais, a-t-il justifié, “on ne peut pas trouver des médicaments miracles avec des méthodologies datées qui ne fonctionnent plus” : “il faut réorienter la R&D et faire les paris là où il le faut” après le manque de succès en oncologie.

De son côté, le président du conseil d’administration, Frédéric Oudéa, a assuré devant les actionnaires qu’il serait “attentif à l’équilibre du profil de risque de l’entreprise”. Interrogé sur la décision prise en 2019 d’arrêter la recherche dans le diabète alors que les concurrents danois Novo Nordisk et américain Eli Lilly prospèrent pour avoir misé sur des antidiabétiques utilisés dans l’obésité, M. Hudson a regretté que le groupe ait “raté le créneau”.

Mais “on ne peut pas réécrire l’histoire”, rappelant que la décision avait été prise avant son mandat. Juste avant l’AG, plus de deux cents manifestants – salariés, syndicalistes et représentants politiques – avaient protesté devant la Maison Sanofi à Paris contre le plan social dans la recherche en oncologie annoncé plus tôt ce mois-ci, conséquence de son recentrage dans l’immunologie.

“Sanofi, champion olympique des licenciements”,  “JO = jeter l’oncologie”: les allusions aux Jeux Olympiques, dont Sanofi est partenaire, ont fusé. Le plan prévoit la suppression de 1.200 postes dans la R&D mondiale, dont 330 en France, principalement (288) sur le site de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), et plus marginalement à Montpellier et Gentilly (Val-de-Marne).

“Ce sont nos impôts qui paient la casse sociale chez Sanofi”, qui a “envie d’engraisser les actionnaires sur le dos de ses salariés et des patients”, a alerté Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France au cours d’une conférence de presse juste avant la tenue de l’Assemblée générale des actionnaires.

“Sanofi bafoue cyniquement toutes les valeurs de l’olympisme” : “où est le respect quand nos dirigeants sacrifient les salariés ? Où est l’excellence quand la recherche est soumise aux seuls intérêts financiers ? “ a dénoncé de son côté Jean-Paul Nicolas, délégué syndical CFDT de Vitry.

“Sanofi ne s’intéresse qu’aux traitements coûteux qui seront vendus avec de fortes marges comme des produits de luxe”, a-t-il déploré. La CFTC a également critiqué “l’attitude honteuse de nos hauts dirigeants qui préfèrent se focaliser sur les Jeux Olympiques”, “en complet décalage avec la réalité vécue par les salariés sur le terrain”.

“Sanofi se gave aussi sur le dos de la Sécurité sociale” et “Sanofi doit être nationalisé” pour lutter contre la pénurie de médicaments et investir dans la recherche, a lancé sur place le numéro un du parti communiste, Fabien Roussel. Le groupe indique avoir présenté “un projet de plan de départs privilégiant le volontariat” et des mesures d’accompagnement, mais les syndicats redoutent des départs contraints. 

“La recherche, ce n’est pas un sprint, c’est un marathon, un investissement sur 10 à 15 ans”, rappelle Dorothée Bourges, 46 ans, chercheuse en oncologie sur le site de Vitry. Elle dit en être à son “5e chef en R&D en 10 ans chez Sanofi” et déplore cette “vision à court terme”.

“Faire de la recherche sans chercheur pour une entreprise pharmaceutique, je ne comprends pas”, renchérit Isabelle Schreiber, 56 ans, technicienne, chercheuse se disant “écoeurée” après 34 ans dans la société.

Sanofi est, avec 2 milliards d’euros par an chaque année, “l’investisseur numéro un dans la R&D parmi toutes les entreprises de l’indice CAC 40”, a insisté M. Hudson.

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