Droit

Trop beau pour être honnête ... par Antoine ALLEMAND

Trop beau pour être honnête Un projet intéressant... Le mardi 12 novembre dernier, monsieur…

Trop beau pour être honnête

Un projet intéressant…

Le mardi 12 novembre dernier, monsieur le maire représentant la ville d'Agde et la communauté d'agglomération Hérault Méditerranée a procédé à la signature d'une convention de coopération avec les représentants des Voies Navigables de France et de leur filiale Rhône Saône Développement. Il s'agit par là de “définir les contours de chaque maîtrise d'ouvrage pour la poursuite des études et la réalisation des travaux  du  port de plaisance fluviale” envisagé en bordure du Canal du Midi.

Cette démarche a été précédée en mars 2012  par la signature d'une convention entre les mêmes partenaires en vue d'établir un cahier des charges pour consultation et recherche d'un concessionnaire.

Le projet est très séduisant qui comprend la création d'un véritable port fluvial (la darse existante passe de 50 à 200 anneaux), la construction de bâtiments techniques (capitainerie…), un espace paysager, l'aménagement de la route RN 13 avec passage sous la voie ferrée, la  mise en valeur du bâtiment du XVIII ème siècle dit hôtel Riquet ( restaurant gastronomique, école des métiers de la restauration) et la création d'une zone artisanale.

Enfin une initiative censée créer des activités nouvelles et amener un flux touristique vers le centre ville !

Que trouver à redire, sinon applaudir des deux mains la créativité et le flair de nos élus… sauf qu'ils n'ont pas trop de quoi se gargariser.

… qui nécessite un petit rappel …

En effet, on peut s'interroger sur le fait que ce projet ne voit le jour que maintenant, à quelque mois des élections, alors qu' il avait été présenté, pratiquement à l'identique,  il y a déjà plus de 6 ans. 

On commence à parler sérieusement de port fluvial lorsque le 10 février 2007  est mis aux enchères au prix de 100 000 euros un terrain de 24000 m2 qui s'étend entre le canal du Midi et la voie de chemin de fer près des bâtiments de la Méditerranéenne. Didier Denestebe, alors élu d'opposition, s'inquiète du manque d'intérêt manifesté par la majorité pour cette affaire et demande que soit mis à l'ordre du jour du conseil municipal du 22 mars de la même année, la possibilité de faire rapidement préempter ce terrain par la ville (date limite fixée au 5 avril).

Comme la question n'apparait pas à l'ordre du jour ( établi par le maire), il la présente sous forme de question orale (qui ne peut être débattue) et il accompagne sa demande d'un avant projet  très semblable à celui qui  nous est proposé aujourd'hui… sauf que le port fluvial se situait sur les hectares à acquérir à côté de l'hôtel Riquet et pas en face.

Il ne s'attire que quelques sourires condescendants.

Lors du conseil municipal du 1er octobre 2007, l'adjoint aux finances de l'époque, qui ne considérait pas la préemption comme une bonne solution, annonce que, cependant, la commune avait fini par acheter pour 601 000 euros le fameux terrain en surenchérissant auprès de la société adjudicatrice. A cette occasion, le maire fait préciser  “à ceux qui tirent des plans sur la comête” que, lui, “travaille dans le concret” et que “pour les projets on verra plus tard“.

En janvier 2008, sera évoqué par la majorité la création d'un parc régional d'activités économiques sur la zone concernée et c'est tout.

 Là où le bât blesse, c'est qu'il s'agit de terres situées en zone rouge inconstructible. Le projet de Denestebe (creusement du port sur ce terrain et utilisation des seuls bâtiments existants) ne remettait pas en cause cette situation alors qu'on voit mal l'aménagement d'une zone d'activité sans création de bâtiments d'exploitation.

Il faut attendre novembre 2011 pour que le maire dans ses “ambitions pour 2020” reprenne à son compte le projet de port fluvial…

…et qui entraîne des interrogations

La première chose qui peut choquer un administré normalement constitué, c'est le calendrier de mise en oeuvre du projet. Alors qu'on a tant attendu, voilà que tout s'emballe : signature de l'accord de partenariat le 12 novembre et bouclage de l' appel d'offre devant désigner un concessionnaire le 29 du même mois !!!

La signature de la convention liant le concessionnaire (que l'on ne connait pas) est fixée au mois de février 2014 et va engager les collectivités pour des années. N'aurait-il pas été honnête d'attendre le résultat des élections pour le faire ?** Il est vrai que les partenariats public- privé ne présentent jamais de mauvaises surprises : voyez le problème posé par la perception de l'écotaxe (dédit de près d'un milliard en cas de rupture de contrat) ou le manque à gagner pour l'Etat lorsqu'il s'est dessaisi de la gestion des autoroutes au profit du privé.. 

La fin des travaux du port menés par le concessionnaire est prévue début 2015 pour mise en service avant saison; le passage sous la voie ferrée qui demande de résoudre de sérieux problèmes techniques est prévu pour 2016 (alors que la SNCF n'a jamais accepté de financer les travaux); pour la zone d'activité et l'amènagement de l'hôtel Riquet, aucune échéance n'est fixée. 

Une autre source d'inquiètude est l'imbrication et la multiplication des intervenants : La maîtrise d'ouvrage pour l'emprise foncière a été confiée à l'agglo, les études et tout ce qui concerne l'activité gastronomique aux VNF, les travaux et la gestion du port au concessionnaire privé, la ville n'intervient que pour les aménagements routiers en doublon avec l'agglo.

On ne sait pas trop ce que venait faire Rhône Saône Développement autour de la table de signature de la convention, ni le président de la SODEAL (qui normalement a en charge la gestion des ports mais qui, ici, s'efface devant un privé).

Enfin, pourquoi acquérir de nouveaux espaces pour agrandir la darse existante? Pourquoi  persister à vouloir créer un parc d'activités en zone rouge (des constructions nouvelles apparaissent nettement sur les maquettes présentées)? Il faudra peut-être nous l' expliquer un jour. 

En attendant les abords du canalet ressemblent plus à un dépotoir qu'à une voie royale  vers la ville. Mais faire un peu de propreté c'est à la fois trop facile et pas assez valorisant.

 Antoine Allemand

 Agissons pour Agde

* *Il est vrai que d'Ettore est coutumier du fait : veille d'élections de 2008 , “par honnêteté” pour ses éventuels successeurs (disait-il), mais surtout pour avoir les mains libres, il avait réglé par anticipation 401 000 euros, soit la dernière échéance du contrat d'éclairage public en cours; dans la foulée, il  signait un nouveau contrat de 50 millions d'euros  qui  engageait  la ville pour 18 ans…Il ne fallait voir là aucune entourloupe.

 

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