[VIDEO] Montpellier : gratuité des transports en commun, les 500.000 habitants de la métropole vont-ils se précipiter dans le tram ?

Ces messages pour inciter le consommateur à un usage modéré de son beau véhicule n’émanent pas de la bienveillance spontanée des industriels. Il est simplement question d’une obligation. Le 1er mars 2022, la loi n°2019-1428 d’orientation des mobilités a rendu obligatoires de nouvelles mentions sur toutes les publicités automobiles. Ces pubs doivent contenir les éléments suivants : un message encourageant l’usage des transports en commun, la mobilité active ou la mobilité partagée. Et une étiquette indiquant la classe d’émissions de CO2 du véhicule mis en avant.

Après avoir pris le train, il est arrivé avec son vélo pliable à l’Opéra Comédie. Un vélo qu’il a confié à l’accueil, comme il a remis son manteau au vestiaire avant de participer au forum sur la gratuité, le jour de fête du 21 décembre à Montpellier. Économiste et urbaniste, Frédéric Héran est enseignant à l’université Lille. Si on lui demande, si la gratuité est la solution pour une mobilité décarbonée, sa réponse est « non ! … On essaie de séduire avec cette histoire de gratuité des transports publics, mais ce n’est pas cette mesure qui va être décisive. »

Ils ne briguent aucun mandat, résistent à l’appel des listes de candidats pour les prochaines échéances électorales, mais Hélène Quillaud membre du CA et Nicolas Le Moigne, Président de Vélocité Grand Montpellier sont plutôt surpris par la décision de la vice-présidente déléguée aux transports qui s’appuierait, entre autres, sur des demandes d’autres associations pour interdire le vélo dans les wagons du tram, notamment la CLCPH (Comité de liaison et de coordination des associations Pluriel Handicaps de l’Hérault). Ce qui confirme bien que les actions politiques sont souvent les conséquences des actions citoyennes, comme la politique sur le vélo engagée à Montpellier par Philippe Saurel, après le séisme de la mobilisation #JeSuisUnDesDeux du 10 novembre 2018, et poursuivie par Michaël Delafosse.

CLCPH, des demandes légitimes, mais auxquelles le règlement d’avant la gratuité de la TaM répondait déjà. Les usagers qui souhaitaient parfois embarquer leurs vélos, se devaient de le faire en dehors des heures de pointe et bien évidemment se devaient de laisser la priorité et la place aux autres usagers, qui plus est aux usagers en situation de handicap. Pour Hélène Quillaud, c’est une évidence : « si quelqu’un a besoin d’accéder au tram, si le vélo est un problème, le vélo descend du tram. » 

Cette mesure pour écarter de potentiels conflits d’usages risque de ne pas aider au mieux l’intermodalité, et la réduction de l’usage de l’automobile. D’autant que transporter son vélo dans le tram était pour l’heure assez anecdotique. La gratuité va-t-elle amplifier cette pratique ? Cela aurait pu être une bonne étude à mener pour adapter les transports en commun à la mobilité active, une promesse dans les engagements de campagne de Michaël Delafosse.

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Difficile d’expérimenter par l’interdiction, sauf pour Julie Frêche, semble-t-il. Le règlement actuel qui serait pour une durée de 6 mois est le suivant : « seuls les trottinettes et vélos pliés sont autorisés à bord des bus et tramways. Ceux-ci ne doivent pas être entreposés derrière la loge du conducteur ni au niveau des portes simples. » 

Pour le président de Vélocité : « quand on parle de transport gratuit, le vélo c’est vraiment un allié dans la diminution de la part automobile […] ce qui est important, c’est de travailler sur leur fluidité, et leur complémentarité. »

Julie Frêche imagine-t-elle que les 500.000 habitants de la métropole de Montpellier vont se précipiter dans le tram, abandonner leurs voitures, acheter des vélos et se bousculer dans les wagons ? 

Possible ! Et c’est presque à espérer. Cela voudrait dire que Montpellier aura réussi à « être à la hauteur des enjeux du climat et de la solidarité, » comme l’a clairement exprimé Michaël Delafosse dans son discours du 21 décembre 2023.