Solidarité — Montpellier

[VIDEO] Montpellier, Action Froid : “On a le bonheur d’apporter un peu de réconfort à ceux qui en ont besoin”

Pour beaucoup, Noël ce sont les cadeaux, les festins, la convivialité. Pour d’autres, c’est le vent glacial qui s'engouffre dans les couvertures, et un sentiment de solitude qui dérange, dévore, use jusqu’à la corde, alors que celle-ci ne tient déjà plus que par un fil…

Ce fil qui tient toujours, c’est les bénévoles qui s’impliquent pour raccrocher “les Oubliés”, “les Invisibles”, au monde qui continue de tourner sans les attendre. Parmi les acteurs qui réchauffent ces âmes, il y a l’association Action Froid.

“Tout est venu de mon envie d’aider les gens”

C’est devant le cinéma Gaumont de la place de la Comédie que Sophie Marmonier, bénévole au sein de l’association depuis ses débuts, nous a donné rendez-vous, alors que la nuit s’était déjà confortablement installée. “On se rejoint tous les jeudis, toute l’année, à 19h, avant d’organiser la maraude à pied, détaille-t-elle. Puis on se sépare en deux équipes”. Une dans le quartier de la gare, l’autre dans l’Écusson. Car c’est là, au coin des rues, sous les façades, dans les parkings, que les sans-abris tentent souvent de trouver le repos. “Nous allons à leur rencontre en toute saison, poursuit Sophie Marmonier. C’est l’une des grandes particularités de l’association Action Froid, nous sommes conscients que les gens en détresse ne disparaissent pas à la fin de l’hiver.”

Si les besoins changent légèrement au fil de l’année, la trentaine de personnes investie dans cette communauté réalise en toutes circonstances ce que la bénévole appelle “des maraudes complètes” : “C’est une autre de nos particularités. Cela signifie qu’on va donner de quoi manger et boire, ainsi que des produits d’hygiène, des vêtements, des couvertures…”.

[VIDEO] Interview des maraudeurs d’Action Froid à Montpellier :

Nuit en maraude

Généralement composés de cinq ou six personnes, les groupes de maraudeurs sont rarement les mêmes. “Nous sommes humains, les disponibilités sont soumises aux contraintes professionnelles, familiales, etc. Mais on est toujours quelques réguliers”, souligne-t-elle.

Ce soir-là, dans les rangs, différents profils, motivés par “l’envie d’apporter et de recevoir”. À côté de Sophie Marmonier et son mari Jean, Marie-Rose et Eddie, un couple de réguliers, Véronique, active depuis plus d’un an, Cathy, Shadrak, Bruno et sa femme Sophie, ainsi que Nathalie, la nouvelle de la bande. “C’est ma première maraude, explique-t-elle. Tout est venu de mon envie d’aider les gens puis j’ai rencontré Sophie, et c’est comme ça que je suis arrivée ici”. Pour d’autres comme Shadrak, ce sont les réseaux sociaux qui ont permis d’entrer en contact avec l’association. “Je suis tombé sur l’appel aux dons et aux bénévoles sur Facebook, ensuite nous avons rapidement pris contact. Résultat, depuis cet été, j’essaye de venir le plus régulièrement possible.”

Une régularité qui se transforme en familiarité pour les aidés. “Vous avez goûté la confiture de tomates de Sophie, elle est excellente !”, nous glisse un des bénéficiaires, avec un sourire plus que reconnaissant. “A la semaine prochaine !”, lance un second. “On est toujours très bien accueillis, confie Jean. Ils nous remercient chaleureusement et ça fait chaud au cœur”.

Pressés autour des caddies remplis de denrées et de vêtements d’hiver, un café ou une soupe chaude dans les mains, certains demandent des gants et des chaussures, d’autres n’osent pas. Les bénévoles interviennent alors avec bienveillance et patience, ressortant les quelques notions d’espagnol, d’allemand et d’anglais conservées dans un coin de leurs esprits. Mais c’est dans les regards et les gestes, langages universels, que tout le monde finit par se comprendre et que la reconnaissance se lit. “On a le bonheur d’apporter un petit peu de réconfort à des gens qui en ont besoin et c’est très réconfortant pour nous aussi, résume Véronique. C’est le leitmotiv : faire du bien et en recevoir en retour”.

Noël dans la rue

“Laissez-moi vous regarder, que j’enregistre vos sourires, ça me tiendra chaud”, souffle un habitué, âgé d’une trentaine d’années, avant d’aborder la question de Noël : “Est-ce qu’il y a quelque chose de prévu le 24 ou le 25 ?”. La réponse : “Oui”. 

Le lundi 25 décembre, les bénévoles de l’association Action Froid vont faire une maraude exceptionnelle en fin de matinée au départ de la place de la Comédie. “Noël est un moment important, c’est une période difficile pour les personnes qui sont dans la rue, qui sont seules, ou qui sont isolées, signale Sophie. Le sourire sera le même, mais nous aurons peut-être des préparations plus festives comme des gâteaux ou des chocolats, ainsi que des costumes de pères Noël. Généralement, ils apprécient, ça permet de marquer un peu le coup. Certaines personnes ont moins de chance que nous donc c’est un peu notre rôle de leur apporter plus que d’habitude”.

“Exister aux yeux des autres”

Selon Sophie Marmonier, les besoins de première nécessité trouvent aujourd’hui de multiples réponses, mais c’est l’écoute, la présence des bénévoles, qui apporte une force supplémentaire aux sans-abris : “Durant les maraudes, certains vont nous raconter leur vie, du moins ce qu’ils veulent en dire. Il y en a qui fabulent aussi. Ils veulent juste être considérés, être reconnus, exister aux yeux des autres.” Elle insiste d’ailleurs sur la nécessité de redonner du sens aux aidés, s’appuyant sur la Pyramide de Maslow. D’après le psychologue américain Abraham Maslow, père de la théorie, les besoins de l’être humain pourraient être résumés en une hiérarchie de cinq étages, allant des besoins physiologiques à l’accomplissement de soi. “La pyramide de Maslow est claire, une fois que les besoins biologiques et physiques sont satisfaits, ils sont suivis du besoin de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement de soi, précise-t-elle. Au-delà de la faim, il est indispensable de toucher vraiment à l’humanité de la personne.”

Deux acteurs locaux participent d’ores et déjà à cette recherche de sens, le SIAO (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation de l’Hérault), qui propose parfois des travaux en contrepartie d’un hébergement, et la Cloche. “Elle en a fait sa raison d’être, continue Sophie, également investie au sein de cet organisme. Elle propose des ateliers et des activités gratuits (pétanque, écriture, yoga, cuisine, jeux de société…) où les gens dans le besoin vont pouvoir côtoyer des citoyens lambda. Ce sont des instants où ils vont pouvoir se poser et ne pas être considérés comme des SDF. Certains mettent d’ailleurs un point d’honneur à ce qu’on ne le voit pas, en utilisant des tenues trouvées dans les ressourceries de la ville par exemple.”

Des moteurs convaincus qu’il suffit d’un regard, d’une conversation, pour reconnecter ceux qui ont été frappés par les faits de la vie, pour prouver que ceux qui ont peuvent encore offrir du temps et de l’aide à ceux qui manquent. Et alors que la saison du faste s’apprête à sonner ses cloches, peut-être est-il encore temps de se rappeler que la fraternité n’est pas qu’un mot, qu’une devise, mais le lien tissé de mille petits gestes du quotidien, de solidarité, d’amitié, d’amour.

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Commentaires

  1. Chapeau bas à toutes ces personnes qui s’investissent dans des actions de solidarité en oubliant leur petit confort et en allant vers les autres en toute humilité pour leur apporter un peu de matérialité pour subvenir aux plus élémentaires besoins quotidiens et un sourire pour leur faire sentir qu’ils sont toujours des êtres humains respectables et dignes de considération. 👍

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