Sète : Christophe Lalia s’exprime sur les propos de François Commeinhes qui veut « exterminer » Bancs Publics.

Pour le Collectif Bancs Publics la lutte acharnée a démarré avec la construction d’un parking souterrain en centre-ville, mais avec ce conflit, ils ont dénoncé les « manipulations douteuses » de ce qu’ils nomment le « système Commeinhes ». François Commeinhes, c’est le maire de la ville de Sète aux commandes depuis plus de deux décennies.

Les vœux de Bancs Publics pour cette nouvelle année 2024 ont été forts de sens. Ils se sont définis ainsi « le Collectif Bancs Publics, c’est : je, tu, il, elle… c’est nous, c’est vous … c’est la parole citoyenne retrouvée face à un projet d’un autre âge, écocide et qui, sous ses tonnes de béton, enterrerait en même temps, l’âme de notre ville. Cette parole, c’est notre première victoire, et nul ne pourra la supprimer ! »

« Il faut les exterminer ces gens-là » c’est la phrase exacte de François Commeinhes. Pour le président de l’association Bancs Publics la séquence est inacceptable : « exterminer… Quel mot, hein ! Quand on entend ça en conseil municipal, ça a été la stupeur. Jeter l’anathème sur cette mobilisation, c’est ne pas comprendre les inquiétudes et les urgences qui sont au cœur de notre mouvement […] C’est indigne à une telle place d’utiliser ces termes-là. Nous sommes évidemment blessés et très touchés. » 

Unis, les membres du Collectif comptent bien engager des poursuites pénales avec leur avocat, maître Fernandez. Christophe Lalia explique : « l’action de la justice va se mettre en mouvement. Je crois que ce qui se passe ici dépasse le stade de la vie locale. Les gens sont atterrés. La démarche qui est mise en place par notre avocat est une citation directe. » En clair, François Commeinhes sera cité à comparaître à l’audience du jugement. En effet, une citation directe permet à la victime d’une infraction de convoquer elle-même la personne qu’elle souhaite poursuivre à une audience du tribunal, afin qu’elle puisse y être jugée. Cette procédure de la citation directe représente environ 15 % des audiences annuelles des juridictions pénales.

Ici, sur l’île singulière, qu’on le veuille ou non, la subtilité du maire de Sète a été de lancer le 18 décembre 2023 une injonction, c’est à dire : autoriser les Sétois à penser que ces gens-là sont de la vermine, c’est-à-dire des personnes méprisables, nuisibles à la société. Pour les soutiens de François Commeinhes et son électorat, le message est certainement passé.

Christophe Lalia, avec Bancs Publics déclenche une envie de démocratie participative, une démarche qui a tendance à déranger certains élus en place, qui ont du mal à associer les citoyens au processus de décision politique. Et pour le Président du Collectif : « qu’on soit une force politique, c’est un fait : c’est un combat politique-citoyen dans le sens premier de ce qu’est la vie politique, c’est-à-dire s’intéresser aux affaires de la cité. Il y a des mouvements politiques traditionnels qui existent, on les respecte, on respecte ce fonctionnement là, mais en même temps, avec l’aspect novateur que l’on représente au niveau local, je pense que l’on devient effectivement une force qui doit inquiéter politiquement. »

Mais des mots aussi blessants, auraient-ils pu être prononcés avec des séances publiques du conseil municipal de Sète ? Christophe Lalia est convaincu que non : « l’argument d’empêcher l’ouverture véritablement au public de la part de la majorité municipale, c’est de dire, ‘on craint des débordements’. Mais le débordement, on vient de le voir de la part du maire. Ce dérapage, il ne se serait peut-être pas produit, avec une assistance populaire tout autour d’un véritable conseil municipal ouvert à tout le monde. »