Politique — Sète

Sète : l’eau de la discorde, la tension monte autour du chantier controversé du parking Aristide Briand

Tension palpable sur le chantier du parking place Aristide Briand, qualifié de « calamiteux » et « scandaleux » par les militants de l’association Bancs Publics, mais Vincent Sabatier, adjoint de François Commeinhes rassure : « Il n’y a pas de nappe phréatique en pression sous la place. »

Certains citoyens, excédés par ce qu’ils considèrent comme des mensonges de la part des dirigeants de la mairie et de la SPLBT*, ont exprimé leur mécontentement de manière engagée, et envisagent la désobéissance civile comme dernier recours. Samedi dernier, des manifestants ont profité de l’absence de fermeture des grilles du chantier pour y pénétrer. L’opération s’est déroulée dans le calme, mais l’un des participants a été embarqué et a passé 24 heures en garde à vue. Un rassemblement de soutien a eu lieu devant le commissariat, auquel s’est joint le député Sylvain Carrière.

L’eau de la discorde, qu’en est-il vraiment ?

L’un des points majeurs de discorde concerne la présence d’eau sous la place où se déroule le chantier. Malgré les affirmations des autorités locales selon lesquelles il n’y aurait pas d’eau, celle-ci a fait son apparition, visible aux yeux de tous. Mais qu’en est-il vraiment ?

«  Le chantier du maire prend l’eau », affirment certains. « Avarie et gâchis » pour d’autres, qui réclament transparence et justice. Forte d’un suivi de pratiquement 3000 personnes sur sa page Facebook l’association Bancs Publics, présidée par Christophe Lalia reste très investie dans son opposition au parking, qui aurait du être inauguré ces jours-ci, confie Vincent Sabatier.

Remontées de nappes phréatiques, « le député insoumis se fait largement abuser, » affirme Vincent Sabatier.

Sylvain Carrière député de l’Hérault en commission à l’Assemblée nationale indique que « certains chantiers de parking souterrains sont confrontés à des problèmes de remontées de nappes phréatiques. Nous avons proposé un amendement pour rendre obligatoire une étude d’impact pour ce type de projet en centre-ville. » Et il cite l’exemple de la ville de Sète en notant que « la mairie a probablement négligé les chiffres du débit d’eau à pomper […] Résultat, le chantier est inondé… »

En revanche, pour l’adjoint en charge du pôle « Ville apaisée », délégué aux grands travaux, « le député insoumis se fait largement abuser ! » Il explique : « l’histoire de l’eau sur cette place, ils en ont fait une lubie … Sur le chantier on voit effectivement de l’eau. On pourrait se dire, ah ! Mon Dieu, elle s’écoule partout ! Pas du tout ! L’eau s’installe dans le fossé que l’on a fait tout autour, pour justement lui permettre de se réinfiltrer, et pour ne pas inonder les rues. Cela aurait été une catastrophe, si l’on avait vu les rues s’inonder. Ce n’est pas du tout le cas. Cette situation a été anticipée, et je rappelle que ce sont des professionnels qui font ça ! »

 « L’eau qui est remontée sur la place, c’est de l’eau salée. » Vincent Sabatier.

Quid de cette eau ? Vincent Sabatier rassure : « Il n’y a pas de nappe phréatique en pression sous la place. » Alors, pas de gâchis ? Intarissable sur le sujet, l’adjoint de François Commeinhes développe : « l’eau qui est remontée sur la place, c’est de l’eau salée. Les forages sont descendus à moins 4 mètres NGF*. La dalle du parking sera au zéro NGF. Et la nappe d’eau, constatée par les piézomètres, est connue de tous dans les dossiers qui ont été donnés aux avocats de la partie adverse. Cette nappe d’eau est mesurée entre moins 0,30 et moins 0,80 cm, on sait qu’il y a de l’eau, et cette eau, elle est salée. Donc on a foré à moins de 4 mètres NGF pour constituer des puits, puisqu’il va falloir, pour construire le parking, rabattre une partie de cette eau pour travailler les pieds au sec. »

Nettoyage de forage et soufflage sont des techniques qui permettent l’élimination des débris et des coupures de roche générés pendant l’opération. Elles permettent de maintenir la qualité et la sécurité des puits avant de procéder à la cimentation de l’ouvrage. « Donc forcément, on a vu de l’eau remonter quand on a soufflé. Mais quand on ne souffle plus, il n’y a pas d’eau qui remonte. Ensuite, on va rabattre cette nappe dans les mesures qui nous sont autorisées par la DREAL*. Il y a une quantité d’eau que l’on a le droit de pomper, avec un temps de pompage donné. Ensuite, cette eau sera rejetée via un process de décantation et de nettoyage. »

« Il n’y a jamais eu d’eau à Sète, avant qu’on aille la chercher à Issanka. » Vincent Sabatier.

En interview, Vincent Sabatier ne se prive pas d’une petite leçon d’Histoire : « Ce n’est pas parce qu’il y a de l’eau qui remonte que cette eau est exploitable. Il n’y a jamais eu d’eau à Sète, avant qu’on aille la chercher à Issanka. Tout le monde le sait, il n’y a rien à cacher […] Historiquement, les arbres de la place, et je l’ai toujours dit, sont irrigués par l’eau d’Issanka que l’on est allé chercher en 1862. On connaît notre Histoire et notre plan d’irrigation, on sait qu’il n’y avait pas d’eau sous la place. Les arbres ne poussaient pas, c’est pour cela qu’il fallait les irriguées. Donc il n’y a aucune surprise. » 

Puis légèrement courroucé de se faire accuser de menteur ou de cachotier, l’adjoint de François Commeinhes réaffirme : « on ne cache pas les choses, il n’y a pas d’eau douce, il n’y a pas une nappe d’eau douce sous la place, c’est de l’eau salée. On a foré plus bas que le niveau du parking pour les besoins du chantier. Le chantier se déroule normalement, il n’y a pas de surprise, on nettoie les puits, ça fait remonter de l’eau, c’est de l’eau salée »

*SPLBT : Société Publique du Bassin de Thau  pour l’aménagement du territoire et la gestion des services publics

*NGF : le Nivellement Général de la France permet l’expression des altitudes dans un même et unique système de référence. Le niveau « 0 » correspond au niveau moyen de la mer à Marseille. Ce point permet de déterminer l’altitude de tout autre point.

*DREAL : Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement

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