Faits divers

AGDE - Lucien PALOMARES - Un pionnier nous a quittés

Lucien PALOMARES est décédé ce matin des suites d'un accident survenu Samedi 25 février en…

Lucien PALOMARES est décédé ce matin des suites d’un accident survenu Samedi 25 février en Zone technique du Cap d’Agde

Avec lui  s’éteint un des pionniers d’une période charnière de la vie agathoise qui a vu la construction du Cap d’Agde. Lucien PALOMARES avait été de ceux qui ont construit ce port du Cap d’Agde autour duquel il a évolué durant quatre décénnies.

A son épouse Monique à ses enfants  Fanny, Carole et Christophe Hérault Tribune adresse ses plus sincères et attristées condoléances.


Une messe sera célébére Jeudi 8 mars à 16 h 30 à la cathedrale Saint Etienne d’Agde.


Hérault Tribune avait publié un grand portait réalisé en 2007 pour le Magazine du cap d’Agde – En son hommage nous le publions ci dessous.. Si ta vie s’est achevé , ton souvenir restera encore longtemps gravé dans les mémoires de ceux qui ont croisé ton chemin ou partagé des instants d’amitiés avec toi.. Adieu Lulu ..


Lucien PALOMARES 


PALOMARES 1Sur les murs de son bureau, on pourrait imaginer le road book imagé d’une vie mouvementée. Point de tout ça, mais des schémas techniques de moteurs, une carte des vents, une paire de photos du bateau engagé au championnat de France offshore et une vue aérienne de la zone technique du Cap d’Agde, sa deuxième maison depuis plus de 20 ans. Il y a aussi cette affichette face à l’entrée : “apprenez à partir des erreurs des autres, vous n’aurez pas le temps, seul, de toutes les commettre”.

A t-il mis ça ironiquement en pensant à toutes les conneries qu’il a pu faire, celles qui ponctuent les vies passionnées des baroudeurs peu avares en idées ?
Car de passions il s’agit quand, à l’heure de la retraite, on a déjà pris les commandes de ses 9 bateaux, le guidon de ses 11 motos, le volant d’une quinzaine de voitures, le manche de 3 avions et fabriqué des tas de choses dont… un sous marin !

PALOMARES 4Avant de retracer son arbre généalogique, Lucien a puisé ses premiers souvenirs dans l’histoire de son année de naissance, s’intéressant pêle-mêle aux disparitions d’Hitler, Mussolini et Roosevelt comme à Margaret Mitchell écrivant “Autant en emporte le vent” ou à cet avion B29 lachant “little boy” sur Hiroshima.

Equipée sauvage à Casa
Sa cicatrice au sourcil, c’est un coup de chaîne à vélo dans les rues de Casablanca. Aprés le pensionnat à la dure et en uniforme, Lucien exhibait “les lionceaux” écrit sur le dos de son blouson en cuir noir. C’était le nom de sa bande, avec Elvis Presley, Marlon Brando, Marcel Cerdan et Juan Manuel Fangio comme idoles au guidon de leurs Vespa, Rumi, Lambretta et autres mobylettes ou solex. Surboums, filouteries, larcins, les anecdotes pleuvent comme dans un film de jeunesse déjantée mais bien élevée, presque dorée finalement.
L’insouciance d’une époque au coeur du Maroc avec un Lucien qui se la jouait bien rock.

palomares 7Errance en France
Jusqu’au jour où son “vieux” lui ordonna de quitter la maison pour construire son avenir en France, sa patrie. C’est en train, via madrid, Irun et Biarritz qu’il débarque du côté des Deux-Sèvres avant de se retrouver à Marseille, négociant un ticket retour vers le Maroc en faisant la plonge sur un bateau de croisière !
Déception à Casa, les copains ne sont plus là, et retour en France sous les drapeaux, Lyonnais cette fois. Il y restera 3 ans alors que sa famille s’était installée à Florensac, son père “muté” du port de Casa aux pont et chaussées Florensacois en 1965.

palomares 6Florensac par hasard, Monique pour la vie
Rejoignant le sud, Lucien sera tourneur chez Lescure, et c’est au volant de sa Dauphine qu’il charma Monique avant de devenir patron en rachetant une petite affaire de ferronnerie d’art et d’affûtage de scie. L’activité ne dura pas et Lucien passe ensuite de l’importation de bouchons en plastique via l’Espagne à la fabrication de grues de chantier.

PALOMARES 3De Casa à Béziers, son Cap
Au 6ème étage d’un HLM à la Devèze, il accompagne Monique pour élever ses 3 enfants quand il est embauché par la CITRA qui installe les réseaux d’eau du Cap d’Agde alors en construction. Il participera à la mise en place des phares rouge et verts à l’entrée du port, balisant sans le savoir ce qui deviendra un fil conducteur. A la fin des travaux, il a obtenu la mise à dispostion des baraques de chantier pour les jeunes plongeurs et ”voileux”, créant innocemment le premier club nautique du Cap. A ce moment là, il construit un sous-marin sur le balcon de son appartement et plonge régulièrement en quête de moules, couteaux ou escargots pour occuper son temps libre (!) Motard assidu, il participera à la création de l’Agathé Moto Club pour les virées entre copains et s’affichera dans des courses régionales d’enduro ou motocross.

PALOMARES 2(1)Croix du sud… Porte bonheur au Cap d’Agde
Il se lance ensuite dans la conception d’un bateau en polyester, le premier “Croix du Sud”; puis l’Arcoa avec le début des grands moments de croisière et de pêche.
Il créera son affaire sur la zone technique aprés s’être occupé de maintenance et d’entretien en louant un bout de terrain à prix d’or au profit d’un escroc qui ne supportait pas les pieds noirs.
La roue tourne et Lucien deviendra vite une référence humaine et professionnelle, une grande geule valant mieux qu’un petit esprit.

palomares 8Au fil du temps, l’atelier verra passer jusqu’à 1200 bateaux par an pour des interventions allant de la simple vidange à des remplacements de moteurs ou de chassis. Ayant créé 6 emplois, boulimique d’occupations, il trouvera le temps d’apprendre à voler. Aprés avoir piqué de l’essence dans les rues de Casa, le voilà faisant le plein de son avion pour piloter jusqu’en Corse, aux Baléares, en Mauritanie, et bien sûr au Maroc. Sans oublier ce retour aux sources et par les airs prés de Cartagène, dans ce village de Palomarès que ses arrières grands parents ont quitté vers 1780 sur une embarcation de fortune pour rejoindre la côte Algérienne…

PALOMARES 5Un bouquin pour la retraite
Alors que les piqûres d’insuline régulent son taux de diabète, il apprend à réguler ses va-et-vient entre la maison atelier biterroise et la zone technique, où Christophe pilote la société depuis Septembre dernier. Féru d’informatique, Lucien s’est lancé dans la conception d’un livre retraçant l’histoire de sa famille, un témoignage de 220 pages qu’il a appelé “de Casa à Béziers”. Au moment où vous lisez ces lignes, il est peut être en pleine “promo” de son tirage à 500 exemplaires. Un travail colossal pendant 3 ans pour remonter jusqu’aux environs de 1700, fourni d’illustrations et faisant en permanence un parallèle avec l’actualité des pays concernés, dépassant largement ses “histoires de familles”. Avec Monique, il s’occupe des petits enfants dès que l’occasion se présente, alternant pêche et avion le reste du temps, histoire d’en rajouter à ses 1800 heures de vol et son tableau de pêche (vainqueur de la coupe de France et deuxième en coupe d’Europe).
Et puis le copain à dépanner, la soudure à faire sur la remorque, le garage à ranger, machin à aller voir, bidule à appeler, passer là-bas, bûcher photoshop sur l’ordinateur… les journées ne sont pas assez longues !
Alain Souchon, Jean Reno, Dominique de Villepin, Guy Forget, Jacques Essebagh (Arthur), Richard Virenque et Gad Elmaleh sont né à Casablanca entre 1944 et 1971. Lucien Palomarés y a vu le jour en 1945 et fait partie des “pipoles” d’ici. Pas les strass et les paillettes, ceux qui, fidèles, misent sur le long terme et bâtissent de vrais destins.

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