Economie — Agde

AGDE – La Justice ordonne l’arrêt des travaux au camping la Tamarissière

L’aménagement du camping municipal agathois de la Tamarissière n’est décidément pas un long fleuve tranquille.

Le lieu de villégiature idéalement situé en bord de mer sous une pinède centenaire a connu un certain succès dans les années 70 à 90 avant d’entamer une baisse constante en terme de fréquentation. En cause, le manque d’investissements afin de le remettre à niveau des standards qui font aujourd’hui le succès de l’hôtellerie de plein air.

« Le camping municipal n’arrivait plus à survivre, les nouvelles générations sont en quête de confort et les 720 emplacements nus du camping ne faisaient plus recette. Il fallait se renouveler en investissant massivement si on ne voulait pas perdre cette infrastructure, tout comme celle de la Clape, qui peuvent tout de même rapporter 1,3 million/an à la commune si elles sont bien gérées » indique le maire de la commune Gilles d’Ettore.

Un nouvel élan souhaité pour les campings municipaux

C’est dans cet état d’esprit que la ville a décidé en 2020 de lancer un nouvel appel d’offres afin de trouver un investisseur privé susceptible d’injecter 15 millions d’euros sur 18 ans dans le cadre d’une délégation de service public pour reprendre en main la gestion de ces établissements municipaux.

À ce petit jeu, c’est la société Cottage Parks dirigée par le marseillanais François Cros qui a été retenue. Le gestionnaire n’est pas un inconnu dans le monde de l’hôtellerie de plein air puisqu’il a dirigé dans le passé le centre héliomarin de Montalivet situé dans la Gironde, comptant jusqu’à 3 200 emplacements.

Cette fois-ci, il aura la charge de redynamiser les campings municipaux de la Tamarissière ( 720 emplacements) et celui de la Clape au Cap d’Agde ( 430 emplacements).

Un investissement en plusieurs phases

Le schéma est clair. Face aux équipements obsolètes, les investissements s’imposent et François Cros ne manque ni d’ambition ni de moyen pour redorer l’image des campings municipaux agathois.

« Nous avons lancé un plan d’investissement massif. Dès cette année, nous avons investi 6 millions à la Clape en doublant la surface aquatique, renouvelant à neuf le parc des mobil-home, en créant un nouvel accueil et en dotant le camping d’une salle de sport qui sera d’ailleurs ouverte à l’année au public » indique François Cros.

camping la clape cap dagde
camping la clape cap dagde

Sur la Tamarissière, l’investissement a été moindre puisque le site est situé dans un espace naturel boisé nécessitant des autorisations spécifiques.

« Le camping est situé dans une zone du Plan Local d’Urbanisme qui ne permet pas l’implantation de mobil-home. Néanmoins, le règlement autorise l’implantation de chalets sur 20 % maximum des emplacements. Cet hiver, nous avons pu en construire 35 » affirme le gestionnaire. Un élan interrompu par l’action d’une association locale.

Une action en Justice menée par AGATHÉ


Cet aménagement mené dans l’enceinte du site patrimonial remarquable n’a visiblement pas été du goût de l’association locale AGATHÉ qui n’est pas à son premier combat judiciaire face au projet de la commune.
La construction de ces chalets en bois a été vu comme « une opération de sabotage du bois de la Tamarissière ». Son président Jean-Claude Coubau n’en démord pas. Pour lui, ces travaux d’aménagement ne respectent pas la réglementation et il a entamé une action en Justice en référé pour faire interrompre les travaux.

À l’audience qui s’est tenue le 22 mars, l’association, par l’intermédiaire de son avocat Maitre Sophie Mazas a mis en exergue le fait que l’avis défavorable de l’Architecte des Bâtiments de France sur cet aménagement n’avait pas été pris en compte par l’autorité municipale qui avait délivré une autorisation d’urbanisme à l’aménageur.
Dans sa décision rendue 48 heures après, la justice indique que « dans le périmètre d’un site patrimonial remarquable, les travaux sont soumis à une autorisation préalable qui doit être elle-même subordonnée à l’accord de l’architecte des bâtiments de France qui s’assure du respect de l’intérêt public attaché au patrimoine, à l’architecture, au paysage naturel, à la qualité des constructions et à leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant. »
Il ressort en l’espèce que l’ABF avait indiqué dans ce dossier « que ce secteur n’a pas vocation à être bâti et que les espaces libres doivent être maintenus et ne pas être bâtis(…) »
Dans ces conditions, la justice a estimé que l’autorisation municipale était litigieuse et a décidé d’en suspendre l’exécution.
Du côté d’AGATHÉ, la décision est vécue comme une victoire pour la défense du bois de la Tamarissière. « Cette décision en référé laisse entrevoir une issue favorable pour l’existence même du bois de la Tamarissière. Les Agathois, et les touristes, vont pouvoir continuer à profiter de ce site remarquable, l’été pour les campeurs et l’hiver pour les promeneurs » affirme Jean-Claude Coubau.


Une décision loin de décourager la ville dans sa volonté de valoriser le site


« Nous avons pris acte de cette décision de justice mais elle n’engage en rien la décision qui sera prise sur le fond dans un prochain jugement. Elle n’entame non plus en rien notre volonté de voir ce camping monter en gamme dans le respect bien entendu de son environnement. Je rappelle à ce sujet qu’aucun arbre n’a été abattu et que l’implantation des chalets a été minutieusement étudiée afin de respecter le bois centenaire que nous aimons tous » affirme le maire Gilles d’Ettore.
Pour le premier magistrat, l’association AGATHÉ affirme simplement une nouvelle fois « son engagement politique fermement opposé à la politique de ma majorité municipale. Ce n’est pas nouveau, c’est sa seule raison d’être depuis des années et d’ailleurs, le Préfet lui a retiré récemment, pour ces mêmes raisons, son agrément de défense de l’environnement à l’échelle du département.
 »

Un retrait d’agrément qui n’a visiblement pas enlevé la volonté de l’association d’agir comme bon lui semble. Mais pour quel résultat ?
En attendant que la Justice tranche définitivement sur le fond du sujet dans deux ou trois ans, le camping pourra en toute légalité exploiter les 35 chalets d’ores et déjà installés. « Ce jugement va simplement empêcher la création des 5 cabanes insolites qui étaient prévues perchées dans les arbres. »
François Cros l’affirme, « les campings COTTAGE PARKS sont entièrement tournés vers la philosophie du développement durable grâce à leur construction en bois, leur aménagement paysager et la végétation, qui sont en harmonie avec la situation géographique des lieux. »

Reste visiblement à en persuader l’architecte des bâtiments de France dont l’avis sera déterminant et clairement disputé par les deux partis dans les prochaines mois. Un challenge que ne semble pas redouter le délégataire : « Dans le cadre de cet aménagement et afin de pouvoir se prononcer définitivement, l’architecte des bâtiments de France a demandé des études environnementales complémentaires lui permettant d’apprécier le projet dans sa globalité. Nous allons les lui fournir très prochainement »

De quoi inverser la tendance ?

Affaire à suivre

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Commentaires

  1. Il faut à tout prix conserver ce site qui est sublime. Un des rares à proposer des espaces arborés en bord de plage ouvert à tous.
    Ne pas y toucher respectez l’environnement pour les futures générations.

  2. On ne respecte plus la nature. Espérons que cette décision sera respectée et que le bois de la tamarissière sera préservé pour de bon.

  3. La montée en gamme des campings est un fléau. Tout cela pour flatter l’ego du touriste.

    Parc aquatique = gaspillage d’eau.
    Chalets = ambuance lotissement. Quid du tout à l’égout au fait ?
    Et le reste suivra évidemment : animations bruyantes pour divertir des gens qui s’ennuient même en vacances…

    Et le pire c’est que pour vendre ce machin, les brochures camping mettront en avant “la nature”….”le ressourcement”…

    Bravo à cette association.

  4. Ma famille et moi-même sommes campeurs depuis de nombreuses années à la Tama
    Laissé nous notre camping comme il était pourquoi le dénaturer
    Simplement quelques activités et petites soirée serait les bienvenus

  5. Je pense que malgré le verdict de la justice peut importe Agde continue serait elle une ville de non droit ??

  6. Bravo ! Je crois que si on laissait faire, les maires vendraient même le bord de mer pour y installer des cabanes ou tentes, bien sûr sans aucun respect du lieu et encore moins la sécurité des futurs vacanciers.
    Quand on voit comment ils accordent les permis de construire des villas de bord de mer… Bientôt, vu l’étroitesse du terrain de construction validé, la seule solution sera une salle de bain pour deux maisons !

  7. Le site ne vaut que :
    * Par la valeur que l’homme lui donne avec à son bon gout et son travail,
    * Par le plaisir qui amène le vacancier à choisir d’y séjourner en famille pendant ses rares jours de vacances, …. et de payer le labeur de ceux qui lui ont préparé le site.

    La loi ne crée ni l’intelligence, ni la richesse, ni les conditions de survie. Il faut être d’une dimension supérieure pour construire les conditions de l’avenir.

  8. Notre belle cote, nos belles plages ont été complètement ravagés par une bande de corbeaux qui se sont acharnés à bétonner pour faire le plus de fric possible. Résultat des km de maisons inhabitées la plupart du temps, du béton et encore du béton, il pousse plus vite que nos pins maritimes qui nous faisaient de si agréables abris l’été quand il faisait trop chaud sur la plage. . Nous avons laissé des personnes totalement incompétentes prendre en mains le destin de nos beaux coins de nature si parfumée .

  9. Ouf! On commence à raisonner et comprendre qu’il faut respecter lois et règles. On peut comprendre qu’un camping est une entreprise qui ne peut pas fonctionner sans chiffre d’affaire correct, et que par consequent les investissements sont nécessaires. Il faut se poser les bonnes questions.Qu’est ce qu’on veut? Etre tourner vers la nature laisser le bois en l’état, et continuer à maintenir un camping à la portée de tous, maintenir aux habitants les promenades en milieu magique. Ou bien faire ce qui se passe actuellement en faveur du confort pour les non-initiés aux milieux naturels? pour se fondre tout simplement dans ce qui est mode pour l’heure en situation favorable, soit sans contrainte budgétaire. Et par consequent outre passer les recommandations de certaines institutions? Les longs sejours:terminé, les vacances vintage:terminé , pour des sejours courts très chers mais qui rapportent aux autorités. Ce sont les estivants qui font les chiffres d’affaire. Nous n’avons pas fini de debattre entre pot de terre et pot de fer!.
    En attendant, les pins discutent entre eux (système racinaire en particulier)et risquent de faire la loi eux-mêmes.

  10. Cette année encore, nous voulions venir dans ce camping exceptionnel avec des groupes de jeunes allemands.
    Nous avons adoré le site et avons toujours respecté le lieu et la nature.
    Nous avons malheureusement été informés qu’il n’y avait plus de place pour nous.
    Quand seul le profit compte, la jeunesse et la nature n’ont aucune chance…

  11. Le camping de la Clape, en ras de mer est Hideux, c’est une honte de défiguré une simphatique promenade comme celle là.. Je réside en face, et suis interloquee de voir ces hideux bungalows noirs”’bunquerhise” de la dernière guerre !!!! Comment peux t on transformer un agréable camping en si peu de temps (6mois!) AFfREUX…

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