Une triple expo à La Panacée, entre machine à digérer, décroissance et univers grotesque
Etonnant mélange que celui que propose Nicolas Bourriaud jusqu'au 27 août 2017 à la Panacée, à l’occasion des trois expositions d’été. Tout d’abord les croquis préparatoires à la construction de machines reproduisant le système digestif et produisant des matières fécales : "Cloaca", par le Belge Wim Delvoye. Puis l’exposition collective "Pré-capital", explorant les formes populaires et rurales dans l’art contemporain. Et enfin l’univers humoristique et grotesque de l’Allemand John Bock pour "Glissade dans la sueur perlée des aisselles". Plusieurs propositions pour que le public puisse y trouver son compte, selon ses préférences.
En préambule à ces trois expositions, Nicolas Bourriaud, directeur de la Panacée, a choisi de présenter une fiction photographique commandée au photographe Olivier Cablat à partir d’une de ses photographies d’un panneau publicitaire représentant une huître, installé à l’entrée de Bouzigues.
Cloaca de Wim Delvoye, humour et technique
Œuvre remarquée des années 2000, Cloaca, de Wim Delvoye, a défrayé la chronique. Le projet consistait en effet à réunir des médecins, des scientifiques, des biologistes ou encore des experts en informatique pour créer une machine reproduisant le système digestif humain.
Le propos de l’artiste, au travers de cette machine – déclinée en 10 prototypes aux capacités d’ingestion et de digestion diverses –, était de critiquer la société de consommation. La première salle d’exposition présente des croquis préparatoires, des esquisses techniques, ainsi que des études de logos détournés sur papier, encadrés comme des œuvres. On reconnaît notamment un détournement du logo du produit nettoyant Mr. Propre, trait d’humour de l’artiste, quand on connaît le but de ses machines. Dans une autre salle, un portail reprenant la signalétique de plusieurs de ses projets s’ouvre et se ferme automatiquement dans un grincement crispant, évoquant peut-être le mouvement des sphincters. C’est particulier…
Pré-capital : l’artisanat à l’honneur
Surprenante également, une exposition collective orchestrée par Charlotte Cosson et Emmanuelle Luciani avec Nicolas Bourriaud, explore la notion de décroissance artistique et d’intégration des traditions et savoir-faire artisanaux dans l’art contemporain.
Inventant un monde post-industriel, les artistes ici présentés imaginent un futur où le geste de l’être humain reprendrait de l’importance. Les techniques – le tuffetage, la tapisserie, la céramique – l’intention – l’économie de moyens – et les thématiques – bestiaires, coutumes, traditions, rites – évoquent la fin d’une ère et le début d’une nouvelle, qui se construirait à partir des restes de la précédente. L’ensemble est brut, rustique, artisanal. Une exposition salutaire, alors que le développement durable est devenu une nécessité.
Glissade dans la sueur perlée des aisselles, de John Bock
Les films et les installations de John Bock ne peuvent se décrire ; ils doivent se vivre comme autant d’expériences. Héritier de Fluxus, l’artiste manie humour et grotesque dans ses films volontairement proches de la série Z.
Revisitant un chef-d’œuvre surréaliste de Luis Buñuel, l’artiste propose à la fois son film et, abritée dans une vitrine, une installation explorant les fantasmes véhiculés par le film. Son dernier film, Hell’s Bells : a Western, datant de 2017, évoque des mécanismes fantastiques à l’œuvre dans une ville. On adore ou on déteste…
Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com
Informations pratiques
La Panacée – 14, rue de l’Ecole de Pharmacie – Montpellier
Tel. : 04 34 88 79 79 – www.lapanacee.org.
> Expositions visibles du mercredi au samedi de 12h à 18h et le dimanche de 10h à 18h, jusqu’au 27 août 2017.
> Visites informelles et conviviales les mercredis et samedis à 15h.
> Visites focus les vendredis de 12h30 à 13h (gratuité).
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