AGDE - LIBRE EXPRESSION - I had a dream last night par Dominique ANACHE

I had a dream last night

(MARTIN LUTHER KING)

J’étais sur le sable chaud, les yeux mi clos tant le soleil brillait, le bruit des vagues roulant le sable me berçait, de temps à autre un goéland brisait ce calme reposant : j’étais bien !

Bien sûr il y a la crise avec ses menaces, les difficultés monétaires menaçant les finances des banques et celles de l’état par voie de conséquence, mais j’étais bien ! De temps à autre je levais une paupière puis je la refermais, rassuré en constatant que le ciel était bleu, de ce bleu sans tâche nuageuse, de ce bleu immaculé des cartes postales dont on dit qu’elles ont été retouchées. Nous devions nous en sortir de cette satanée crise, nous allions nous en sortir ; Notre député avait trouvé une solution qu’il avait d’ailleurs proposée à l’assemblée nationale sous l’œil bienveillant des caméras : « le douzième mois ».

D’une voix haute et claire, sans même prendre le soin de lire un papier tant il était certain de ses propos, il proposait à ses confrères de voter une loi permettant de faire économiser à la France des centaines de millions d’euros par an. Calquant l’exemple de certains patrons de très grandes entreprises qui renonçaient à leur salaire (mais pas à leurs bénéfices, dividendes ou jetons de présence), notre député proposait donc que le parlement, un peu plus de 900, et le gros de l’appareil gouvernemental, ministres et secrétaires d’état, avec quelques autres pour faire un total de mille individus richement rétribués renoncent à leur « douzième mois ».

C’est autant de dépenses qu’ils ne font pas puisqu’ils sont incapables de les justifier. Pour eux une peccadille, c’est une obole à la nation toute entière qui les en remercie. Pour nous, pauvres travailleurs acharnés sur notre tâche c’est une garantie de sortie de crise et de pérennité, c’est le retour à un avenir serein, c’est retrouver une petite compétitivité face à l’ogre chinois lui-même menacé par l’indien ou le brésilien

A l’heure où tant de chefs d’entreprises se demandent comment ils vont faire pour payer le « treizième mois » devant tous les chèques impayés de leurs clients, à l’heure où les salariés se demandent quand ils vont toucher ce « treizième mois » pour offrir à leur famille une soirée un peu plus chaleureuse, voilà notre député, dans sa grande générosité qui nous fait chaud au cœur, qui demande aux parlementaires de laisser à la nation à peine un peu plus de 8% d’un trop perçu : le « douzième mois ».

C’est une acclamation totale sur les bancs de l’assemblée, de la gauche à la droite tous se lèvent pour applaudir cette généreuse proposition qui sera accueillie de la même façon au sénat à n’en point douter. Tous tombent dans les bras les uns des autres en se congratulant, tous félicitent notre député de l’élan qu’il donne au parlement, le président n’arrive plus à contenir les exclamations de générosité, il s’acharne sur sa cloche qui tintinnabule à la volée et moi je sursaute pour aller ouvrir la porte, voir qu’il fait nuit, qu’il pleut, qu’il fait froid et entendre le goéland me crier « c’est pour le calendrier », je fouille dans ma poche pour trouver de quoi acheter l’œuvre d’art 2012 en me demandant si je préfère les chats ou les chiens à un paysage de printemps ou d’hiver !

C’est pas grave j’ai fait un beau rêve, mais ce n’était qu’un rêve …

Des Agathois Pour Leur Ville
DOMINIQUE Anache