Santé : Prism se positionne comme premier fabricant 100 % français de masques
Par Anthony REY Entreprise en cours de création à Montpellier, opérationnelle en octobre, Prism…
Par Anthony REY
Entreprise en cours de création à Montpellier, opérationnelle en octobre, Prism finalise une unité de fabrication de masques jetables made in Occitanie, jusque dans son système de production. Munie d’un business plan ambitieux, elle veut impulser une nouvelle filière industrielle santé face à la pandémie de Covid-19.
L’initiative éveille déjà l’intérêt des professionnels et des responsables politiques, en Occitanie et même jusqu’au ministère de l’Industrie. Une nouvelle entreprise, en cours de création entre Lunel et Montpellier, affiche de fortes ambitions industrielles dans la « protection contre les risques sanitaires et microbiens » – d’où son nom, Prism. Fondée fin août par deux entrepreneurs héraultais, Jean-Marc Azam (Valéa Santé) et Christian Curel (i2a), elle s’affiche comme le premier fabricant 100 % français de masques jetables, au sens de première entreprise basant sa production sur le territoire national tout en utilisant des machines elles-mêmes de conception française. « Avec la crise sanitaire, on assiste depuis plusieurs mois à l’apparition de fabricants de masques en France, parfois par opportunisme. De plus, ils utilisent des machines de conception chinoise, qui sont souvent frappées par un certain taux de pannes. On peut craindre que beaucoup d’entre eux disparaissent », analyse Christian Curel, directeur général de Prism.
Des machines fabriquées en Occitanie
Pour sécuriser sa base industrielle, Prism s’est tournée vers deux partenaires en région, spécialisés dans la conception et la fabrication d’outils de production. L’un d’eux, le Lunellois Enthon Engineering, lui fournira des machines de production de masques FFP2, « capables de fabriquer plusieurs milliers d’unités à l’heure ». Le deuxième, l’Alésien 7Tech, se chargera des machines dédiées aux masques chirurgicaux. Les ingénieurs de Prism s’activent déjà sur ces outils, pour l’heure entreposés à Lunel, afin d’intégrer diverses innovations à ces produits.
Les modèles FFP2 seront plus larges que le standard du marché, « pour offrir une meilleure protection ». « Nous serons également le premier fabricant pouvant personnaliser des masques jetables selon les besoins du client. Nous innovons dans l’utilisation de nouvelles matières, pour apporter plus de valeur ajoutée », ajoute Christian Curel.
Mais Prism pourra-t-elle affronter la concurrence des fabricants à bas coûts, d’Asie ou d’ailleurs ? « La concurrence s’exerce surtout sur les masques chirurgicaux, car la production en série de FFP2 est beaucoup plus difficile à réaliser. De plus, nous vendrons en direct sur les marchés ouverts par l’Etat et les grands hôpitaux, ce qui nous évitera de payer les marges prélevées par les importateurs », indique Christian Curel.
Une filière de produits stratégiques
Prism a investi 500.000 € sur fonds propres, pour un total de 2,6 M€ prévus au plan de financement. Elle a déjà commandé 4 machines et a recruté 7 collaborateurs, avec l’objectif d’employer 30 personnes dans dix-huit mois, et 50 dans quatre ans. Son business plan affiche un prévisionnel de 5 M€ en 2021 et 10 M€ en 2022. Elle prévoit d’emménager sous peu dans des locaux à Montpellier, sur au moins 600 m2, mais réfléchit déjà à de futurs bâtiments de 2 000 m2 au fur et à mesure qu’elle installera de nouvelles lignes de production (chaque machine pèse 7 tonnes et s’étend sur près de 9 mètres).
La fabrication des masques chirurgicaux débute en octobre, celle des FFP2 en novembre, mais Prism est tournée vers une stratégie qui va au-delà. « L’objectif est bien de monter une filière privée autonome autour des produits santé stratégiques, fabriqués en Occitanie, d’abord avec les masques jetables, et ensuite avec d’autres gammes », révèle Christian Curel. Pour cela, Prism mobilisera là encore le savoir-faire d’entreprises locales qui, avec la crise sanitaire, se sont diversifiées dans cette voie.
En partenariat avec Valéa Santé (vente de matériel médical pour particuliers et professionnels, Lunel), elle commercialisera des produits standard tels que du gel hydroalcoolique. Avec Sÿnia (fabricant d’étiquettes classiques et en relief implanté à Lavérune), elle proposera des écrans mobiles en Plexiglas® pour les espaces de travail. Sur la base d’une technologie développée par Bio-UV (traitement de l’eau par ultraviolets, Lunel), qui a déjà conçu un scanner UV contre le Covid-19, elle lancera son propre système de désinfection amovible par UV. « Ce produit sera aussi industrialisé dans notre usine d’ici la fin 2020 », annonce Christian Curel.