SERIGNAN - Une histoire pimentée

La gastronomie est un pan de notre patrimoine immatériel qui fait la fierté de Sérignan. La diversité et la qualité des produits sont à l’image de ses habitants, généreux et forgés par leur territoire.

Les migrations diverses ont enrichi la palette des saveurs et la variété des recettes. Il existe un produit emblématique du village que l’on retrouve encore suspendu en tresses dans les cuisines, les façades des maisons ou dans les garages. Le fameux piment Sérignano-calabrais qui donne un petit coup de fouet aux pâtes, pommes de terre ou encore à la charcuterie. C’est un peu d’Italie que les émigrés ont ramené dans leur poche au XIXe siècle. Les graines plantées pouvaient prendre racine à Sérignan et leur offrir des promesses gustatives qui leur feraient oublier la rudesse du travail de la vigne ou les railleries de certains locaux indélicats. Les pébrines, les baïanelles embaumaient les rues et coloraient les façades des ruelles du centre-ville.

Il régnait dans les quartiers une ambiance festive entre bruits de couverts, disputes et chansons comme autant de marques pour décrire l’effervescence de la vie. Le piment s’offre, s’échange et se transmet comme un grigri, un porte-bonheur. Il se déguste surtout, simplement revenu dans l’huile d’olive, sec ou frais, piquant parfois et parfumant avec panache les produits bon marché que pouvaient s’offrir à l’époque les Italiens en arrivant sur place.

Naîtrons ainsi des plats comme les patanes à la santagiolèse, (pommes de terre revenues dans le piment, typique du village de Santangelo, hameau de Cetraro en Calabre), les paste-patanes (mélange de pâtes et de pommes de terre) ou paste-chiche (pâtes et pois chiches), des plats qui tiennent au corps.

Le piment est devenu un produit incontournable décliné par les gastronomes et les cuisiniers de tous horizons. Il reste pour beaucoup une madeleine de Proust qui réchauffe instantanément le cœur et les papilles comme un voyage à portée de fourchette…