SOCIETE - Au secours, mon enfant a chopé le virus Fortnite !
Il est l’heure de dîner. Dans de nombreux foyers, ce moment de convivialité familiale…
Il est l’heure de dîner. Dans de nombreux foyers, ce moment de convivialité familiale va une fois de plus être mise à mal. A cette heure-ci, après les devoirs et l'entraînement de foot, des milliers d’enfants s'exercent à leur loisir préféré, Fortnite, casque et micro vissés sur la tête tel un pilote d'airbus !
La plupart du temps, la première invitation reste sans effet : « Tu arrêtes Fortnite maintenant chéri, viens mettre la table, on mange ! » et se transforme au bout de quelques minutes de patience en hurlements incontrôlés. « MAIS TU VAS ARRÊTER MAINTENANT AVEC CETTE CONSOLE DE M… »
Là, les petits camarades de jeu à l’autre bout du casque comprennent que le game is over. « A demain mec ! » (Avec sa variante, « à demain, frère », même si cela s’adresse à une fille).
Le jeu en ligne Fornite a conquis les 8-12 ans, au grand désespoir de certains parents, dépassés par ces gamins qui ne décrochent pas de leurs manettes et hurlent des trucs incompréhensibles, casques vissés sur les oreilles.
Un challenge en équipe à relever
Dans Fortnite, il y a des règles que la plupart des parents ignorent. Lancé 2017, le principe de ce jeu en réseau, du moins le mode le plus utilisé, repose sur la battle royale : 100 joueurs, échoués sur l’« île de départ », armés au commencement d’une simple pioche, vont voler en deltaplane jusqu’à un autre vaste territoire. Pour cela, ils doivent s’allier et récolter des armes pour éliminer les autres. Mais, à la fin, il n’en restera qu’une équipe.
Pourquoi cela les rend accros ?
Les concepteurs du jeu ont fait appel à des psychologues chargés d’élaborer un scénario de jeu basé sur des paliers à franchir qui rapportent des récompenses au joueur.
Ainsi, les sensations et la valorisation sont au rendez-vous. C'est un endroit où l'enfant a la sensation d'acquérir des compétences, d'avoir des copains. Quand il arrête, il y a un vide !
« C’est un bac à sable, qui offre un grand niveau d’autonomie, ce qui est très attirant pour des jeunes en transition vers l’âge adulte. » note un psychiatre addictologue spécialisé dans les adolescents. En France, des parents commencent aussi sérieusement à s’inquiéter.
Une mère raconte que le jeu a complètement changé le caractère de ses enfants. « Ils étaient devenus très nerveux, grossiers, et surtout addicts. Ils ne voulaient plus sortir en famille ou participer à des jeux de société. N’arrivant plus à gérer cette situation, j’ai fini par vendre carrément la PlayStation. »
De l’addiction au trouble
Le jeu devient problématique quand il devient si envahissant que l’enfant se désinvestit au niveau scolaire et familial.
Des centres de désintox numérique
Aux Etats-Unis, des parents désespérés envoient leur progéniture dans des centres de désintox numérique, dépourvus de toute connexion.
En France, le Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa), spécialisé dans les adolescents, a ouvert ses portes début décembre à Paris. La moitié des jeunes patients est traitée pour le cannabis, l’autre pour les jeux vidéo.
Attention à la carte bleue
Le temps des enfants est devenu un enjeu économique pour l’industrie du jeu vidéo et ses 120 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018.
Une nouvelle couleur pour son arme permet d'être stylé. » L’apparence de l’avatar a une influence sur les autres participants, cela impressionne l’adversaire, contrairement à la skin de base qui vous fera passer pour un « bambi » (loser).
En à peine 2 ans, le jeu révolutionnaire aura réussi à conquérir plus de 250 millions de joueurs. Accessible depuis tous les supports (Xbox, PS4, Nintendo Switch, PC, Mac, tablettes, smartphones), le jeu est disponible H 24 partout sur la planète sans dépenser un euro ou presque !
Etude complète réalisée par Magali Cartigny à retrouver dans le journal le monde
