[VIDEO] Portrait de l'Hérault : David Mallen, gardien de l'Histoire et des vestiges de la Seconde Guerre mondiale

Fondateur en 2009 de l’association Agde Histoire 39-45, il endosse le rôle de président avec détermination. Son objectif ? La recherche, l’inventaire, l’étude approfondie et la sauvegarde du patrimoine militaire agathois hérité des douloureux souvenirs de la guerre.

En 2013, un jalon ambitieux fut posé : la restauration d’un bunker infirmerie de type 638 à la Tamarissière. Sous l’égide de David Mallen et de l’association, ce site, unique dans le Sud de la France, se transforma en un musée, exposant au public les multiples facettes de la Seconde Guerre mondiale. Depuis, plus de 100 000 visiteurs ont franchi ses portes avides de comprendre et de se souvenir. Un second chapitre s’ouvrit avec l’accès au public du bunker 610, symbole de l’engagement continu de David Mallen et de son équipe dans la préservation de l’histoire collective.

Aujourd’hui, cet érudit d’histoire revient sur les pages sombres du passé, notamment à travers son dernier ouvrage consacré à l’histoire du château Laurens sous l’Occupation allemande. Tel un archéologue de la mémoire, poursuit sa quête incessante, dévoilant les trésors enfouis du passé pour offrir aux générations présentes et futures un témoignage vivant de leur héritage.

Rencontre avec David Mallen, ce passionné d’histoire…

Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?

David Mallen : « Je suis le président de l’association Agde Histoire 39-45, que mon vice-président Fabrice Goudouly et moi avons fondée il y a maintenant une quinzaine d’années. En tant qu’auteur, j’ai publié deux ouvrages. Le premier, intitulé “Agde sous l’Occupation allemande 1942-1944”, explore cette période sombre de notre histoire. Le dernier, “Le Château Laurens sous l’occupation allemande 1942-1944”, se concentre sur un aspect spécifique de cette époque méconnue et troublée. »

Pouvez-vous nous présenter votre association Agde Histoire 39-45 ?

David Mallen : « Notre association a pour vocation la valorisation du patrimoine militaire de la Seconde Guerre mondiale à Agde, en mettant particulièrement l’accent sur les bunkers du site de La Tamarissière. Il y a dix ans, nous avons entrepris la restauration du premier bunker de l’association, le bunker 638, et nous avons récemment achevé celle du bunker 610. L’année dernière, nous avons accueilli pas moins de 13 000 visiteurs, témoignant de l’intérêt toujours vif pour cette période récente de notre histoire. »

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser spécifiquement à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ?

David Mallen : « Je dirais que mon intérêt pour l’histoire remonte très loin, jusqu’aux récits de mes grands-parents. Du côté paternel, mes ancêtres ont fui le régime de Franco et la guerre civile espagnole, arrivant à Agde en 1937. Ils se sont ensuite engagés dans l’armée française, et mon père a combattu les Allemands en 1940 avant d’être fait prisonnier et interné dans un stalag. Du côté maternel, c’est la même histoire, elle a été internée au camp d’Agde lors de la Retirada. Mon grand-père été caché par la résistance car il était recherché par les Allemands après l’invasion de la zone sud de la France. Il a été caché dans les mines des Cévennes dans le département du Gard. Ces histoires familiales ont profondément façonné mon intérêt pour l’histoire, d’abord au niveau familial puis à l’échelle locale. »

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre dernier livre sur l’histoire du château Laurens d’Agde sous l’occupation allemande ?

David Mallen : « Il faut se replonger dans le contexte historique. Le 12 novembre 1942, un jeudi soir, les Allemands arrivent à Agde. Ils réquisitionnent tous les lieux publics et privés, y compris le château Laurens. Mais pourquoi ce choix ? Le château devient leur quartier général, où ils dirigent les travaux de fortifications à réaliser sur le littoral agathois, notamment la construction des bunkers de la Tamarissière et d’autres sur le littoral. Craignant un éventuel bombardement, les Allemands ont érigé un petit bunker dans le parc du château, un abri anti-aérien de type Luftschutzunterstand). Dans ce livre, vous découvrirez des photographies inédites, des faits méconnus ou oubliés, ainsi que des témoignages exceptionnels. Ces éléments mettent ainsi en lumière ce lieu emblématique de la ville d’Agde et révélant sa face cachée sous l’occupation allemande. »

Quelles ont été vos principales sources de recherche pour écrire ce livre ?

David Mallen : « Ce travail minutieux de collecte et d’analyse a été réalisé sur plusieurs années, en prévision de la récente restauration du Château Laurens, qui a rouvert ses portes en 2023.Les principales sources remontent à quelques années, lorsque j’ai écrit mon premier livre il y a environ 25 ans. Pour cette recherche, j’ai consulté les archives municipales, départementales et nationales, ainsi que des sources allemandes. Surtout, j’ai eu la chance de rencontrer un vétéran, un soldat allemand qui a occupé les lieux. Il m’a fourni son témoignage ainsi que ses photos personnelles du château à l’époque, qui sont incluses dans ce livre. De plus, j’ai recueilli des témoignages d’agathois qui ont travaillé au château pendant l’occupation. »

Y a-t-il des aspects de l’histoire du château Laurens pendant l’occupation allemande qui vous ont particulièrement surpris ? Une anecdote insolite ?

David Mallen : « Dans les témoignages recueillis, ce qui m’a surtout surpris, ce sont les fresques présentes au château. Elles constituent un témoignage palpable de l’occupation, détaillant la vie quotidienne des soldats. J’ai été particulièrement impressionné par la fresque monumentale dès que nous ouvrons la porte de la salle du fumoir, où se trouve un aigle monumental symbolisant véritablement l’occupation. »

Quels sont vos projets futurs en termes de recherche et de préservation de l’histoire locale, et avez-vous d’autres ouvrages en préparation ?

David Mallen : « J’ai en projet un ouvrage sur les fortifications spécifique au site des bunkers de la Tamarissière, car au cours des douze dernières années d’ouverture, de nombreuses personnes ayant vécu ou travaillé sur les lieux pendant l’occupation sont venues partager leurs témoignages et apporter des objets. Je compte mettre en valeur ces témoignages et ces objets dans un prochain livre. Sur le plan associatif, nous prévoyons bientôt l’ouverture d’un autre bunker. Ce bunker sera aménagé en café patrimoine, où je prévois d’organiser des conférences mensuelles avec divers auteurs et historiens. Nous prévoyons également une grande pièce qui servira de bibliothèque, car de nombreuses personnes nous apportent des documents et des livres. En tant qu’auteur, je conserve tous les livres que je reçois et je souhaite les mettre à disposition des personnes intéressées par l’histoire. Les 8 et 9 mai prochains, nous commémorerons la victoire de 1945 aux bunkers. Durant ces deux jours, les visiteurs auront l’opportunité de vivre l’histoire à travers des visites gratuites et une reconstitution de la Seconde Guerre mondiale. »