TINTIN volé… Molière réincarné…
Florence, ma fille, m’avait prévenu: « N’y vas pas. Tu ne vas pas aimer. Pas…
Florence, ma fille, m’avait prévenu: « N’y vas pas. Tu ne vas pas aimer. Pas bon pour ton cœur. »
Elle qui m’a si souvent comparé au capitaine Haddock – « Tu es comme lui : quand tu te fâches, tu cries fort, mais au fond, tu es gentil. » – savait bien que je ne manquerais pour rien au monde le dernier film de Steven Spielberg, intitulé TINTIN, dans toutes les langues, au grand dam des Flamands pour qui TINTIN, c’est KUIFJE.
A la première minute de la projection, je suis rassuré. La Place du Jeu de Balle, à Bruxelles, dans les années ’50, est correctement reconstituée.
Mais quand un gros plan nous montre un Hergé beaucoup moins vrai que nature, s’exprimant avec un accent bruxellois qu’il n’a jamais eu, accent si piètrement imité qu’on en vient vite à s’interroger sur la qualité du casting, un Hergé qui réalise un portrait de « son TINTIN » pour l’offrir à celui de Spielberg, à cet instant, on mesure l’ampleur du drame. Spielberg s’est approprié TINTIN !
Et du même coup, tous les autres personnages qu’Hergé avait façonnés patiemment, méticuleusement, amoureusement, basculent dans un autre monde, celui d’Indiana Jones, de Jurassic Park et des dents de la mer.
Un capitaine Haddock vomissant son whisky dans le réservoir de l’hydravion, c’est d’une colossale finesse très américaine.
Tintin qui nous fait un coup de déprime, découragé parce qu’il croit avoir échoué, mais ça n’a jamais existé, Tonnerre de Brest !
Et le professeur Tournesol, qui incarne, chez Hergé, le savoir, la science, l’inventivité des Européens face à une Amérique adoratrice du dieu dollar, était-il si dérangeant, au point de ne pas figurer dans un film qui aurait pu s’intituler : « Objectif tune » ?
Même le merchandising, comme on dit outre-Atlantique, échappe aux héritiers d’Hergé, qui ne voulaient plus voir Tintin et ses amis « screenés » sur des verres à moutarde ou transformés en jouets chinois.
Vous savez quel nom donne Archibald Haddock à celui qui prend sans demander, qui se sert sans vergogne ?
Grand escogriffe ! – in « Le Secret de la Licorne », p. 54 et « Tintin au Tibet », p. 60 –
Sorti de Jurassic Park, tenté par une nouvelle aventure, j’ai couru à Florensac pour revoir et voir la nouvelle version de la pièce « La voisine du balcon d’en face » dont l’avant-première m’avait déjà séduit.
Le thème de l’épouse trahie et abandonnée par son mari parti pour une « plus jeune » a déjà été traité de mille manières, dans la littérature, au cinéma et au théâtre.
Cathy Ayral réussit l’exploit de l’originalité, en nous livrant un texte empreint certes de la gravité qui sied au sujet, mais surtout d’humour cinglant, dans une description, à la manière de Molière, des rapports hommes-femmes, femmes-femmes, hommes-Dieu, qui s’apparente aussi à la ligne claire d’Hergé.
Les scènes – les tableaux – se succèdent à un rythme soutenu, agrémentées d’intermèdes, comme dans les représentations des pièces de Molière.
L’auteur ou auteure, comme elle voudra, interprète, avec le même talent, deux rôles de sa pièce, mise en scène, avec beaucoup de savoir-faire, par un Daniel Soret magistral sur scène, accompagné par son très prometteur fils Quentin.
A leurs côtés, les excellentes prestations de Geneviève Mora, Nadaia Aissoun, Céline Rivalta, Lorine Mougenot, qui apporte le merveilleux dans cette (tragi ?)comédie, sont mises en valeur par Philippe Malaterre à la technique.
Ces artistes, formant La Compagnie du Grand 8, se produiront, je l’espère comme eux, près de chez vous.
Comme on dit dans la pub : allez-y !
L’esprit de Molière sera dans la salle.
Docteur Daniel Féret
Ancien Député Européen, membre de la Commission de la Culture
Tintinophile, membre de l’association « Les amis d’Hergé »
Ancien député européen
Impasse de Bételgeuse, 3
34300 Cap d’Agde
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